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Kid Icarus: L’union d’un studio de sérigraphie et d’une boutique d’objets artisanaux

Kid Icarus: L’union d’un studio de sérigraphie et d’une boutique d’objets artisanaux

Difficile de ne pas se sentir inspiré lorsque l’on pousse les portes de la boutique. Affiches et oeuvres sérigraphiées aux styles variés, articles de papeterie impressionnants, objets d’art en tout genre et découvertes colorées se retrouvent mis en valeur dans la première partie de l’établissement, également ouverte sur le studio, où des employés s’attèlent à l’impression de plus d’affiches vibrantes encore, à la vue de tous. Kid Icarus, c’est le paradis des amoureux de l’artisanat, ceux qui le font et ceux qui l’admire.

Aujourd’hui, les espaces qui offrent des produits de sérigraphie et d’art se multiplient, à Montréal comme à Toronto. Toutefois, la tendance du Do It Yourself et la revalorisation du «fait à la main» demeurent relativement récentes. Michael Viglione se remémore les débuts de sa compagnie, son pari audacieux et nous parle de la croissance de celle-ci.

Bonjour Michael! Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours qui t’a mené à démarrer l’aventure Kid Icarus?

Je suis le propriétaire de Kid Icarus. J’ai étudié la gravure à l’Université OCAD et j’ai toujours été passionné par la sérigraphie. À l’époque, je n’étais cependant pas aussi concentré sur l’art que je l’étais sur l’aspect technique de l’impression. L’esthétique des impressions qui marchaient et celles qui ne marchaient pas était ce qui me fascinait! J’ai obtenu mon diplôme seulement dix ans après avoir commencé mes études. Lors de ma troisième année, je travaillais à mi-temps dans une imprimerie traditionnelle en tant que technicien en sérigraphie. Là-bas, je mélangeais des encres, préparais des écrans et imprimais des tirages d’art pour des clients. Quelques années plus tard, l’entreprise a déménagé à Toronto et puisque j’avais quelques compétences en technologie, j’ai construit des sites web et vendu des ordinateurs à l’atelier informatique de l’université afin de gagner de l’argent. Je suis ensuite retourné à l’école pour finir ce que j’avais commencé!

Pourquoi avoir choisi de te lancer en affaires?

Presque tous les emplois de sérigraphe se trouvent dans l’industrie du vêtement. Moi je souhaitais imprimer des œuvres d’art et surtout, le faire à ma façon. Le manque d’entreprises de sérigraphie rendait a ainsi facilité mon choix d’entreprendre. De plus, j’ai toujours eu une mentalité de bricolage et j’ai trouvé des façons de faire fonctionner les choses. 

Quand et comment as-tu pensé à fonder Kid Icarus?

L’entreprise a démarré en 1999 pour offrir des services en sérigraphie sous le nom de Studio Number Nineteen. J’étais installé dans un petit coin au sein d’un espace d’artistes partagé. Mais la vente au détail ainsi que l’aspect social d’un petit magasin m’ont toujours appelé, c’était donc mon objectif initial. La plupart des studios d’impression avaient des soldes saisonnières ou annuelles, mais je me suis dit, pourquoi ne pas vendre toute l’année? La réponse à l’époque était évidente: ce n’était pas durable. Il n’y avait pas beaucoup d’endroits pour acheter des objets contemporains faits à la main, à part Etsy et quelques expositions d’artisanat, mais il y avait bien une clientèle qui apprécierait et achèterait des prints et ces objets-là!

Alors nous avons pensé, laissons les gens voir le processus se produire dans l’espace de vente au détail! Et si la vente d’affiches ne peut pas payer le loyer, alors vendons des objets d’art contemporain faits par tous les gens talentueux autour de nous! Le projet a ainsi démarré et il a pris le nom de Kid Icarus. Un petit clin d’oeil à la mythologie grecque, et le mot «kid» qui l’a rendu un peu ludique. Je voulais un nom qui soit jeune de cœur.

Il est vrai que Kid Icarus puise son originalité dans le fait d’être à la fois un studio et une boutique! Est-ce que le concept a fonctionné dès le départ?

