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Jérôme Payette, directeur général de l’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM)

Jérôme Payette, directeur général de l’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM)

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

J’ai débuté en tant que musicien, et après avoir fait des études en gestion, j’ai occupé différents postes dans le secteur culturel pour en arriver au poste de directeur général de l’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM) en 2015.

Parlez-nous de l’édition musicale et de votre activité en tant que directeur général de l’APEM.

L’édition musicale est fascinante et un peu méconnue! Pour bien comprendre le travail d’un éditeur, il faut distinguer l’œuvre musicale de son enregistrement. Les éditeurs de musique sont un peu comme les agents des œuvres musicales et des auteurs-compositeurs, tandis que les maisons de disques s’occupent davantage des enregistrements et des interprètes. L’œuvre, c’est la composition, les paroles et la mélodie. Le p’tit bonheur, c’est une œuvre de Félix Leclerc, qui a été enregistrée à de nombreuses reprises, par lui-même à bien des occasions, mais aussi par Groovy Aardvark et plusieurs autres. L’œuvre musicale est au cœur du travail des éditeurs de musique. Ils sont des professionnels de la gestion des droits d’auteur et travaillent au développement de la carrière des auteurs et compositeurs qu’ils représentent.

L’Association des professionnels de l’édition musicale est basée à Montréal et compte près de 45 membres qui représentent plus de 400 000 œuvres musicales. Une partie importante de notre rôle est d’intervenir auprès des décideurs ayant un impact sur le milieu de la musique. Nous sommes aussi derrière des projets comme Évangeline, une base de données de paroles de chansons, le Sommet musique et technologie de Montréal, un programme de formation sur l’édition musicale, la remise du Prix Christopher-J.-Reed pour une personne s’étant illustrée dans notre secteur, et aussi un panel dans le cadre des Rendez-Vous Pros des Francos.

Pouvez-vous nous parler des changements, que certains appellent une crise, qui affectent l’industrie musicale?

Les changements sont constants dans l’industrie de la musique, je trouve qu’on vit dans une époque fascinante! Le marché de vente de disques physiques et d’enregistrements sonores en général a été le plus touché. Selon l’IFPI, les revenus du numérique représentent maintenant 50% des revenus de l’industrie de la musique à travers le monde. Les changements continuent.

Des opportunités sont aussi apparues. Les chiffres de Statistique Canada indiquent que les revenus des éditeurs sont passés à 282M$ en 2015 alors qu’ils n’étaient que de 118,6M$ en 2005. Ces hausses de revenus ont évidemment profité aux auteurs et aux compositeurs représentés par les éditeurs. Le marché de la musique dans les productions audiovisuelles, communément appelé synchro, a été particulièrement dynamique. Les éditeurs sont bien positionnés afin s’adapter aux changements parce que les œuvres musicales génèrent des revenus dans tous les contextes où nous pouvons utiliser de la musique: les concerts, enregistrements sonores, jeux vidéo, à la télé, dans des films, les pubs, sur le web, etc.

Comment est-ce que vous abordez les changements et quelles sont vos solutions aux défis?

Un défi important est que les artistes sont de plus en plus des méga stars et les gens écoutent de plus en plus les mêmes choses. Selon Nielsen, 0,75% des titres représentent 87% des écoutes sur les services de musique en ligne au Canada, la concentration de marché est très forte. Les pourcentages sont similaires ailleurs, et probablement que ce sont les mêmes titres qui raflent tout sur tous les marchés. C’est paradoxal parce que la musique n’a jamais été aussi accessible que maintenant et il y a tellement de bonne musique faite aujourd’hui!

La découvrabilité des contenus pose problème, on propose toujours les mêmes choses au public, nos contenus sont noyés dans 40 millions de titres. L’industrie doit s’assurer de fournir les métadonnées nécessaires à la découvrabilité, mais je crois qu’il faut demander aux plateformes de musique en ligne de favoriser la découverte de notre musique au Canada. Il faut mettre de l’avant les contenus en français, nationaux et locaux, sinon on a peu de chance de les découvrir.

Il y a aussi des enjeux de modèles d’affaires et de financement qui sont complexes. Il y a des acteurs situés en périphérie de l’industrie qui profitent beaucoup de nos contenus, mais qui ne contribuent pas ou peu à l’écosystème. Je pense ici aux fournisseurs d’accès internet, aux vendeurs d’appareils qui nous permettent d’accéder aux contenus, etc. Il y a aussi la question des redevances et de la Commission du droit d’auteur. Tous ces enjeux – et plus encore – ont été portés à l’attention des décideurs provinciaux et fédéraux lors des récentes consultations publiques.

Qu’est-ce que vous souhaitez trouver à un événement comme les Rendez-vous Pros des Francos?

J’assiste à plusieurs conférences et panels chaque année et je trouve que les Rendez-vous Pros des Francos sont toujours pertinents. C’est une occasion d’apprendre et d’échanger très intéressante. L’aspect réseautage est aussi très important, une très grande partie du milieu de la musique au Québec participe aux Francos, en plus d’invités internationaux de la francophonie.

Cette année, l’APEM présente «Ils jouent du studio: la pratique des réalisateurs en 2017», le 15 juin. Le panel sera animé par Philippe-Aubert Messier (Apollo Music Store), avec comme invités Philippe Brault (Pierre Lapointe, Laurence Nerbonne, Safia Nolin, etc.), Gabriel Gagnon (Geoffroy, Milk & Bone, etc.), Clément Leduc (La Bronze, Hologramme, etc.) et le Français David François Moreau (Patrick Bruel, Thomas Lebrun, Pierre Lapointe, etc.). Je pense que ce sera très intéressant de les entendre sur le rôle des réalisateurs dans le processus de création!

À propos du panel et pour vous inscrire

Pour en apprendre davantage à propos des éditeurs

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