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Mieux comprendre l’Ayurvéda, avec Jonathan Léger Raymond

Mieux comprendre l’Ayurvéda, avec Jonathan Léger Raymond

Naturelle et multimillénaire, l’Ayurvéda s’adapte aux besoins de chaque personne selon ses doshas. L’idée? Trouver l’équilibre. Plein phare sur cette technique médicale méconnue avec Jonathan Léger Raymond, Hta, herboriste accrédité, thérapeute ayurvédique, co-fondateur de l’Espace Ayurvéda et du site Ayurvéda Révolution.

Qu’est-ce que l’Ayurvéda?

Jonathan Léger Raymond: L’Ayurvéda est la science de la vie qui nous parvient de l’antique civilisation de l’Inde. C’est l’étude des phénomènes qui ont rapport avec la santé, le bien-être et la longévité. L’Ayurvéda rassemble les nombreuses approches médicinales développées au fil des millénaires dans le sous-continent indien: plantes et autres substances médicinales, massothérapie, étude des points vitaux, psychologie, chirurgie et plusieurs encore.

Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les doshas?

J. Léger Raymond: L’Ayurvéda analyse les individus et leur état de santé d’après les trois «doshas» qui sont en fait des principes métaphysiques. Il y a «vata», le mouvement, qui correspond autant à la locomotion qu’aux influx nerveux, en passant par la régulation des rythmes de l’organisme. Un second dosha se nomme «pitta» et désigne les processus de transformation, les réactions chimiques, la digestion et les hormones par exemple. Enfin le dosha «kapha» indique les forces qui structurent et préservent la vie comme les tissus qui maintiennent l’intégrité du corps, la résistance des membranes cellulaires et le système immunitaire. L’Ayurvéda étudie les propriétés associées aux phénomènes naturels en terme de sensations comme le froid, la dureté ou la lourdeur, pour ensuite traduire leur influence sur les doshas. Les trois doshas sont en quelque sorte la clef du système ayurvédique, car ils expliquent les liens entre les symptômes, les genres de personnalités, les types de constitutions ainsi que l’influence de l’environnement, de l’alimentation et des remèdes.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier?

J. Léger Raymond: Après m’être fait soigner par un médecin ayurvédique en Inde, j’ai développé une fascination pour cette discipline en l’étudiant de manière amateur et autodidacte au premier abord. Aussi, le métier de thérapeute et d’enseignant en Ayurvéda me permet de combler ma soif de participer aux changements qui s’imposent dans nos sociétés. La véritable médecine holistique demande un changement de paradigme qui peut révolutionner notre manière de penser et de vivre aux niveaux individuel et social.

Votre clientèle est-elle diversifiée?

J. Léger Raymond: J’ai une clientèle très diversifiée: des enfants aux personnes âgées, des hommes, des femmes, des ouvriers, des médecins, des gens de diverses origines; j’ai aussi une clientèle à l’international que je sers via Internet ou qui se déplace pour venir me rencontrer. Néanmoins, une bonne majorité de mes clients sont des femmes âgées entre 30 et 60 ans.

D’après vous, l’Ayurvéda est-elle plus pertinente en traitement ou en prévention?

J. Léger Raymond: L’Ayurvéda est pertinente dans les deux cas. On dit souvent que la médecine ayurvédique excelle pour prévenir la maladie et c’est la vérité, sauf qu’il ne faut pas négliger ses succès comme médecine curative, surtout lorsqu’il s’agit de maladies chroniques réputées incurables par la médecine conventionnelle.

Quels sont les problèmes de santé que vous rencontrez le plus souvent dans votre cabinet?

