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Entrevue avec Les Malts Fêteurs, brasserie associative

Entrevue avec Les Malts Fêteurs, brasserie associative

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

Nous sommes cinq amis d’enfance. Quatre originaires du nord de la Lozère, Saint Chély d’Apcher et ses environs, et un du Var, d’Aubagne précisément.

Jérôme Buffiere, 36 ans. Après un bac professionnel en mécanique automobile à Mende en Lozère, j’ai rapidement trouvé un emploi de vendeur en pièces auto. Après quelques années à Mende ou à Clermont-Ferrand, c’est finalement à Loubaresse, un village du sud du Cantal que j’ai décidé de poser mes valises avec ma femme et mes deux garçons. Aujourd’hui, je travaille toujours dans la vente de pièces auto.

Hervé Barres, 37 ans. Passionné par le travail du bois, j’ai fait mes études à Fellettin, dans un petit village de la Creuse. Je suis revenu en Lozère à la suite de mes études et j’ai travaillé pour une entreprise locale où je conçois par informatique des maisons à ossature
bois. Mais, le travail manuel me manque. J’ai donc décidé d’ouvrir ma propre entreprise de construction de maisons à ossature bois. Depuis plus de 10 ans, je suis mon propre patron et je peux pratiquer ma passion du bois au quotidien. J’habite avec ma compagne et ma fille dans un petit village du nord de la Lozère, Rouveyret, dans une maison en bois naturellement!

Sébastien Bonnet, 35 ans. J’ai quitté l’école rapidement pour m’orienter vers le métier de boucher que je pratiquerais pour différentes entreprises locales jusqu’en 2005, où je décide de racheter une boucherie locale. J’ai sillonné les routes du nord de la Lozère et du sud du Cantal pour vendre ma viande sur les marchés pendant près de 9 ans. Depuis 2014, je travaille pour un grossiste en viande. J’habite un petit bourg près d’Aumont Aubrac dans une maison construite par Hervé bien sûr!

Sylvain Pascal, 35 ans. Après un BTS électrotechnique à Mende, j’ai travaillé quelques années en tant que technicien de maintenance industriel pour une entreprise de la région. J’ai ensuite saisi l’opportunité de revenir à Saint Chély d’Apcher, ma ville d’origine, et de travailler comme technicien de maintenance hydraulique pour Arcelor Mittal, l’usine métallurgique de la ville. Passionné de VTT, je passe aussi beaucoup de temps dans les chemins. J’habite à Saint Chély d’Apcher avec ma compagne et mon fils.

Grégory Gillet, 32 ans. Originaire du Var dans le sud de la France. J’ai fait des études de biologie, dont un an en Écosse avec ma copine. J’ai suivi ma femme qui faisait des études en Auvergne. J’ai décroché un poste d’enseignant à Saint-Flour et c’est comme ça que j’ai atterri dans le Cantal. En 2016, après la naissance de notre fille, on décide d’acheter une maison à Loubaresse où on a rencontré Jérôme et ses amis. 

Amateurs de bières, on a commencé, en 2015, à en faire dans le garage de Jérôme, pour
notre propre consommation. On s’est dit que ce ne devait pas être trop compliqué alors pourquoi ne pas essayer. On achète le matériel du brasseur amateur avec des petites cuves, des stérilisateurs, les ingrédients et on s’y met! Et pour notre plus grand plaisir, les premiers tests sont concluants et la bière est bonne! Au fur et à mesure, notre entourage a commencé à nous en demander. Il fallait donc augmenter la production et investir dans du matériel avec l’achat de cuves plus grandes…
Ayant chacun un emploi, on a décidé non pas de créer une entreprise, mais plutôt une association. En mai 2017, Les Malts Fêteurs sont nés! 

On a déclaré l’association à la douane, on peut donc vendre nos bières sur les marchés ou dans des points de vente locaux. L’avantage avec l’association c’est qu’on n’a pas d’objectifs de vente. Si on vend, c’est bien, sinon, ce n’est pas grave! Pas de pression, sans mauvais jeux de mots!

Votre emploi et titre actuel?

Nos emplois ne sont pas liés à la bière puisqu’en dehors de l’association, on a chacun un emploi dans des domaines différents, mais de ce fait, nos compétences sont variées et se complètent! Cela dit, au sein de l’association, on a chacun un poste administratif. Jérôme est
président, Sébastien vice-président, Hervé secrétaire, Grégory trésorier, et Sylvain est vice-trésorier.
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Dans quelle ville? 