Au milieu des années 2000, à Toronto, la personne moyenne ne savait pas ce qu’était la sérigraphie. J’étais constamment en train de l’expliquer! J’ai réalisé aussi à l’époque que la technologie devenait plus répandue et que la plupart des gens étaient maintenant capables d’imprimer en couleur directement à partir de leurs ordinateurs. Les anciennes méthodes d’impression étaient devenues plus que désuètes et beaucoup ont tout simplement été oubliées. Mais ceci est finalement devenu un avantage, notre méthode d’impression était une niche; personne d’autre ne l’utilisait! C’est en laissant le studio et le processus dominer l’espace de vente que l’aventure a commencé.

Que cela soit pour les affiches, les cartes de souhaits, les bougies ou encore les kits créatifs et les livres… Vous proposez de nombreux items faits au Canada dans votre magasin. Comment choisissez-vous les produits à vendre?

Kid Icarus a pour mission d’offrir le meilleur de l’artisanat contemporain indépendant, en mettant bien évidemment l’accent sur les produits de papier et les produits canadiens. Nous devons aussi demeurer abordables tout en conservant notre qualité. Avant tout, c’est l’art par les gens et pour les gens! Nous proposons également des produits rares, comme des articles de papeterie du Japon, de la Corée ou encore d’Italie.

Cela étant dit, tout cela fait de la curation un réel défi! Oui, nous essayons de mettre en vedette autant d’artistes canadiens que possible, mais nous avons besoin de diversité dans les produits. Parfois, les articles sont présentés en raison de la saison, et parfois ils sont en vedette pour rétablir l’équilibre des produits trouvés en magasin.

Quels défis rencontrez-vous aujourd’hui avec Kid Icarus?

Se constituer un portfolio d’artistes qui vous font confiance a été un processus lent, mais constant. Trouver les bons employés pour sérigraphier et maintenir la qualité est également une expérience stimulante et gratifiante. Essayer d’imprimer des illustrations confidentielles dans un environnement de vente au détail ouvert est également toute une histoire!

Probablement le plus grand défi auquel Kid Icarus est confronté en ce moment, est de justifier au consommateur de masse le coût des marchandises et lui expliquer à quel point le produit est différent. En tant que petit magasin, les attentes de nos clients sont plus faciles à contrôler. Étant donné que Kid Icarus devient de plus en plus connu, nous voyons une plus grande variété de clients qui entrent dans le magasin. Les acheteurs voient le prix d’une affiche ou d’un objet fait à la main, le comparent au prix trouvé dans un grand magasin et commencent à se demander ce qu’ils paient. Une fois qu’ils ont compris qu’un artiste indépendant a créé la pièce à la main, ou qu’il s’est associé avec un bon fabricant pour la produire, ils commencent à comprendre ce qu’est Kid Icarus.

Comme tu me l’expliquais, Kid Icarus rencontre de plus en plus de succès. Certes, la tendance à l’achat de produits faits main et locaux se fait ressentir, mais quelle est votre «recette» à vous afin de rester pérenne?

Je pense que l’attrait de Kid Icarus est certainement dû à la combinaison délibérée d’un studio d’impression et d’un espace de vente. Cela offre une corrélation directe entre la vente et la création. C’est ce qui nous différencie, mais pas nécessairement ce qui nous a permis de réussir.

Nous avons fait partie de la première vague de «DIY-eurs» au début des années 2000. Nous avons abandonné les médias traditionnels (principalement en raison d’un manque d’argent) pour poster notre travail via internet avant même que les mots «médias sociaux» ne deviennent monnaie courante! Notre campagne de crowdfunding en 2013 a également su capturer ce momentum de la tendance et cela nous a grandement aidés à passer d’un petit espace à un espace plus grand sur l’avenue Augusta. 

En regardant en arrière, il est facile d’attribuer la plupart de nos succès à la chance, mais grâce à une combinaison de conception, d’observation et de tendances sociales, nous continuons de créer et sélectionner avec soin notre collection de produits. Rester dans la tendance signifie essayer, prendre la chance qu’un produit puisse être un franc succès ou un échec total, mais nous n’avons pas peur de faire des erreurs!

En effet, Michael Viglione ne cesse d’apporter des nouveautés à sa compagnie. À cet effet, plusieurs artisans et artistes s’installeront devant la boutique-studio afin de vendre leurs créations et discuter avec le public lors des Pedestrian Sundays qui se déroulent le dernier dimanche de chaque mois, d’avril à octobre. Cette année, on pourra compter sur la présence de Cabin Journal, Hinkleville, Bailiwick, Allison + Cam, et leur «sérigraphe vedette» Jackie Lee, qui promettent d’occuper l’espace avec des marchandises étonnantes. 

Kid Icarus

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