J. Léger Raymond: J’ai récemment dressé une liste des problèmes de santé que j’ai contribué à soigner et j’en ai répertorié plus d’une centaine. Parmi les problématiques les plus «simples», on retrouve souvent l’épuisement, les ballonnements et l’insomnie. D’autres fois, il s’agit de maladies graves comme le cancer, le SIDA, la sclérose en plaques et le lupus, ou encore des pathologies méconnues comme la glomuro-sclérose focale et segmentaire(!). Les problèmes thyroïdiens, l’arthrose, le côlon irritable et l’eczéma sont parmi les plus fréquents, par ailleurs.

Comment procédez-vous à un diagnostic?

J. Léger Raymond: Légalement, le terme «diagnostic» est exclusivement réservé aux médecins conventionnels. Je parlerai donc ici d’évaluation de la santé de mes clients. Pour y parvenir, j’observe les subtilités de son pouls en détails, la couleur de sa peau, son comportement général. Surtout, je pose des tas de questions sur tous les aspects de sa vie: appétit, digestion, élimination, sommeil, cycles menstruels, émotions, état psychologique, etc. Je demande toujours beaucoup de détails sur les symptômes et les sensations qu’il ou elle ressent. Ensuite, il faut connaître suffisamment l’Ayurvéda pour comprendre comment j’arrive à émettre mes théories sur l’état de santé d’une personne.

Quels sont vos grands défis du quotidien?

J. Léger Raymond: Un de mes grands défis est de conserver du temps pour étudier constamment l’Ayurvéda et la science médicale moderne. Je dois être à l’aise dans plusieurs domaines: nutrition, anatomie, médicaments de synthèse, plantes médicinales, accompagnement thérapeutique, etc. La santé est un domaine immense, voire incommensurable! Un autre défi consiste à synthétiser, vulgariser et communiquer ces informations de la bonne façon à mes clients. Aussi, l’accès aux produits médicinaux naturels est souvent problématique, car c’est un domaine excessivement limité par les réglementations gouvernementales, en plus d’être marginal et méconnu.

Pensez-vous que l’Ayurvéda est primordiale dans le monde de la santé?

J. Léger Raymond: Absolument! L’Ayurvéda, médecine traditionnelle de l’Inde, et la médecine traditionnelle chinoise sont les deux plus anciennes médecines ayant été enrichies par des milliers d’années d’expériences puis conservées et transmises jusqu’à nous. Les trésors que ces médecines renferment sont inestimables et encore virtuellement inexploités par nos sociétés et la science médicale moderne. De plus, les principes de base de l’Ayurvéda peuvent être enseignés de façon simple pour que chacun puisse enrichir son quotidien et améliorer sa qualité de vie. Enfin, la définition même de la santé par l’Organisation Mondiale de la Santé nous provient de l’Ayurvéda, via une proposition de l’Inde adoptée en 1946.

Avez-vous l’impression que l’Ayurvéda est méconnue du grand public?

J. Léger Raymond: Je dirais que oui. D’une certaine façon, même en Inde où tous les gens connaissent son existence, l’Ayurvéda est aujourd’hui méconnue parce que les gens ignorent comment appliquer ses principes qui sont pourtant très simples et efficaces lorsque bien compris et enseignés. D’un autre côté, l’Ayurvéda jouit actuellement d’une certaine popularité et les gens semblent étonnamment curieux et ouverts à cette médecine, y compris parmi les professionnels de la médecine conventionnelle.

L’Ayurvéda n’est donc pas reconnue par le Ministère de la Santé du Québec…

J. Léger Raymond: Non, elle n’est pas officiellement reconnue, pas plus que la naturopathie ou l’herboristerie. Beaucoup de travail reste à faire avant qu’elle ne le soit et pour que ce soit de la bonne manière, il nous faudra changer nos paradigmes scientifiques. Ces changements sont présentement en cours sous la bannière de la santé intégrative dont nous entendrons de plus en plus parler. La population doit aussi être sensibilisée afin qu’une volonté politique d’inclure les approches naturelles dans notre système de santé se développe. Lisez ces articles pour en savoir plus: «La santé intégrative au Québec» et «Science, conscience et mauvaise foi, la santé est-elle prise en otage?».

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