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Rose Buddha: Le legging à la rescousse des océans

Rose Buddha: Le legging à la rescousse des océans

Chaque legging de l’entreprise québécoise Rose Buddha est confectionné grâce à 10 bouteilles de plastique. Baron s’est entretenu avec Maxime Morin, l’une des fondatrices du détaillant de vêtements qui propose une solution au gaspillage causé par l’industrie mondiale du vêtement.

Maxime Morin et Madeleine Arcand ont aligné leur production de vêtements de yoga sur une philosophie ancrée dans la cause environnementale. Mais en plus de gérer leur boutique de vêtements écoresponsables en ligne, les mères de famille ont récemment ouvert un espace de yoga et méditation dans le quartier d’Hochelaga à Montréal et ont également développé la première application mobile québécoise pour s’initier à la méditation. Rencontre.

Bonjour Maxime! Travailler avec du plastique recyclé complexifie-t-il les opérations?

Toute matière qui est écoresponsable complexifie les choses, parce qu’elle est souvent peu accessible et plus coûteuse (10 à 20 % plus cher selon le Financial Times). On a passé un an et demi en recherche et développement pour trouver un tissu fait de fibres recyclées assez résistant. Il n’y a aussi présentement pas d’usine au Québec qui transforme les bouteilles recyclées en fibre de tissu. À l’inverse de nombreuses compagnies, on essaie de créer le produit autour de la matière qui nous intéresse. À noter aussi que les impressions sur les leggings sont toutes réalisées par procédé écologique.

Le polyester à partir de bouteilles recyclées que nous utilisons provient donc d’une compagnie des États-Unis, Repreve, qui fournit aussi les Adidas et Nike de ce monde. J’en profite pour lancer un appel à Recyc-Québec: une usine de ce genre donnerait un sérieux coup de main aux entrepreneurs qui aimeraient se lancer dans cette industrie!

https://www.instagram.com/p/BrQULGtHGJP

Vous venez de lancer également l’Espace Rose Buddha, un studio de yoga et méditation. Pourquoi était-ce important pour vous de créer un espace physique en plus de la boutique en ligne?

J’ai fait un cours de lancement d’entreprise avec l’idée d’ouvrir un studio de yoga avant de lancer une ligne de vêtements. Comme Madeleine et moi sommes toutes deux certifiées pour enseigner le yoga, on espérait donner des ateliers le yoga, mais c’est devenu trop difficile à gérer aux débuts de Rose Buddha. On voulait garder un pied dans ce qui est à la base de l’entreprise: les valeurs yogiques du respect de l’environnement, mais on savait qu’on n’était pas prêtes en démarrant l’entreprise.

Finalement, on s’est installées avec Geneviève Lorange de la boutique de literie Bigarade, avec qui on partage l’employé qui s’occupe des envois et l’entrepôt. Geneviève qui pratique aussi le yoga avait le goût d’ouvrir un studio de yoga, surtout qu’il n’y avait pas d’offre à Hochelaga. Après une étude de marché, on a réalisé que le local serait parfait pour ouvrir un studio. S’associer avec Geneviève qui était notre voisine et connaissait déjà bien le quartier s’est avéré un mariage naturel.

Avoir un espace boutique dans un studio de yoga fait en sorte que nos clients peuvent nous retrouver plus facilement. Avant, on avait un bureau sur l’avenue du Parc, mais les clients se frappaient souvent à une porte fermée, car on était chez l’imprimeur ou la couturière. Ça va nous permettre d’être plus en contact avec notre clientèle, d’être plus prêt de la communauté, parce qu’on veut créer un sentiment d’appartenance à la marque avant toute chose.

Vous avez également lancé une application de méditation!

Oui, elle est disponible sur les boutiques en ligne d’applications Apple et Google. On propose des séances thématiques de différentes durées. Les gens peuvent aussi suivre un programme pour approfondir leur pratique semaine après semaine. Les capsules sont offertes en français et en anglais. Certaines sont gratuites et d’autres nécessitent un abonnement.

Pour en revenir aux vêtements de Rose Buddha… Pensez-vous ouvrir d’autres points de vente à Montréal ou ailleurs dans la province?

90% de nos produits demeureront en ligne. Je ne pense pas que Rose Buddha va ouvrir des boutiques. En fait, je suis certaine qu’on n’aurait pas ouvert une boutique si elle n’était pas associée à un centre de yoga. Le domaine du détail est difficile, même les grands noms éprouvent des difficultés. On ne veut pas non plus ajouter des frais fixes à notre entreprise. Cela nous empêcherait de garder une qualité de production locale. Un loyer dispendieux et un grand bassin d’employés nous pousseraient à faire des choix crève-coeur au détriment de nos valeurs environnementales.

Le modèle du local de yoga est plus viable, en plus d’offrir une vitrine à nos vêtements, sans l’apport financier que nécessite la partie boutique. Je pense que l’avenir du détail réside dans cette tactique: présenter quelques produits dans des points de vente stratégiques qui partagent les valeurs de l’entreprise, comme c’est le cas ici avec le centre de yoga, et vendre en grande quantité via le web.

Comment voyez-vous l’entreprise évoluer?

Comme on a développé beaucoup notre clientèle au Québec, on aimerait grandir dans le reste du Canada de manière progressive. On va continuer de produire nos leggings, tout en testant de nouvelles matières. On travaille présentement sur un pantalon de sport fait à partir de nylon recyclé, principalement constitué des filets de pêche. On parle beaucoup de la pollution causée par le plastique, mais les océans sont en réalité surtout menacés par les filets de pêche. La paille est symbolique des petits gestes qui aident à réduire la consommation de plastique, mais les filets de pêche représentent le plus gros du problème.

Quelle est votre perception de l’industrie du vêtement au Québec?

Il existait une grande expertise en main-d’oeuvre dans le textile au Québec, mais la production s’est beaucoup exportée, parce que les fabricants locaux ne pouvaient plus compétitionner avec les prix de la fast fashion. C’est maintenant un défi de produire localement, parce que les artisans d’ici sont incroyables, mais très peu nombreux. S’il arrive un accident à la personne qui fabrique nos vêtements, nous n’avons pas de plan B! Les bons couturiers, surtout ceux qui sont spécialisés dans la couture technique du vêtement sportif, se comptent sur les doigts d’une main et sont par conséquent débordés.

Lisez notre article: Accueillir la «slow fashion» avec Bienséance

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui désire se lancer dans le textile écoresponsable?

Il vaut mieux y aller progressivement. On a commencé avec une petite quantité au début. Avec Internet, on a la chance de ne pas avoir à remplir un magasin au complet et d’offrir au départ qu’une poignée de styles. C’est aussi payant d’avoir une bonne étude de marché et de connaître sa clientèle cible. Juste en discutant avec notre entourage, on a remarqué un intérêt pour ce genre de produits.

On a aussi lu que les ventes du legging ont dépassé la vente du jean depuis 2016. L’achat est aussi un acte émotif, donc il faut faire appel à des valeurs qui nous passionnent vraiment. En ce moment, l’écologie est très à la mode, donc c’est facile de vendre, mais de vouloir comprendre et partager ces valeurs, au lieu de la considérer comme un moyen pour faire de l’argent, fait toute la différence.

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