Close
À chacune son succès: Entretien avec Tatiana St-Louis, fondatrice d’Aime ta marque

À chacune son succès: Entretien avec Tatiana St-Louis, fondatrice d’Aime ta marque

Ville étudiante, Montréal regorge de finissants à la maîtrise et au doctorat occupant des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés. Plusieurs n’osent pas occuper des postes plus intéressants, parce qu’ils n’ont pas nécessairement emprunté l’itinéraire traditionnel vers la profession de leurs rêves. Studieuse, Tatiana St-Louis faisait partie de cette cohorte déboussolée. Après des études supérieures en Histoire de l’art et en littérature, elle fonce plutôt dans le monde des communications et réalise que plusieurs talents qu’elle a développés à l’université, comme la rédaction et l’esprit de synthèse, se révèlent payants.

Pour attirer ses premiers clients, Tatiana St-Louis a remanié sa marque personnelle en travaillant sur son site web professionnel, son CV et sa présence sur les médias sociaux. «J’ai eu des offres de compagnies importantes auxquelles je ne m’attendais pas, se souvient-elle. J’ai aspiré à des salaires intéressants que j’ai pu négocier. Avec plusieurs offres sur la table, j’ai trouvé comment me positionner sur le marché et traduire mon message au bon public.» Toutes ces notions qu’elle n’a pas apprises à l’école, elle décide de les aborder sur son propre blogue Aime ta marque.

Depuis, l’entrepreneure rêve de faire de ce projet son gagne-pain principal. Pour le moment, elle jongle toujours entre la gestion de celui-ci et un emploi à temps plein comme conseillère en communications à l’Université Concordia. Et lorsqu’elle ne rédige pas un billet de blogue, Tatiana St-Louis donne des formations en ligne, organise des évènements de réseautage ou accepte des contrats en stratégie de gestion de marque. «C’est en train de se transformer en véritable entreprise», se réjouit-elle.  

L’ambition au féminin 

Si le contenu est surtout axé sur le marketing et les communications, Tatiana St-Louis espère bonifier son offre avec des conférences sur la création d’entreprise et le développement personnel. «J’aide mes clientes à ne pas se sentir coupables de vouloir monter les échelons et faire de l’argent pour se permettre un certain mode de vie. Il n’y a rien de mal à avoir ce type d’ambitions.»

Tatiana St-Louis voit notamment plusieurs femmes passer d’un travail à l’autre, parce qu’elles n’arrivent pas à trouver un poste qui correspond à leurs compétences et leurs aspirations. «La valorisation que les femmes font d’elles-mêmes est difficile», déplore-t-elle. À travers sa série Portraits de marques, elle montre notamment des histoires de succès qu’on voit moins dans les grands médias. «C’est important d’avoir des modèles diversifiés, car le succès est une notion relative.»

En finir avec le travail gratuit

Aime ta marque enseigne aussi l’importance d’être rémunéré au juste prix. Dans plusieurs domaines moins réglementés comme les communications, les arts et l’information, beaucoup de travailleurs autonomes acceptent de travailler gratuitement. «Tout le monde doit arrêter de faire ça», rétorque Tatiana St-Louis. «Ça crée un précédent. Les gens se sentent justifiés de demander des contrats bénévoles pour des mandats aussi complexes que créer des applications.»

L’appât de la visibilité peut être tentant pour la débutante. «Quand tu ne demandes pas beaucoup d’argent pour un travail, tu fais du mal à tout le monde dans ta profession en demandant trop peu d’argent pour ton expertise.» À ses yeux, la cure à cette épidémie est simple: «tu fais le lien entre ta valeur et celle que quelqu’un d’autre te donne. Je vaux ce que l’autre dit que je vaux. À l’inverse, pourquoi ne pas décider combien tu vaux et si la personne ne veut pas t’embaucher à ce prix, tu vas voir quelqu’un d’autre qui est d’accord avec toi». 

Deux ans après la création d’Aime ta marque, la blogueuse s’est donné l’objectif audacieux de faire un chiffre d’affaires de 100 000 $ cette année. «C’est en se donnant de grands rêves qu’on récolte de petites réussites», croit-elle. On peut notamment suivre l’évolution de son défi à travers ses capsules vidéos publiées sur YouTube

Ces entrepreneures qui aspirent à l’équilibre

À ceux qui désirent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, Tatiana St-Louis dit qu’il n’existe pas de recette miracle. Elle ne croit pas à la mentalité de startup où il faut absolument tout abandonner pour se consacrer corps et âme au projet. «Il existe encore une gêne de s’appeler entrepreneur si tu ne te lances pas à temps plein. Garder un filet de sécurité et monter son entreprise à son rythme est toujours possible. On n’a pas à se sentir obligé de tout gâcher pour bâtir quelque chose.»

Tatiana St-Louis remarque d’ailleurs ce désir chez les femmes de meubler leur vie autour d’un horaire plus équilibré. «Les gens se lancent dans l’entrepreneuriat surtout pour jouir de la liberté d’être son propre patron. Si on n’a pas de plaisir et qu’on se tue à la tâche, on perd le sens d’une telle démarche.»

Les personnes travaillant en entreprise sont aussi bienvenues à prendre part aux activités d’Aime ta marque. Pour elle, les employés sont tout autant des ambassadeurs de marque. Elle axe donc son approche sur la façon dont l’employé peut bien représenter l’image de l’entreprise pour laquelle il travaille. Les hommes sont également les bienvenus à prendre part à la discussion sur le blogue et à participer aux formations.

Il existe notamment de plus en plus d’intrapreneurs, c’est-à-dire des gens qui démarrent une entreprise affiliée à une organisation existante ou tout simplement, des travailleurs qui saisissent de nouvelles opportunités et jouent un rôle d’innovation dans leur équipe. «Tu es avec qui tu travailles», résume Tatiana St-Louis.

Dans les années à venir, elle imagine Aime ta marque prendre la forme d’une communauté grandissante de femmes d’affaires capables de rêver et de se valoriser davantage. «Entre femmes, on s’élève ensemble», conclut-elle. 

Aime ta marque

site web | facebook | instagram | youtube

Close
0