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Démystifier le végétalisme, avec la nutritionniste-diététiste Thao Bui

Démystifier le végétalisme, avec la nutritionniste-diététiste Thao Bui

Est-ce que le végétalisme est aussi extrême qu’on peut le penser de prime abord? Et surtout, comment peut-on l’adopter de façon saine? La nutritionniste-diététiste professionnelle Thao Bui vous présente des pistes sûres, afin de faire mûrir vos réflexions.

Lexique de quelques régimes alimentaires alternatifs

Voici d’abord quelques petites définitions, pour clarifier différentes façons de s’alimenter.

  • Végétarien: exclut la viande, le poisson et les fruits de mer.
  • Pesco-végétarien: exclut la viande, mais consomme du poisson et des fruits de mer.
  • Végétalien: exclut tous les produits animaux et leurs dérivés. Se concentre bien souvent, quoique pas toujours, sur l’aspect de la santé et du respect de l’environnement.
  • Végane: végétalien dont le mode de vie s’articule autour de l’éthique animale. Refuse toute forme d’exploitation, tant au niveau des divertissements (zoo, rodéos), des vêtements (cuir, fourrure, laine, duvet). Évite également les produits testés sur les animaux.
  • Crudivore: exclut la cuisson des aliments au-delà de 104 °F. La nourriture crue doit constituer au moins 75% de l’alimentation.

Les retombées sur la santé

La demande serait en très grande hausse pour les aliments à base de plantes, nutritifs et naturels. Par exemple, 15 millions ont été investis pour optimiser les opérations de l’usine MultiBar, à Lachine. Mais parlons d’abord des impacts de l’alimentation végétalienne sur la santé. Quels bénéfices peut-on en tirer?

Thao Bui: D’abord, être végétalien, ce n’est pas automatiquement santé! Les pâtes blanches, le pain blanc, les croustilles, et même certains biscuits sont végétaliens, mais ils ne sont pas des aliments complets. Aussi, les similiviandes ne sont pas toujours très santé, car il s’agit de produits très transformés. Mais tout de même, en général, une alimentation à base de plantes est plus riche en fibres, et en Amérique du Nord, les gens n’en consomment pas assez. D’ailleurs, on consomme moins de gras, et plus spécifiquement, de gras saturés, qui proviennent de la viande.

Deux grandes études épidémiologiques, Advendist health study-2 et Epic Oxford, réalisées par les associations The American Journal of Clinical Nutrition et Academy of Nutrition and Dietetics, ont comparé la santé des végétariens, des végétaliens et des omnivores. Les végétaliens auraient un IMC (indice de masse corporelle), un taux de cholestérol et de triglycérides plus bas. L’alimentation végétalienne diminue aussi les risques d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires. Par ailleurs, la viande rouge pourrait augmenter les risques du cancer du côlon, et les produits laitiers, les risques de cancer de la prostate. 

Quelles carences peut-on avoir, en tant que végane?

Thao Bui: L’alimentation végétalienne ne contient pas de vitamine B12, sauf dans les produits enrichis, comme les boissons de soya et la levure alimentaire. Alors, on recommande fortement aux végétaliens de prendre un supplément, surtout pour les femmes enceintes qui allaitent, ainsi que les enfants. On doit également se supplémenter en vitamine D, et aussi, prendre de l’iode, si on n’utilise pas de sel iodé. Mais, sinon, tout y est, sauf si on a une condition médicale spéciale. Voici d’ailleurs un article de mon blogue, qui explique en détail ce qu’est un repas végétalien équilibré!

Végétalisme, activité physique et protéines: destruction de mythes

Que réponds-tu aux sportifs qui disent ne pas pouvoir adopter l’alimentation végétalienne, car ils ont besoin de protéines?

