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Mieux comprendre l’acupuncture, avec Isabelle Poulin Gagnon

Mieux comprendre l’acupuncture, avec Isabelle Poulin Gagnon

Comment le fait de planter des aiguilles dans la peau peut-il être bénéfique? Ces dernières sont placées à des points précis, les points d’acupuncture, situés sur les canaux d’énergie du corps humain, appelés méridiens. L’énergie vitale du corps, le qi, circulerait à travers ceux-ci. Lorsque certaines zones de la peau sont stimulées avec des aiguilles, cela permettrait de débloquer l’énergie pour qu’elle circule mieux. On en apprend plus sur cette démarche de santé fascinante!

Premièrement, en quelques mots, décris-nous ce qu’est l’acupuncture. Quelles sont ses utilisations et sa provenance?

Isabelle Poulin Gagnon: En fait, l’acupuncture s’inscrit dans l’une des cinq disciplines de la médecine traditionnelle chinoise, pratiquée depuis plus de 2000 ans. L’acupuncture, c’est un art thérapeutique basé sur l’observation du corps humain en interaction avec son environnement. Lors d’une rencontre classique avec un acupuncteur, celui-ci portera une attention particulière sur différents éléments du corps humain. Par exemple, il regardera attentivement la coloration de la peau, la respiration, le positionnement du corps… À partir de ces observations, il sera en mesure de proposer un traitement, axé non seulement sur la problématique apportée par le patient, mais également sur son état de santé de base. La thérapie vise à apporter un soulagement des symptômes du patient et aussi à ramener le corps à son équilibre.

D’abord, on va s’assurer d’avoir toutes les informations des problématiques de la personne, et ensuite, on va analyser l’environnement dans lequel elle évolue. L’analyse de l’interaction de la personne avec son contexte, permet d’avoir un portrait global, pour mieux peut trouver la cause profonde du problème. Ainsi, on va pouvoir aider la personne de façon spécifique. 

Est-ce qu’on utilise l’acupuncture en traitement ou plutôt en prévention? 

I. Poulin Gagnon: L’acupuncture se veut d’abord une médecine préventive, mais on propose des traitements pour adresser différentes problématiques fréquentes dans la population. En Orient, cette pratique s’intègre régulièrement dans le quotidien des gens, pour maintenir un certain bien-être. Ici, en Occident, on l’utilise davantage pour le soulagement de symptômes, c’est-à-dire pour traiter, plutôt que pour prévenir. Voici quelques exemples communs: insomnie, migraines, troubles digestifs, lombalgies…

Une fois le problème résolu, la personne peut revenir au besoin et c’est à ce moment que l’on peut proposer des soins préventifs au patient, s’il le désire. Notre but en acupuncture est de fournir au patient les outils et connaissances nécessaires pour qu’il arrive lui-même à prendre en charge sa santé, pour qu’il développe son plein potentiel.

Quel genre de problèmes peuvent être adressés par l’acupuncture? Quels sont les les plus fréquents?

I. Poulin Gagnon: On adresse plusieurs problématiques musculo-squelettiques, par exemple les douleurs lombaires, les tensions au niveau des trapèzes, les douleurs cervicales, mais aussi les migraines, l’insomnie, les douleurs menstruelles, et même l’anxiété. Au Québec, il y a de plus en plus de femmes qui bénéficient des soins d’acupuncture durant la grossesse, notamment pour diminuer les symptômes de nausées, de vomissements, de fatigue, et pour aider à la rotation du fœtus dans l’utérus, etc. Il est également fréquent de rencontrer des enfants souffrant d’anxiété ou de troubles du sommeil dans nos cliniques.

En résumé, quel est ton parcours?

I. Poulin Gagnon: C’est une longue histoire, mais je vais essayer de vous donner les grandes lignes! [rires] J’ai vécu quelques problématiques de santé en jeune âge, et j’ai eu la chance d’être suivie en acupuncture, et pour moi, cela fut très efficace. J’ai ensuite continué le parcours scolaire usuel, et j’ai découvert une passion pour les cours de biologie au secondaire. Par la suite, j’ai fait une technique en sciences de la nature, et, ayant toujours été fascinée par la complexité du corps humain, je me suis intéressée au système neurologique. J’ai donc appliqué à l’université pour devenir neuropsychologue.

Entre le cégep et l’université, j’ai pris une année sabbatique; je suis partie en Australie avec mon conjoint. Cette expérience m’a permis de revoir mes objectifs, d’explorer d’autres perspectives, ce qui a influencé mon cheminement professionnel. Au retour, c’était clair pour moi, je voulais devenir acupunctrice. J’ai appliqué au Collège Rosemont à Montréal (le seul endroit où est offerte la formation en acupuncture au Québec actuellement), et j’ai été choisie pour compléter mon DEC. Puis, j’ai fondé la clinique Hara en 2015.

Quels sont les défis d’un-e acupuncteur-trice en général?

I. Poulin Gagnon: D’abord, il faut savoir qu’un acupuncteur au Québec est un travailleur autonome. Il doit, dès sa sortie des classes, déterminer quel genre de pratique il désire. Quel type de milieu lui convient le plus? Désire-t-il travailler avec d’autres professionnels? Il doit se poser ce type de questions. D’ailleurs, il peut choisir de s’ouvrir une clinique, ou encore en joindre une déjà établie. Le plus important, selon moi, c’est d’arriver à identifier une vision concrète de notre pratique (à court, moyen et long termes).

Plus précisément, quels sont les enjeux d’un travailleur autonome en acupuncture?

I. Poulin Gagnon: Il y a beaucoup d’avantages à être son propre patron! On peut créer des projets, mettre en place notre propre vision. On doit aussi être très proactif, pour notamment bâtir la clientèle, se former constamment, rencontrer d’autres professionnels de la santé… On se doit d’être à jour le plus possible, afin de pouvoir bien faire connaître la profession et l’exercer.

L’acupuncture est reconnue par l’Ordre des Acupuncteurs du Québec (OAQ), mais ça reste encore une médecine dite «douce» et non conventionnelle… Comment cela se fait-il?

I. Poulin Gagnon: L’acupuncture a son ordre depuis 1995, et déjà, il y a beaucoup d’avancement dans la collaboration interdisciplinaire. Je dirais qu’il y a de plus en plus de travail d’équipe mis en place pour optimiser les soins offerts aux patients. Les deux approches combinées permettent donc un excellent suivi, qui permet d’améliorer la qualité de vie des gens.

Selon toi, pourquoi quelqu’un devrait-il se tourner vers l’acupuncture?

I. Poulin Gagnon: Parce que ça fait vraiment du bien! [rires] L’effet relaxant est très bénéfique. L’une des forces aussi de l’acupuncture est sa capacité à adresser d’autres composantes de la problématique que présente la personne. On peut citer comme exemple une personne qui consulte pour une douleur chronique, en plus d’adresser directement la douleur, on va venir s’assurer que la personne ait un bon sommeil, un bon moral… Ainsi, le traitement adressera d’autres sphères de la santé qui influencent la douleur.

Dans une salle spéciale de la Clinique Santé Hara, on peut pratiquer le yoga, s’étirer, se relaxer et méditer… De quelle façon ces disciplines complètent-elles l’acupuncture?

I. Poulin Gagnon: En Occident, il y a énormément de stress… J’ai pensé que ça serait un bon complément d’offrir un petit moment de répit aux gens, avant ou après le traitement d’acupuncture. Ce n’est pas tout le monde qui a un environnement pour se poser à la maison, alors pourquoi ne pas l’offrir?

Clinique Santé Hara

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