Le siège social est à Longevialle puisque tout a commencé dans le garage de Jérôme. Mais l’association prenant de l’ampleur, la municipalité de Val d’Arcomie nous a attribué un local dans l’ancienne école de Saint Just, le village voisin.
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D’où provient votre intérêt pour la microbrasserie? 

On a toujours bu de la bière. Davantage que d’autres alcools. Jeunes, on se contentait de la bière classique que l’on trouve en grande quantité dans les commerces (1664, Heineken…), mais avec l’âge on a appris à apprécier une vraie bière! Les bières artisanales, avec du goût, de la texture, des couleurs variées… Les voyages que l’on a faits chacun de notre côté en France ou à l’étranger ont été l’occasion de très belles découvertes. La démarche est aussi de préférer acheter chez un petit producteur qui met du temps et prend la peine d’élaborer une bonne bière que d’acheter des bières industrielles.
On s’est lancé et nous avons été bien accueillis, nos bières ont plu, et on a de plus en plus de demandes et de sollicitations!

Qu’est-ce qui rend votre bière unique? 

On aime faire des tests. On a bien sûr les classiques blondes ou ambrées, mais on aime bien en proposer qui peuvent changer de ce qu’on trouve dans les commerces classiques. On expérimente de nouvelles recettes. Alors parfois c’est une réussite, parfois moins, mais au moins on n’a pas de regrets, on a essayé! Par exemple, on a fait, dans nos premières bières, une blonde à la betterave. Et bien aussi surprenant que ce soit, c’était bon! Thé d’Aubrac, sauge, noisette, etc. On essaye un peu tout avec plus ou moins de réussite.

Quelle est la taille de votre brasserie?

On brasse environ une fois par mois à raison de 150 litres par brassage. Il faut qu’on arrive à faire concorder nos emplois du temps. Même si on n’a pas besoin d’y être tous à chaque brassage on essaye au maximum parce que c’est avant tout pour nous l’occasion de passer un moment ensemble. Cependant il arrive qu’on ne soit que 2. Outre le brassage, on se réunit également pour l’embouteillage. Chaque occasion est bonne pour se retrouver!

Quels outils sont essentiels à votre vie?

Comme la plupart des brasseurs qu’on connait, on utilise Beer Smith pour travailler nos recettes. Quelques livres consacrés à la bière nous servent également. On peut s’en inspirer.

À quoi ressemble votre espace de bureau?

Depuis près d’un an, on brasse dans un local de 30m2, dans une ancienne école, qui nous est prêté par la municipalité. On élabore les recettes chez nous, on commande sur internet les ingrédients dont on a besoin sauf le grain que l’on va chercher à «La malterie des volcans» à 45 minutes de chez nous et le houblon que l’on a planté chez nous, et on se retrouve au local pour le brassage. Le local n’étant pas très grand, on optimise l’espace, et finalement, ça fonctionne plutôt bien. On est de mieux en mieux équipés donc c’est de plus en plus facile.

Avez-vous une façon d’organiser vos journées afin d’optimiser votre travail?

Généralement, du fait de nos emplois du temps respectifs, on brasse un soir ou le lundi, jour de repos de Jérôme et Grégory.
Ces derniers étant les plus près du local, ils vont préparer les cuves, les remplir d’eau. En fin d’après-midi, et dès que les autres membres ont fini le travail, ils les rejoignent. On essaye autant que possible de combiner un brassage avec l’embouteillage du brassage précédent. Certains sont occupés à brasser pendant que d’autres embouteillent! À 5 il faut trouver de quoi s’occuper!

Quels «trucs» conseilleriez-vous pour améliorer la productivité?

Du fait que l’on a un statut associatif, on n’est pas dans la recherche de la productivité. Au fur et à mesure on a augmenté notre production en augmentant la taille de nos cuves, mais maintenant on est plus dans la recherche de la commodité en s’équipant pour rendre le
brassage plus facile.

Vous êtes meilleurs que vos collègues pour…

À 5, on se complète. On a chacun nos méthodes de travail, nos points forts, nos connaissances. Personne ne se pense au-dessus des autres. On donne notre avis, on en discute et on opte ensemble pour la solution qui nous semble à tous la plus judicieuse. Un travail d’équipe entre potes!
Quand on s’égare un peu, sur les recettes, les noms des bières, il y en a toujours un pour nous remettre dans le droit chemin!

