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Les idées, les objets et l’art du design de Michel Dallaire

Les idées, les objets et l’art du design de Michel Dallaire

Depuis le début du mois et jusqu’au 26 août 2018, le design industriel devient oeuvre d’art: l’exposition rétrospective Dallaire: de l’idée à l’objet braque ses projecteurs sur nos objets du quotidien. 

À première vue, nos yeux de consommateurs contemporains se questionnent sur ce que font ce BIXI, ces ustensiles de barbecue ou encore ce pot de yogourt exposés à la manière de sculptures. Cependant, l’exposition nous amène à revisiter les réalisations de ce designer prolifique en découvrant son processus créatif et ses inspirations nous offrant une petite part anthropologique de notre société.

Mais qu’est-ce qui fait la signature Dallaire? C’est incontestablement son souci de marier fonctionnalité et esthétisme. Un esthétisme épuré qui lui vient en partie de son passage à l’École supérieure des arts industriels de Stockholm lorsqu’il y était étudiant en 1964. En effet, le québécois s’inspirait toujours d’images tangibles et des formes géométriques lorsque celui-ci avait de nouveaux mandats. Il n’y a donc aucun hasard dans le fait que les vélos en libre-service BIXI nous rappellent la forme du boomerang.

Ce mélange d’audace, de fiabilité, mais aussi de simplicité l’aura suivi toute sa vie de designer industriel. Michel Dallaire fut également un créateur de la nordicité puisqu’il réalisa des objets propres à nos vies nordiques: un support à ski pour la voiture, un casque de hockey, une luge à trois skis… Plusieurs objets disposés dans la salle d’exposition nous rappellent que si ses créations ont traversé les frontières, son berceau créatif fut le Québec.

«Less is more», la séduction en plus

Quant à l’esthétisme, il aime répéter qu’il n’est surtout «pas un styliste». Oui, l’objet doit être séduisant dans sa forme et son usage, mais jamais au détriment de sa fonction. Un juste équilibre que le designer n’a jamais cessé de rechercher. 

C’est cependant avec une pointe de poésie et de nostalgie que Michel Dallaire prenait plaisir à en dévoiler davantage sur les histoires derrière ses fabrications lors de la visite de presse. S’il ne se définit pas comme étant un artiste, ses objets eux, demeurent porteurs de significations à la manière d’oeuvres d’art. À titre d’exemple, pour le moniteur de surveillance Angelcare pour bébé, Michel Dallaire s’était inspiré de l’image de l’ange gardien puisqu’il avait à coeur d’imaginer un objet qui viendrait apaiser le sentiment d’angoisse des parents.

Ses créations distinctes, si elles font maintenant partie de nos quotidiens sans que l’on s’en rende compte, sont toutes nées ou presque de contraintes. «Moi pour créer, j’ai besoin d’un problème à résoudre, affirme-t-il. Comment trouver des solutions s’il n’y a pas de problème?» Et lorsqu’il n’y en avait pas, c’est lui-même qui se les imposait. En effet, pour la torche olympique de 1976, Dallaire souhaitait rendre possible une flamme rouge vif et photogénique: un défi qu’il a réussi après maintes expérimentations!

Parcourir une carrière entière

Quatre parties forment l’exposition Dallaire: de l’idée à l’objet. Celle-ci offre aux visiteurs de découvrir dès leur entrée une table de travail et des instruments à dessin suspendus au-dessus d’elle, comme si nous rentrions dans l’atelier de Michel Dallaire, dans ses archives et le coeur de ses ouvrages. D’ailleurs, c’est une grande salle épurée comme il les aime qui accueille les conceptions du pionnier.

La première partie met en valeur des objets inspirés. Accompagnés de légendes, ces derniers témoignent de la quête «d’idées fortes et de sens» du designer. La seconde zone présente davantage d’objets en mettant en lumière la dualité qui subsistait chez lui; sa «bataille du beau» et son infatigable recherche d’ergonomie et d’efficacité. Quant à la troisième partie, elle met en relief les contraintes qui ont poussé le designer à toujours se surpasser.

La quatrième et dernière partie est en réalité une ouverture sur le design industriel québécois d’aujourd’hui et de demain. Si Michel Dallaire a fortement contribué à l’éclosion du métier, la relève est aujourd’hui assurée. Ainsi, le musée et le créateur ont choisi de présenter quelques réalisations des designers québécois de renom Dikini, Diane Leclair Bisson, Francis Cayouette et Guillaume Sasseville pour clore ce voyage tout en laissant ouvert le discours sur l’évolution du domaine.

Petite activité ludique à l’image du célébré, séduisante et pratique à la fois, les visiteurs ont l’occasion de pédaler sur un BIXI fixé au sol et d’ainsi activer une vidéo explicative sur grand écran.

«Le design, c’est la rencontre de l’art et de la technique» M. Dallaire

À travers presque une centaine d’objets et des précieuses explications, c’est une exposition d’art originale et pertinente que l’on découvre. Chaque détail est pensé afin de témoigner l’impact patrimonial des réalisations de Michel Dallaire. 

Pour aller plus loin, un livre éponyme publié aux Éditions du Passage retrace presque tous les projets de cette figure de proue du design. Écrit par la journaliste Myriam Gagnon, ce beau-livre raconte en image et en entrevues les traces que laissent les diverses créations de Michel Dallaire. Pour en savoir plus sur le livre: ici.

Dallaire: de l’idée à l’objet

Jusqu’au 26 août 2018 au Musée de la civilisation de Québec.

Nos photos de l’exposition:

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