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Le réseautage au féminin: Entretien avec les fondatrices de Profession’ELLE

Le réseautage au féminin: Entretien avec les fondatrices de Profession’ELLE

Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de Profession’ELLE?

Gaëlle Bodin: Nous avons des parcours qui se ressemblent, étant donné que nous avons toutes deux étudié en droit. Je suis membre du Barreau depuis une quinzaine d’années, et j’ai passé plusieurs années en cabinet privé. Nos chemins se sont croisés en 2007 dans une maison d’édition juridique, où l’on s’est rencontrés pour la première fois dans le même département. Je suis restée dans cette compagnie jusqu’en 2014, avant de fonder Profession’ELLE en 2016.

Jannick Bouthillette: J’ai eu un déclic quand j’ai entendu parler de l’Effet A, une initiative d’Isabelle Hudon. Ce mouvement qui propulse l’ambition des femmes m’a inspiré, mais je me suis aussi demandé pourquoi on associait les femmes à des postes et des secteurs en particulier. Je savais que des femmes du milieu public et communautaire vivaient l’ambition différemment. Je me suis donc posée la question: «suis-je ambitieuse, si je ne cherche pas forcément des postes de haute direction?»

Cette quête de voir des modèles de réussite différents m’a donné envie de créer quelque chose qui ressemble aux femmes autour de nous: des femmes professionnelles qui ne sont pas forcément à l’aise avec le vocabulaire des affaires, ou qui ne se sentent pas à leur place dans des séances de réseautage traditionnelles. On a donc eu l’idée de leur offrir un lieu de convivialité pour parler carrière et rencontrer d’autres professionnelles avec les mêmes interrogations. Par ricochet, on démystifie le réseautage, encore très mal compris, parce qu’il est associé à des phrases toutes faites et à beaucoup d’inconfort. On entend souvent chez les femmes l’excuse «je n’aime pas me vendre», alors que notre idée du réseautage va au-delà de ça. Nos soirées consistent à rencontrer des gens de manière simple, et créer des liens qu’on nourrit par la suite.

En quoi consistent les soirées-conférences de réseautage?

Jannick B.: Sur une base mensuelle, nos événements allient conférence et réseautage. La première partie de la soirée, axée sur la réflexion, alimente la deuxième avec des mentors qui viennent partager leur expertise sur une thématique choisie. Nos soirées se tiennent présentement sur l’île de Montréal, à Laval et à Longueuil.

Gaëlle B.: Profession’ELLE démystifie le réseautage pour lui redonner un aspect plus authentique et convivial. Nous revenons à la connexion avec les autres, sans voir d’objectifs de vente, sans avoir à s’habiller sur son 36. Car pour plusieurs femmes, l’ambiance typique des 5 à 7 ne leur correspond pas.

Crédit photo: Marie Deschene.

Qui sont les femmes qui participent aux soirées?

Jannick B.: Les soirées s’adressent à toutes les femmes, salariées ou travailleuses autonomes. Or, la plupart des participantes sont des employées qui désirent sortir du bureau pour augmenter leur réseau et développer leur carrière. La réalité veut qu’avec le contenu offert, nous ratissions large. Les entrepreneures qui forment au moins le tiers de nos soirées sont aussi attirées par l’accès à un bassin éclectique. Tout à coup, elles ont accès à des personnes aux profils très différents du leur, dans une ambiance détendue. Les postes et les domaines de travail sont très variés, mais je dirais que ce sont en majorité des femmes en période de questionnement ou en réorientation qui oeuvrent sur le marché du travail depuis une dizaine d’années.

Gaëlle B.: Les femmes qui viennent vers nous ont envie d’avoir une carrière qui progresse. Elles sont souvent confrontées à des barrières érigées sur leur parcours, comme une promotion convoitée qui n’arrive pas assez rapidement ou un projet d’envergure qui tarde à être remis entre leurs mains. Elles éprouvent également de la difficulté à accéder à des postes exigeant davantage de responsabilités financières. Tout d’un coup, on pense moins souvent à elles, et elles doivent constamment démontrer leurs compétences à cet égard. Ces barrières ne sont pas nécessairement mises de façon consciente par les gens au pouvoir, mais c’est prouvé qu’on doute plus facilement des compétences des femmes que celles des hommes.

Ça s’applique aussi aux entrepreneures qui cherchent du soutien auprès d’institutions financières, parce qu’un prêt d’importance à une femme paraît toujours plus risqué. Profession’ELLE offre ainsi l’occasion de réfléchir avec d’autres travailleuses sur les manières de faire valoir sa candidature, de passer par-dessus ces défis-là et générer des idées pour mieux aligner ses ambitions. À 35 $ et sans frais de membre, les soirées se veulent accessibles, tout en demeurant payantes pour assurer un gage de qualité.

Quels sujets abordez-vous dans les conférences et sur le blogue?

Jannick B.: Nos ateliers visent à outiller la femme salariée ou pigiste. La négociation salariale fait partie de nos sujets de prédilection, car beaucoup de femmes ne se sentent pas confortables avec davantage d’argent ou ont peur de ternir leur relation avec leur supérieur en demandant plus d’argent. Nous explorons les manières d’avoir une discussion salariale gagnante, sans avoir s’excuser de parler d’argent avec un patron ou un client. Le salaire est une composante principale du travail et on ne doit pas se sentir mal d’en discuter, dans la mesure où on arrive préparée. Nos formations présentent donc les manières d’obtenir les résultats souhaités dans une telle démarche.

Quelles sont les impressions les plus fréquentes des participantes?

Jannick B.: Les panélistes attisent la motivation en poussant les participantes à voir les choses différemment. Les mentors leur donnent l’inspiration d’amorcer une réflexion ou de pousser un projet plus loin pour lequel elles jusque-là hésitantes. Par exemple, nous avons organisé en mai une conférence sur la prise de risque, et récemment j’ai vu via LinkedIn qu’une participante a décidé d’aller de l’avant avec un projet un peu fou. Elle m’a dit que c’était une idée qu’elle avait depuis longtemps, mais les discussions de cette soirée l’ont convaincue de se lancer. Le projet sortait de sa zone de confort, mais la thématique lui a montré qu’elle était capable de contrôler le risque.

Avez-vous des projets d’avenir?

Jannick B.: Nous ne souhaitons pas nous limiter aux environs de Montréal, de sorte que nous espérons proposer des conférences dans une dizaine de lieux différents.

Gaëlle B.: Devenir la référence pour les femmes qui désirent développer leur carrière et leur réseau. Nous aimerions éventuellement offrir du coaching pour devenir l’entreprise qui fournit tout ce dont on a besoin pour réorienter ou propulser sa carrière et développer son réseau professionnel. Autrement dit, si on a envie de nourrir une carrière, on penserait automatiquement à Profession’ELLE dans les prochaines années.

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