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The Artist Entrepreneur: L’art de se vendre en tant qu’artiste selon Catherine Orer

The Artist Entrepreneur: L’art de se vendre en tant qu’artiste selon Catherine Orer

 

Depuis la quiétude de Bromont, l’experte du marché de l’art Catherine Orer enseigne à des créateurs issus des quatre coins du globe les rudiments d’un marketing sensible à leur réalité particulière. Nous avons rencontré la communicatrice à l’âme d’artiste.

Catherine Orer se passionne très tôt pour les arts visuels durant ses études au cégep. Au moment de s’inscrire à l’université, elle choisit toutefois le domaine des communications afin de maximiser ses chances de trouver un emploi stable. «On me disait tout le temps que je n’allais pas trouver de boulot ou que j’allais seulement pouvoir devenir professeur», souligne-t-elle.

Après plusieurs années dans le monde corporatif, le naturel est toutefois revenu au galop. «Je le savais déjà que ma passion, c’était les arts visuels, mais il m’a fallu du temps pour me faire à cette idée.» Passant du rêve à l’action, Catherine Orer quitte son emploi dans une multinationale très importante pour aller étudier et travailler dans le marché de l’art en France.

https://www.instagram.com/p/Bl8UW3qBz3i

Au fil des vernissages, les artistes s’agglutinent autour de la marchande d’art. Elle devient peu à peu une référence en matière de stratégie marketing. «On me demandait souvent comment utiliser Facebook, comment créer un site web. À force de discuter avec les artistes, j’ai constaté qu’il y avait un besoin. En sortant de l’école, la plupart créent d’excellentes oeuvres, mais ne savent pas comment se mettre sur le marché. Beaucoup se tiennent loin de l’autopromotion, par peur d’être mal vus dans le milieu.»

Faire cohabiter l’art et la vente

Un portfolio à la fois, avec sa compagnie The Artist Entrepreneur, Catherine Orer démystifie l’étrange bête du marketing dans l’écosystème des arts parfois hostile à son infiltration. Elle guide les créateurs qui cherchent à prendre en main le gouvernail de leur carrière. La petite équipe bilingue qui s’est formée autour de la jeune femme se déploie maintenant un peu partout en Amérique du Nord, en Europe et aussi loin qu’en Australie.

Pour recruter ses premiers clients en 2016, Catherine Orer a puisé dans son réseau accumulé au fil de ses années en galerie. «J’ai commencé avec les gens que je connaissais, puis avec le pouvoir du partage des réseaux sociaux, les demandes de clients à l’étranger se sont empilées dans ma boîte aux lettres.» Pour nourrir la discussion, elle a aussi ouvert un groupe Facebook de soutien qui réunit aujourd’hui 18 000 artistes. La communauté migre tranquillement vers les terres prometteuses d’Instagram.

Le casse-tête de la marque

Selon Catherine Orer, une stratégie de relations publiques ne se résume pas à trouver des façons de faire plus d’argent ou de vendre plus d’oeuvres. Un artiste sous son aile apprend à utiliser intelligemment les réseaux sociaux, mais aussi à réinvestir dans des matériaux et trouver des résidences de création pertinentes.

La chef d’entreprise ne croit pas non plus à l’asservissement du produit artistique aux lois de l’offre et de la demande. «Je n’encourage pas les artistes à créer quelque chose qui s’agence bien au marché. Les besoins et les intérêts des collectionneurs sont très vastes, donc je les aide plutôt à trouver leur place au sein de celui-ci», précise-t-elle.

Entre 22 et 82 ans, la palette des personnalités avec qui la consultante travaille se compose d’une multitude de couleurs. «Il y en a qui sortent de l’université, d’autres entament leur troisième carrière, c’est très varié, s’enthousiasme-t-elle. On dit depuis un moment que les marques s’évertuent à bâtir une communauté, et c’est encore plus vrai pour les artistes. Le web donne non seulement une grande liberté d’expression, mais aussi une tribune pour amplifier l’impact du message.»

Le créateur, cet imposteur

Un sentiment d’incompétence habite cependant de nombreux clients de Catherine Orer. «Les artistes se promènent à tâtons dans le monde numérique, souvent par manque d’encadrement, et surtout de confiance. Plusieurs s’excusent lors de nos premiers échanges de ne pas avoir de formation en affaires, alors que c’est pourtant normal. Ce n’est pas leur champ d’expertise», déplore-t-elle.

https://www.instagram.com/p/BaxGQ9ohHGg

Elle entrevoit dans cette attitude le reflet de ses propres doutes passés quant à la poursuite d’une carrière dans le milieu de l’art. «Les humains cherchent constamment des preuves pour valider les histoires qu’on se crée, donc c’est sûr que si l’on croit qu’il faut faire voeu de pauvreté pour devenir un artiste, on va se trouver des preuves qui supportent cette idée. Pourtant, un créateur intègre, passionné et bien entouré peut rejoindre bien plus de monde qu’escompté.»

Catherine Orer offre du coaching surtout individuel, car sa recette n’est pas infaillible. À partir du terrain de vente traditionnel de la galerie, elle voit le marché se décliner sous une pléthore de façons de créer et de se procurer de l’art dans les prochaines années. «Il y a toute une zone grise dans le modèle d’affaires à prescrire pour un artiste visuel. Certains travaillent uniquement avec des galeries, d’autres ne vendent qu’en ligne, il y a vraiment autant de façons de vendre que d’artistes avec qui je travaille», dit-elle.

Les formations de The Artist Entrepreneur sont offertes soit en format intensif sur une période de six mois, soit à la carte pour être complétées à son propre rythme. La première formule propose un curriculum complet en marketing de l’art avec en prime un suivi rigoureux et le soutien d’une cohorte, tandis que les cours individuels se concentrent sur des sujets variés comme la vente, la tarification des oeuvres, la marque ou le rôle du collectionneur.

‍ The Artist Entrepreneur 

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