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SIFN: Mettre en lumière, autonomiser et célébrer les femmes noires

SIFN: Mettre en lumière, autonomiser et célébrer les femmes noires

Bonjour Dorothy! Comment est née l’idée d’organiser ce salon? 

Deux semaines après le décès de ma mère, j’étais invitée à participer à l’émission J.E.. Faute de fond de teint, je me présente dans une pharmacie Jean-Coutu. Une commis me propose des teintes de blanc à beige, qui à l’œil nu, n’allait pas avec la couleur de ma peau. Au début, je croyais que c’était une blague et qu’il y avait une caméra cachée. Et bien, tristement non. C’est sa collègue, une Maghrébine qui est venue à ma rescousse et m’a proposé la seule gamme pour peau noire, dans un quartier où 80% des habitants sont Noirs. Suite à cette malencontreuse expérience que j’ai partagée sur Facebook, j’ai reçu une avalanche de commentaires, des femmes noires qui avaient vécu la même situation. Certaines m’avaient même proposé des lignes cosmétiques made in Canada. Comme j’étais intéressée à tous ces produits, je me suis dit que ce serait bien de les voir dans un même lieu.

À peine proposée sur les réseaux sociaux, l’idée a été saluée grandement. L’une de mes amies, qui est aujourd’hui cofondatrice du SIFN, Christelle Mokoko, présidente des Ateliers PAF (plateforme d’affaires pour femmes) a été la première à me contacter. Le lendemain, je contactais celles qui sont aujourd’hui les autres cofondatrices: Joeline Jean-Claude, directrice des ventes chez Mary Kay Canada, Catherine K. Mintchueng, biologiste dans l’industrie pharmaceutique et bras droit de la designer de mode Adama Paris, et Me Lovely Fleurmé, notaire. Et en après-midi, j’étais assise dans le bureau de notre actuelle graphiste, Leona Carthy, pour parler du visuel. Et c’est comme ça que la grande aventure du SIFN est née, en décembre 2016! 

«En d’autres mots, endosser son histoire, ses victoires, proclamer sa beauté et sa force, mais aussi revendiquer qui est [la Femme Noire], ses droits, son lot de douleurs et de peines.»

On a pris conscience que le SIFN est bien plus qu’un événement, mais un mouvement. On était conscientes qu’on travaillait sur une mission plus grande que nous. Plusieurs femmes noires de tous les horizons sont enthousiastes car enfin un événement s’adresse à elles et comprend ce que c’est d’être discriminées, absentes ou sous-représentées! Enfin, une plateforme qui va nous permettre de nous retrouver pour aborder des sujets tabous, d’actualité, comme le mouvement #metoo. Bien que fondé par une femme noire, le mouvement nous a pourtant exclues de la conversation. Enfin, des services adaptés à la réalité des femmes noires (en entrepreneuriat et en finances) et des produits spécifiquement conçus pour nous (produits capillaires, soins pour la peau…) seront présentés. Des kiosques abordant des maladies qui touchent en grand nombre les Noirs également (anémie falciforme, fibromes). 

Dès le début de cette aventure, c’était clair dans ma tête que «Femme Noire» devait figurer dans le titre du salon, sachant pertinemment que cela allait nous bloquer des portes, susciter de vives réactions tant de la société d’accueil que des Noirs. Pourquoi? Parce que c’est un statement! On déclare haut et fort que nous sommes là! Que nous existons ! Et on sait tout de suite à qui on s’adresse. Deuxièmement, on s’approprie cette étiquette de «Femme Noire». En d’autres mots, endosser son histoire, ses victoires, proclamer sa beauté et sa force, mais aussi revendiquer qui elle est, ses droits, son lot de douleurs et de peines. 

Quelles ont été vos inspirations pour la création de l’événement?

Ce n’est pas le premier salon dédié à la Femme Noire dans le monde. Il en existe aux États-Unis, en France… Récemment s’est tenu le premier festival des filles noires à Londres. Par contre, le Salon International de la Femme Noire sera le premier au Québec et au Canada. À l’échelle internationale, on peut se permettre de dire que c’est le seul salon au monde qui peut servir les Noires en français et en anglais. Montréal est unique!