Thao Bui: C’est tout à fait faux! [rires] L’un des hommes les plus forts au monde est végétalien! D’ailleurs, on doit spécifier ce que veut dire «s’entraîner»… Nous devrions être actifs au moins une heure par jour; si nous nous entraînons trois heures par semaine, ce n’est absolument pas nécessaire de prendre de la poudre de protéines (à moins qu’on n’ait pas le temps de manger un repas complet)! Ça devient même des calories superflues. Si on mange assez, c’est impossible de manquer de protéines, même si on ne se nourrit que de pommes de terre! Cela serait déséquilibré, mais selon nos besoins physiologiques en protéines, on en consommerait amplement, à moins d’avoir des conditions médicales particulières. Par contre, si on a des objectifs précis, tel un gain de masse musculaire pour des compétitions de fitness, c’est différent.

Quel est le plus grand mythe à propos du végétalisme? 

Thao Bui: [rires, hésitations] Il y en a tellement! Ce qu’on entend le plus souvent, c’est la peur de manquer de protéines. Aussi, il y a une croyance très répandue, celle que les enfants ne peuvent pas être végétaliens… Mais je suis peut-être un peu biaisée, car je suis tout de même spécialisée en pédiatrie! 

Parle-nous de toi et de ton parcours…

Thao Bui: J’ai gradué à l’Université de Montréal en 2012, et depuis l’automne de cette même année, je suis nutritionniste-diététiste. Je partage mon temps entre l’hôpital Sainte-Justine (où je travaille à temps partiel), et la promotion active d’un mode de vie végétalien. Je fais cela à travers des consultations en privé, des conférences et des ateliers. D’ailleurs, mes services sont exclusifs aux gens intéressés par le végétarisme et le végétalisme. J’ai aussi créé un blogue, pour aider ceux-ci!

À propos de ce blogue, est-ce qu’il t’amène beaucoup de nouveaux clients?

Thao Bui: Oui, mais à la base, je me fais beaucoup connaître grâce au bouche-à-oreille! Je suis spécialisée en pédiatrie, en plus du végétalisme, ce qui est très rare chez les nutritionnistes, alors c’est un plus. Je suis également la nutritionniste officielle du Défi végane 21 jours, où je réponds aux questions des nombreuses personnes qui s’inscrivent.

Qu’est-ce qui t’a fait devenir végane? De quelle façon as-tu adopté ce style de vie?

Thao Bui: Il y a cinq ans, j’avais déjà éliminé la viande rouge et la volaille, et j’ai aussi été pesco-végétarienne durant un moment. Puis, je me suis informée davantage, j’ai arrêté d’être dans le déni, et j’ai fait la transition complète, il y a environ trois ans. D’ailleurs, être végane, c’est bénéfique pour la santé et l’environnement, mais je tiens à préciser que j’ai adopté ce mode de vie uniquement pour l’éthique animale.

Quels sont les défis d’être à ton compte, en tant que nutritionniste?

Thao Bui: Il faut évidemment aller chercher la clientèle. La discipline est très importante, et aussi, il faut tout faire soi-même. C’est très différent que de travailler en tant qu’employée!

Quels sont les substituts de viande que tu recommandes le plus? 

Thao Bui: Les similiviandes sont utiles pour ceux qui font la transition, et ça peut toujours dépanner. Toutefois, ce sont des produits dénaturés, qui peuvent même être comparés aux charcuteries… C’est toujours mieux de manger de vrais aliments, comme du tofu, des légumineuses, du tempeh, des noix, des céréales, des fruits et des légumes

Quelle serait la première action pratique à faire, pour quelqu’un qui souhaite devenir végétalien?

Thao Bui: Ça dépend de la personne, en fait. On peut commencer à faire le changement en intégrant une journée de repas végétaliens par semaine (par exemple, en faisant le Lundi sans viande). On peut aussi enlever la viande d’un seul repas par jour. Avec les deux approches, on peut augmenter progressivement, jusqu’à éliminer complètement ce qui provient des animaux.

La végé d’à côté, journal d’une nutritionniste végane, par Thao Bui (blogue)

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