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À la rencontre des vignerons du Québec: Le Domaine Bergeville

À la rencontre des vignerons du Québec: Le Domaine Bergeville

Le vin québécois connait un essor considérable. En dépit d’une précédente mauvaise réputation, de plus en plus d’acteurs du milieu, de producteurs et d’épiciers se mobilisent pour redorer le blason de ce produit et lui donner enfin les lettres de noblesse qu’il mérite. C’est ainsi qu’avec Louis-Philippe Mercier, sommelier et propriétaire de La Boîte à Vins, nous nous sommes rendus auprès de quelques producteurs pour en savoir plus. Une série de rencontres qui braque les projecteurs sur cette boisson d’ici et ses créateurs.

Notre deuxième arrêt sur cette route des vins locaux est le Domaine Bergeville, un charmant vignoble situé dans le canton de Hatley, proche de Sherbrooke, qui produit uniquement des vins effervescents. Il est tenu par Marc Théberge et Ève Rainville dont le nom Bergeville vient en fait de la contraction des noms de ses propriétaires. Rencontre.

Cet entretien a été rendu possible grâce à la passion et la collaboration de l’entrepreneur derrière La Boîte à Vins.

Marc Théberge et Ève Rainville. Crédit photo: Domaine Bergeville.

Un rêve de jeunesse

«Il faut savoir que nous nous sommes connus très tôt, mon compagnon et moi, à l’adolescence exactement, raconte d’emblée Ève Rainville. Dans la famille de Marc, on avait l’habitude de faire un peu de vin artisanal en allant chercher du raisin au marché Jean-Talon.» C’est de là que nait la passion, mais c’est seulement quelques années plus tard, lors de leur maitrise à Vancouver, que l’idée d’acquérir un vignoble se forme dans la tête du couple.

«Ensuite, on a été très chanceux, car on avait le même employeur; le gouvernement canadien, et nous avons été mutés un peu partout dans le monde, ce qui nous a permis de découvrir les vignobles de plusieurs endroits, continue la propriétaire du vignoble. Le rêve s’est précisé au fil des années et des rencontres. Douze ans après la première idée, on a décidé de faire le grand saut.»

Un choix mûrement réfléchi

En 2007, ils se lancent afin de concrétiser ce rêve de manière effective et efficace. «Toutes les décisions qu’on prend ne sont pas impulsives du tout, alors on a réfléchi à quel genre de vin on voulait produire, où s’installer, etc., explique la vigneronne. On s’est convaincu que faire des vins mousseux au Québec, ça avait vraiment du potentiel, ainsi que de s’installer en Estrie, qui est l’une des régions les plus appropriées pour faire des bulles, car le climat assure l’acidité nécessaire aux raisins.»

«Un vin québécois, ce n’est pas un vin français, ce n’est pas un vin espagnol non plus, et nos papilles sont encore habituées aux vins du vieux monde.»

D’autres raisons ont poussé le couple à poser ses valises en Estrie, notamment l’attrait touristique de la région. «Il y a dix ans, on ne pouvait pas vendre en épicerie donc les débouchés étaient seulement aux vignobles, en restauration et à la SAQ, indique-t-elle. Mais on ne visait pas forcement la restauration, et la SAQ c’était bien trop gros pour un vignoble débutant, donc il fallait également trouver un lieu qui soit agrotouristique pour vendre directement au domaine.» 

De plus, le duo avait la volonté de fabriquer des produits bios. «Les pionniers du bio et de la biodynamie sont des producteurs maraichers de la région qu’on a appris à côtoyer au cours de toutes ces années, raconte la propriétaire. Tous les vins de notre domaine sont bios et le raisin est issu de cultures biologiques et de biodynamies.» 

Ainsi, depuis le début de leur aventure viticole, tous les produits du vignoble sont certifiés Vins du Québec. Ils sont également certifiés IGP depuis la cuvée 2018. «On est le vignoble le plus certifié au Québec», déclare fièrement Ève Rainville.


Crédit photo: Domaine Bergeville.

Changer les mentalités

Présentement, le domaine compte 25 000 pieds de vigne répartis sur 5 hectares avec une parcelle en Estrie et une en Outaouais. La production est d’environ 10 000 bouteilles par an.

«Il reste encore du travail à faire par les vignerons et par les conseillers. Un vin québécois, ce n’est pas un vin français, ce n’est pas un vin espagnol non plus, et nos papilles sont encore habituées aux vins du vieux monde.» Une perception qui tend tout de même à évoluer dans le bon sens depuis quelques années.

«La spécificité du vin québécois est en train de se définir, se réjouit Ève Rainville. Il faut accepter qu’on ait un climat nordique et que nos vins soient plus vifs et acides plutôt que charnus et corpulents. C’est juste une question de mentalité et les vignerons québécois doivent continuer à expliquer aux consommateurs comment apprivoiser le vin québécois.» Un défi essentiel que ces deux passionnés relèvent, une cuvée à la fois.

🍇 Domaine Bergeville

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Lisez notre première entrevue de la série: À la rencontre des vignerons du Québec: Le domaine du Château de cartes 

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