Ce qui est constaté, c’est que partout dans les grandes villes du monde, les femmes prennent leurs places et se font entendre. Et les femmes noires ont embarqué dans ce train d’épanouissement et d’affirmation féminine. Aux États-Unis, de grands mouvements ont pris naissance par des femmes noires, #BlackLivesMatter, #Metoo, #TimesUp. En France, l’afroféminisme est en plein essor. Ici au Canada, Viola Desmond figurera sur le billet de 10$. Cette année, lors du Mois de l’Histoire des Noir-es, le Canada a choisi d’honorer les femmes. Au Québec, nous avons une vice-première ministre noire. Le SIFN s’inscrit parfaitement dans tout ce contexte et c’est le moment idéal pour sa fondation!

https://www.instagram.com/p/BjNNTA2BKw-

Et c’est justement le slogan du salon: «N’aie pas peur, OSE!»

Oui, nous voulons insuffler une dose d’estime de soi et de dépassement de soi dont toute Femme Noire a besoin afin d’accomplir ses ambitions. 

Il va donc s’agir d’un salon qui présente des kiosques de vente et conseils, mais également divers conférences et ateliers… 

Actuellement, il existe des boutiques qui vendent des produits (soins pour la peau, capillaires, cosmétiques…) pour les femmes noires. Mais les entrepreneurs afro-québécois qui offrent une gamme de produits, de bijoux artisanaux, n’ont pas de place sur les tablettes de ces boutiques. Or, une femme noire va se sentir à l’aise de parler à un conseiller ou un agent qui vend des services parce qu’elle sait que sa réalité sera comprise. 

Les panels de discussion sont là pour montrer à tous, toutes ces femmes noires qui brillent dans l’ombre au sein de divers domaines économiques. Démontrer aussi que nous avons des modèles de réussite. En fait, on souhaitait une plateforme qui pouvait combler le plus possible la Femme Noire, et tout, ça sous un même chapiteau. 

«On veut aussi que la société voie qui nous sommes, qu’elle nous inclue à différentes tables de concertations, qu’elle nous implique sur les enjeux de la société.» 

Il est clair que les femmes issues des communautés ethniques vont se sentir interpellées par ce salon puisque nous vivons, à différents degrés et de différentes façons, les mêmes enjeux. Mais vous serez surpris du nombre de femmes blanches vivement intéressées à venir. Nous allons d’ailleurs conclure le salon avec un panel sur la diversité des femmes du Québec et du Canada animée par Julie Miville Dechêne. C’est un Salon qui se positionne féministe, égalitaire et inclusif. 

Notre objectif, à la fin du salon: on veut que les femmes repartent chez elles avec un sourire, une détermination et une fierté d’être une Femme Noire. C’est là qu’on parle d’insuffler une dose d’estime de soi, d’empowerment pour avancer dans leurs projets respectifs. On veut aussi que la société voie qui nous sommes, qu’elle nous inclue à différentes tables de concertation, qu’elle nous implique sur les enjeux importants. Qu’on nous prenne telles que nous sommes. 

Lors du salon, quelles vont être les activités à ne surtout pas manquer?

Tout est à voir, c’est une première! Les discussions les plus marquantes sont les suivantes:

– Le panel de discussion des femmes noires œuvrant dans le secteur des STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques). On y discutera de l’importance d’encourager les femmes d’aller vers les sciences et les technologies. 

– Un autre panel fort intéressant qui aura lieu et qui portera sur un sujet méconnu au Québec et au Canada: celui qui traitera d’afroféminisme. On parle beaucoup de féminisme, mais peu voire pas du tout d’afroféminisme. Est-ce le même combat? 

https://www.instagram.com/p/BgJkcVAD2Bh

Il y aura aussi des ateliers interactifs où on donnera des outils en financement et en entrepreneuriat, et d’autres où on parlera de santé féminine. Et pour le volet exposants, plusieurs professionnelles et entrepreneures vont nous offrir leurs produits ou services — l’endroit parfait pour constater la grande sélection de produits adaptés aux femmes noires et métissées.

Finalement, un grand moment du SIFN sera la remise du prix Viola Desmond à la Dre Yvette Bonny, première femme noire à réaliser une greffe de moelle osseuse chez un enfant. 

Salon International de la Femme Noire

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