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Mobiliser par le positif: un premier festival zéro déchet toute la fin de semaine à Montréal

Mobiliser par le positif: un premier festival zéro déchet toute la fin de semaine à Montréal

«Ce que je trouve vraiment fort dans le mode de vie zéro déchet, c’est que c’est un formidable outil de sensibilisation pour l’ensemble des problématiques environnementales, lance Laure Mabileau, l’une des instigatrices du festival. «Des fois on se dit: «ah, il faut lutter contre les changements climatiques.» C’est loin, c’est compliqué, on n’a pas un impact immédiat. On se dit que c’est gouvernemental, mais à hauteur du citoyen c’est un peu difficile, alors que le zéro déchet a ça de ramener au dénominateur commun le plus petit. C’est ta poubelle, c’est toi qui pose le geste.» «Y a un résultat qui est immédiat, y a un résultat qui est tangible.»

Suite à une rencontre citoyenne lancée l’automne dernier par deux blogueuses zéro déchet (Laure Caillot et Mélissa de La Fontaine, toutes deux conférencières cette fin de semaine), qui a donné lieu aux rencontres mensuelles Éco-Système, un groupe de militants et citoyens a eu envie d’aller plus loin: «On avait comme une fusion d’idées, et [la première] sur laquelle on a embarqué, c’était le festival».

En dix mois, le noyau d’une dizaine d’organisatrices (la plupart sont des femmes) ont réalisé un travail colossal, entièrement bénévole, pour monter une structure associative (l’Association québécoise Zéro Déchet) et un événement d’envergure gratuit dont la programmation est fort diversifiée. «L’objectif du festival, en trois mots, c’est outiller – inspirer – agir, détaille Mme Mabileau. Inspirer au travers des conférences, outiller au travers de la foire aux exposants, puisque les gens peuvent […] trouver au même endroit tout ce qui faut pour répondre aux besoins, et agir: on espère au bout du processus qu’il y ait un passage à l’action, et c’était aussi le agir pour les ateliers.»

Les thèmes autour desquels s’articulent les ateliers et les conférences, variés, répondent à plusieurs questions que les gens peuvent se poser en s’initiant au zéro déchet. Ce n’est pas un hasard: les organisatrices ont voulu répondre aux interrogations qui reviennent le plus souvent sur le groupe Facebook Zéro Déchet Montréal. Ainsi, il est question de trucs zéro déchet en voyage, en famille, avec les animaux de compagnie, dans la cuisine, pour les lunchs, et même pour la mobilisation citoyenne, question de parler autant aux néophytes qu’aux aguerris. 

Pour le financement, l’équipe organisatrice a réussi à faire des miracles avec peu: autant le logo du festival que de l’association que la campagne Soyons au coeur du changement, où une dizaine de personnalités publiques sont jumelées à des anonymes pour proposer des habitudes liées au zéro déchet, ainsi que toute la logistique du festival sont réalisés de manière bénévole. Par chance, les forces de chacun et chacune se complètent, des pros de la communication à la spécialiste en logistique événementielle. «C’est vraiment de la mobilisation de tous les instants pour aller chercher chaque truc», a constaté Laure Mabileau, qui réalise toutefois les limites de ce fonctionnement pour le long terme. «Notre grosse difficulté, c’est se voir et s’informer de tout ce qui est en train de se passer parce qu’on n’a pas de lieu fixe ni d’horaire fixe.»

«C’est du positif qui nous amène à nous mobiliser», nuance-t-elle avec le sourire, et ce positif peut être galvanisant malgré la fatigue accumulée: «Y a une énergie formidable au niveau des bénévoles. On a 150 shifts, on a plus de 120 bénévoles!»

Le festival compte deux partenaires financiers: La Ville de Montréal et Desjardins, qui servent à amortir les coûts de la logistique, alors que la location du Marché Bonsecours a été remboursée avec la Foire aux exposants. «On a un budget tight tight: on n’est pas endetté, mais tout juste.»

Prendre soin de sa communauté

La communauté du zéro déchet est animée, participative et enthousiaste. L’équipe du festival a d’ailleurs fait appel à elle pour sa campagne de socio-financement, dont l’objectif modeste de 5000$ a été dépassé de 480$. «On sait qu’il y a beaucoup d’autres projets sur le zéro déchet qui sont déjà passés: l’épicerie LOCO, l’épicerie Vrac & Bocaux», résume Laure Mabileau, et les organisatrices voulaient respecter cette communauté qui a déjà été très sollicitée.

Avec l’Association [québécoise Zéro Déchet], la structure qui chapeaute le festival, les organisatrices souhaitent dans le futur «travailler avec tout le monde, [et] porter des initiatives qui fonctionnent, explique Laure Mabileau, déverser des solutions et renforcer les solutions qui existent déjà. On veut vraiment être inclusif dans notre travail.» Parmi les idées qui seront soutenues dans la prochaine année, on trouve le circuit Zéro Déchet québécois, dont l’instigatrice est Cindy Trottier et qui parle beaucoup à l’association. Les organisatrices se sont par ailleurs découvert un talent pour identifier les freins et les leviers menant au passage à l’action, et comptent bien s’en servir pour de futures propositions.

Ce qu’elles souhaitent, à long terme, c’est «faire du zéro déchet une tendance sociétale, atteindre une masse critique: qu’il y ait assez de personnes qui fassent du zéro déchet, même si c’est pas la majorité, pour que tout le monde puisse embarquer facilement, pour que les institutions changent. Que quand tu vas à ton IGA et tout ça, qu’il y ait une offre en vrac. Et que du coup ça soit pas une démarche isolée. Que tu puisses, même quand tu es en Gaspésie [trouver tes fruits et légumes qui ne soient pas emballés et des options de vrac]. C’est difficile, c’est encore d’autres enjeux en région.»

En attendant, c’est aujourd’hui et demain qu’a lieu le premier festival zéro déchet à Montréal. Parmi la programmation touffue, Mme Mabileau recommande chaudement la conférence de Robert Reed de Recology, qui prendra l’exemple de la ville de San Francisco pour tendre vers une ville zéro déchet (ce samedi, 14h), et l’atelier-dégustation: La cuisine réfléchie, du porte-parole Daniel Vézina (dimanche, 13h).

L’entrée et toutes les activités sont gratuites, sauf les ateliers où le coût couvre le matériel avec lequel les participants repartiront.

Festival Zéro déchet de Montréal

Les 14 et 15 octobre au Marché Bonsecours, à Montréal

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