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Jeune chambre de commerce des femmes du Québec: Faire rayonner la relève féminine

Jeune chambre de commerce des femmes du Québec: Faire rayonner la relève féminine

Offrir des modèles de réussite entrepreneuriale et professionnelle à la relève féminine, voilà l’objectif de la Jeune chambre de commerce des femmes du Québec (JCCFQ), lancée en novembre 2018. Sa fondatrice, Claire Tousignant, est déterminée à faire face au manque de représentation féminine à la tête de conseils d’administration ou d’entreprises, alors que les postes de premier plan sont bien plus souvent occupés par des hommes.

Dans un rapport du Centre canadien des politiques alternatives publié au début du mois de janvier, des statistiques éloquentes sautent aux yeux. Seulement 4% des PDG canadiens et 10% des cadres supérieurs sont des femmes. Et même lorsqu’elles arrivent à briser ce plafond de verre, elles sont, encore et toujours, moins bien payées que leurs collègues dotés du chromosome Y.

Ce constat, Claire Tousignant l’a fait directement dans son quotidien. Il y a un an, alors invitée à monter un projet de vitrine commerciale pour les industries créatives du Québec à Shanghai, elle remarque qu’une seule des 20 entreprises participantes est représentée par une femme. «Les femmes sont souvent numéro 2 et rarement porte-parole de leur entreprise, même si elles ont des responsabilités énormes», souligne la fondatrice de la JCCFQ, âgée de 31 ans et associée-directrice à l’agence MASSIVart.

Pour Mme Tousignant, il s’agit d’abord d’un problème marketing. «Si une situation ne se répète pas plusieurs fois devant nous, on peine à la concevoir, estime-t-elle. C’est le cas de nombreuses femmes qui ont peu de modèles de leader d’entreprise féminin, et ont donc de la difficulté à s’identifier à ces positions.»

La solution est ainsi apparue comme une évidence. En encourageant les femmes à occuper ces postes par l’entremise d’un vaste réseau, la JCCFQ, une certaine confiance se développera chez les autres, qui seront davantage capables de se projeter dans ces rôles.

Activités et réseautage

Oui, mais comment concrètement aborder et influencer de tels changements structurels dans les milieux d’affaires où les inégalités sont tenaces? En soutenant la relève féminine dans tous les domaines professionnels à travers des activités dont elles sont les leaders et qui permettront l’échange de conseils, d’outils et d’idées.

Au programme, sessions de yoga, ateliers créatifs, activités de plein air et découvertes gastronomiques, dans le but de promouvoir un contact humain et durable entre les membres. Le coup d’envoi des activités de la JCCFQ a été donné au Théâtre de Quat’sous, le 4 décembre, pour découvrir la pièce Les Souveraines. Une période de question-réponse avec l’auteure et metteure en scène a eu lieu après la représentation. Un blind brunch a également eu lieu, le 27 janvier. L’objectif était de faire découvrir une restauratrice de Montréal, sans que les participantes ne sachent préalablement de qui il s’agissait.

Projets structurants

En parallèle de ces activités, la JCCFQ développera des projets à long terme, tels qu’un annuaire des conférencières. Cet outil permettra aux organisateurs de panels, d’ateliers et de conférences, ici et à l’international, d’accéder à un bassin d’intervenantes expertes dans leur domaine. «On entend souvent qu’il n’y a pas de femmes sur les panels, parce qu’on n’en a pas trouvé, lance Julie-Anne Petrilli, avocate, directrice des affaires juridiques et membre du conseil d’administration de la JCCFQ. On veut faire ce travail de défrichage et de collecte d’information pour avoir un seul et unique point de contact.»

Le second projet d’envergure est de créer une plateforme en ligne pour les membres, leur donnant notamment la possibilité d’échanger des messages, des opportunités, et d’avoir accès au calendrier d’activités. Pour ce faire, l’organisation sans but lucratif a évidemment besoin de financement. Celui-ci vient directement de ses membres. Les 100 fondatrices avaient d’ailleurs symboliquement investi 100 dollars chacune pour lancer la machine.

Les membres dites associées peuvent quant à elles faire des dons dont le montant est à leur discrétion. «On souhaite représenter le plus grand nombre de secteurs possibles tout en restant abordables et inclusifs, indique Mme Petrilli. On a des gens en dehors de la tranche d’âge 18-40 ans et entre 10 à 15% d’hommes.»

Quelques partenaires ont également commencé à faire des dons. «Nous sommes à développer une politique très stricte à ce sujet, car nous voulons rester très indépendantes pour mener notre mission comme on l’entend», précise Claire Tousignant.

Le pari d’apporter un nouveau souffle féminin au paysage entrepreneurial québécois est donc lancé.

〰 Quelques questions à Claire Tousignant 〰

À quoi ressemble votre parcours étudiant?

J’ai obtenu un baccalauréat en science politique à l’Université de Montréal, puis je suis allée faire ma maîtrise en affaires publiques internationales à l’Université d’Ottawa. En sortant de la maîtrise, j’ai travaillé pour le centre financier international de Montréal pendant deux ans, puis j’ai eu envie de me tourner vers quelque chose de plus créatif. C’est ainsi que j’ai rejoint MASSIVart, une agence qui offre des services de consultation, de production et de direction artistique.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet de chambre de commerce?

Cela fait environ un an. J’ai sollicité mon réseau afin de voir qui d’autre avait le goût de s’organiser pour trouver une manière différente de faire du réseautage, de créer quelque chose de plus durable et ancré sur l’humain. J’ai rencontré beaucoup d’hommes et de femmes qui m’inspirent, puis nous avons formé un conseil d’administration de 8 personnes, au printemps dernier.

Vous avez dit quelque part que vous aimeriez voir la JCCFQ comme une plateforme permettant de «réaliser ses rêves les plus fous». Quel est le vôtre?

J’adorerai occuper la place de présidente d’un conseil d’administration d’une très grande entreprise, pour le défi intellectuel que cela représente, et pour amener tout mon bagage d’expérience. Je ne sais pas si c’est réaliste. 10% des chefs CA sont des femmes.

Où voyez-vous l’organisation dans 10 ans?

Je vois l’organisation composée de 1000 membres, mais je souhaite qu’elle reste toujours très grassroots. Nous sommes une organisation bénévole et on veut que ça le reste, tout le monde est là pour les mêmes raisons et cela crée un esprit de solidarité très fort et sincère. J’aimerais aussi que la JCCFQ devienne un incontournable pour toutes les organisations gouvernementales ou corporatives lorsqu’elles veulent recruter ou ont une question.

➡ Plus d’infos sur la Jeune chambre de commerce des femmes du Québec: par ici.

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