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Carole Chouinard, gérante d’artistes

Carole Chouinard, gérante d’artistes

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

Je suis maintenant gérante d’artistes en chanson depuis près d’une vingtaine d’années. J’ai commencé dans le domaine culturel en tant que diffuseur dans le nord du Nouveau-Brunswick, et par après je me suis installée dans la région de Moncton afin de faire la coordination d’un marché des arts de la scène. Au fil des ans et des expériences, j’ai démarré une petite boite de communication et enfin, j’ai pris en gérance des artistes francophones de l’Acadie. Je peux travailler dans les deux langues, mais je me sens plus confortable à faire des affaires dans ma langue maternelle.

Parlez-nous de votre activité de gérante d’artistes:

Je gère présentement 4 artistes à temps plein et je suis en cogérance ou en booking avec quelques autres. La gérance d’artistes prend toutes sortes de formes. J’aime beaucoup être impliquée avec l’artiste dès ses débuts. Je travaille avec Les Hôtesses d’Hilaire depuis maintenant 8 ans. J’ai commencé par travailler avec Serge Brideau [le chanteur] en tant qu’artiste solo. Avec le temps est né un premier groupe, «Serge et ses orifices»… Hum… disons que durant cette période, c’était plutôt spécial de faire le booking. Par chance, après discussion, car Serge peut être un peu entêté, le groupe a décidé de prendre le nom des Hôtesses d’Hilaire. Ça se dit mal en anglais, surtout au début, mais avec le temps, tous, anglophones comme francophones, ont appris à prononcer leur nom correctement. Ça fait du bien de voir ce groupe grandir, se développer et que de plus en plus de personnes découvrent leur grand talent.

J’ai un grand amour pour la langue et la chanson française. Peu importe le style. J’ai travaillé avec des artistes en pop, en rock, en chanson actuelle et plus vintage, en bluegrass, en country, en folk. Chaque style me permet de découvrir un nouveau monde, une nouvelle facette de notre culture.

Le travail de gérance implique à certains moments de la direction artistique, dépendant des besoins de l’artiste, mais c’est surtout la mise en place des conditions idéales pour l’artiste de créer, que ce soit de bien les entourer de professionnels pouvant les aider, et surtout, tout l’aspect financier. 

Est-ce vous percevez des différences notables entre l’industrie musicale du Nouveau-Brunswick et celle du Québec?

J’ai fait un petit stage dans une grosse boite à Montréal, pour avoir le feeling de la «grosse business». J’ai trouvé ça très ardu. Une grosse boite, pour moi, était un endroit où tout était compartimenté. Chacun travaillait à sa «spécialité» à la journée longue, sans pouvoir tout à fait développer une vue d’ensemble. Bien entendu, c’était une expérience dans une boite…. Je n’ai pas tenue plus qu’un mois-là. Mais, ça m’a permis de découvrir un autre aspect de l’industrie.

En Acadie, souvent, la gérante doit voir à tous les aspects de la carrière de l’artiste. Nous avons, certes, moins de ressources, mais, chaque matin, lorsque je m’assois à mon bureau, j’ai un nouveau défi, quelque chose de nouveau à apprendre, à apprivoiser. 

Les ressources manquantes, dont le partage d’informations, c’est sûrement une des choses qui peuvent nous faire du tord. En étant loin des grands centres, e.i. Montréal, avoir accès à des séances de formation, sur divers aspects de l’industrie, me manque cruellement. Nous avons souvent de petites sessions d’information lors de marchés style FrancoFête ou les East Coast Music Awards, mais 1 heure ici, 1 heure là, ne nous permettent pas de totalement saisir le sujet. Je suis aussi consciente que les gérants d’artistes vivant en Gaspésie ou en Abitibi ont exactement le même problème…

Autre aspect: le financement. Je sais que le “pot” n’est pas sans fond au Québec avec les programmes comme la SODEQ. Notre programme de développement de l’industrie musicale a un petit budget et habituellement, par la fin de l’été, il ne reste plus rien. Nous venons d’apprendre tout dernièrement que le programme ne sera plus géré par la province mais bien par l’association Musique Nouveau-Brunswick. Nos fonctionnaires ont fait un bon boulot pendant des années, mais ce sera plus facile pour des gens qui connaissent l’industrie de bien gérer les demandes et surtout les parachèvements.

Selon vous, pourquoi un artiste a toujours besoin d’un gérant en 2017?

L’artiste a tout à fait encore besoin d’un gérant en 2017. Sinon, il arrive tout nu devant tout ce qui se présente devant lui. Le/la gérant/e a habituellement des connaissances qui aident à guider l’artiste et surtout investit son temps, du temps que l’artiste devrait mettre à créer, pour mettre en place toutes les conditions qui lui permettra de percer sur le marché. Le gérant a aussi souvent des contacts et peu ainsi créer des alliances avec d’autres professionnel/les qui permettront à l’artiste de rayonner encore plus loin.

Comment ressentez-vous la crise de l’industrie musicale et quelles sont les solutions que vous y apportez?

La crise de l’industrie musicale… j’ai comme l’impression que l’industrie musicale a toujours été en crise, fonctionne et se développe grâce à des crises. Pour moi, une des solutions que j’apporte est surtout le développement de marchés. Le marché anglophone est vaste et il y a beaucoup d’événements qui sont prêts à accueillir des artistes francophones. Pour certains artistes, le marché scolaire est vraiment un bonus qui leur permet de faire un revenu intéressant, complémentaire à leur travail grand public. Les artistes vivent correctement avec la scène, le disque est de plus en plus une carte de visite… Les solutions, je ne les ai pas… Sinon, je serai un peu mieux nantie que maintenant. Je crois juste qu’il faut travailler ensemble et partager nos connaissances, toujours avec la vision de permettre à nos artistes de bien vivre. 

Qu’est-ce que vous souhaitez trouver à un événement comme les Rendez-vous Pros des Francos?

Ça fait quelques années que je n’ai pas eu l’occasion de participer aux rencontres Francos Pros. Ce sont lors de tels rencontres que j’ai rencontré des gens avec qui je fais affaires régulièrement, qui sont devenus des partenaires au fil de ans. J’espère élargir ce cercle… Je ne m’attends pas à des résultats instantanés, juste mettre en place des choses pour les artistes avec qui je travaille.

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