Quelle est votre stratégie afin de faire connaitre votre bière? 

On habite un petit village, un coin où tout le monde se connait alors la nouvelle de la fabrication de la bière dans le garage s’est vite rependue. Dans le monde rural, tout se sait! On a commencé par participer au marché de Noël de la commune. Puis on a fait une page Facebook pour donner de nos nouvelles et officialiser l’association en quelque sorte. Du coup, La Montagne, un journal local, a fait un article sur nous. On ne s’acharne pas à faire de la pub. Facebook marche très bien pour ça! On participe à quelques marchés de producteurs, on fait des publications de temps en temps sur Facebook, on ouvre quelques brassages au public. Ça nous suffit! Il y a même un magazine québécois qui a parlé de
nous, alors…

À propos du design, qu’est-ce que votre image de marque représente? 

On a tâtonné pour le logo. Au départ, c’est nous-mêmes qui faisions les étiquettes. Le résultat n’était pas idéal. Puis une amie de Grégory, infographiste, s’est proposé de nous aider.
Elle nous a fait des propositions en fonction de ce qu’on lui a dit. Elle a tout de suite cerné ce qu’on voulait et on a de suite adhéré à ce qu’elle nous avait dessiné!

Le logo est un loup, dans différentes situations, en fonction du nom de la bière. Le loup est une figure emblématique de notre région, le Gévaudan. La Bête du Gévaudan est un animal à l’origine d’une série d’attaques contre des humains survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Cet animal serait un gros loup! Cette histoire est connue dans toute la France, voire à l’international, donc les gens situent rapidement la provenance de la bière! Et puis en rapport avec le nom de l’association (Les Malts Fêteurs, jeu de mots pour «malfaiteurs») on a cherché un malfaiteur qui aurait sévi dans notre région et le pire a été cette bête donc elle s’est imposée à nous!

Qu’est-ce qui vous inspire et vous motive à aller au travail chaque jour?

Nos emplois en dehors de l’association sont pour certains une passion pour d’autres, juste un travail qui paye les factures. C’est pour ça que l’on tient beaucoup aux Malt Fêteurs. C’est un vrai plaisir pour, être tous les 5. Ce qui nous motive le plus c’est qu’on se retrouve. On passe un bon moment ensemble autour d’une passion commune. Nos compagnes se joignent parfois
à nous. Quand on brasse une journée en weekend, chacun ramène un petit quelque chose à manger et on se retrouve tous avec femmes et enfants pour passer un moment convivial. C’est l’occasion de se réunir!

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

Tout conseil, du moment qu’il est bienveillant et constructif, est bon à prendre. On est plutôt à l’écoute de tout ce qu’on pourrait nous dire pour nous améliorer.

Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?

Le partage des tâches. Quand on arrive à être tous les 5, chacun a un poste à tenir. 2 qui brassent et 3 qui embouteillent. L’embouteillage n’est pas automatisé. C’est manuel alors ça prend du temps!

Quels seraient les conseils que vous donneriez à quelqu’un qui souhaite démarrer une brasserie?

Si l’envie est vraiment là, il faut essayer. Il y a de la place pour tout le monde. Mais les
microbrasseries sont à la mode en ce moment. Surfer sur la vague c’est facile, le plus compliqué c’est de perdurer alors il faut savoir proposer de nouvelles choses et se différencier du voisin!

Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez-vous pas vous passer?

Aucun. On a grandi à la campagne. On est peu dépendants, si ce n’est de la voiture! 

Avez-vous des nouveautés à venir? 

La nouvelle née des Malts Fêteurs sera une stout. Une bière au sureau est également en projet pour l’été.

À la fin d’une journée, quelle sorte de bière buvez-vous pour vous détendre?

Jérôme: Je n’ai pas une bière en particulier, je les apprécie toutes, mais si je devais en choisir une ce serait une ambrée! 

Hervé: Une bonne IPA le vendredi soir, avachi dans le canapé! 

Sébastien: Une impériale stout sans hésiter. 

Sylvain: Ça dépend du temps qu’il fait, en fait! En général, une petite blonde passe bien, mais
l’été quand il fait chaud j’opte plus pour une blanche fraîche bien désaltérante!

Grégory: Pour moi, chaque saison à sa bière. Les soirées d’été, j’ouvre volontiers une blanche bien fraîche, alors que l’hiver je vais privilégier une stout.

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