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«Restez vous-même!» – Hélène Many, fondatrice et rédactrice en chef de BeCult

«Restez vous-même!» – Hélène Many, fondatrice et rédactrice en chef de BeCult

Pour Hélène Many, la passion de l’écriture a commencé très tôt. «Depuis toute petite, j’aime écrire. Non seulement le geste en lui-même, la sensation du stylo-bille qui glisse sur le papier pour former des lettres, des mots puis des phrases entières, mais aussi le fait d’utiliser les termes qui correspondent le mieux à ce que je souhaite exprimer, de trouver les mots justes. Après avoir obtenu mon Master en journalisme, j’ai cherché un emploi dans le secteur.» C’était sans compter le milieu difficile, qui offre très peu de places pour beaucoup d’intéressés.

«Je me suis dirigée vers la communication et ai décroché un premier job en tant qu’attachée de presse. À l’heure actuelle, je travaille en tant que chargée de communication et relations de presse dans un centre culturel. Même si par certains côtés, le métier de chargée de comm est assez proche de celui de journaliste, je me sentais frustrée de ne pas pouvoir exercer la profession pour laquelle j’avais étudié.» Et c’est à ce moment qu’est née l’idée de créer son propre blogue. «Avec l’arrivée d’internet, l’accès à l’information et sa diffusion se sont démocratisés. Étant fan de musique, j’ai décidé de créer un blogue sur lequel je publiais régulièrement des critiques de concerts auxquels j’avais assisté à titre personnel. Petit à petit, je me suis créé un réseau dans le secteur de la musique, et en particulier de la musique indépendante. Fin 2012, vu l’enthousiasme que générait mon projet, j’ai lancé BeCult

Un webzine qui a bien vite pris du galon: «Au départ seule à la barre, j’ai au fur et à mesure été contactée par d’autres personnes souhaitant m’offrir leurs services en tant que rédacteur ou photographe. Aujourd’hui, nous sommes cinq à rédiger des articles et à peu près le même nombre de photographes. Nous travaillons presque tous à temps plein (parce qu’il faut bien payer ses factures) la semaine et consacrons notre temps libre et nos week-ends à faire fonctionner BeCult. Ce qui m’a poussée à fonder BeCult, c’est donc une frustration personnelle (celle de ne pas avoir trouvé un job en tant que journaliste), mais aussi ma passion pour l’écriture et la musique ainsi que l’envie de parler (et de faire parler) de groupes méconnus du grand public.»

«Les médias traditionnels accordent de moins en moins d’espace à la culture.»

On se doute déjà que BeCult est très courtisé par les artistes émergents et indépendants. Comment la rédactrice en chef fait-elle pour sélectionner les sujets couverts à travers les nombreuses sollicitations hebdomadaires? «Même si on essaie tant que faire se peut de varier les genres journalistiques qui figurent sur le site (interview, critique d’album, critique de concert, compte rendu de festival, etc.), il faut savoir qu’on consacre la plupart de nos colonnes à des reviews de concerts. En début d’année, chaque rédacteur et photographe faisant partie de l’équipe peut proposer sa propre liste de concerts à ne pas manquer. En tant que rédactrice en chef, j’en prends connaissance et opère un tri en me posant les deux questions suivantes: Le groupe correspond-t-il à notre ligne éditoriale? Le groupe propose-t-il une «musique de qualité»? Si la réponse à ces deux questions est oui, je contacte les organisateurs pour obtenir une accréditation et le label du groupe pour obtenir un pass photo. Il arrive parfois qu’on nous refuse une accréditation ou un pass photo et donc qu’on ne couvre pas le concert comme prévu.»

Une couverture pourtant primordiale, selon Hélène Many: «Les médias traditionnels accordent de moins en moins d’espace à la culture en général et, en particulier, à la musique et au cinéma. Les lecteurs curieux se tournent alors vers d’autres sources d’information comme les blogues et les webzines. Je pense qu’ils ont un rôle important à jouer dans la diffusion d’une culture alternative.» Que croit-elle que BeCult apporte au paysage médiatique de la Belgique? «Une source d’information culturelle alternative, libre de toute pression puisque non liée à des annonceurs publicitaires comme la plupart des médias traditionnels.»

La pression se trouve plutôt à un autre niveau… «Malgré leur nombre important et leur rôle essentiel, les webzines sont encore trop souvent mis de côté par les acteurs de l’industrie musicale. Heureusement, en Belgique, on est plutôt solidaire. À force de se croiser à l’un ou l’autre concert, on tisse des liens entre membres de webzines et on n’hésite pas à s’entraider quand il le faut. Il nous est déjà arrivé de dépanner un autre webzine en lui offrant quelques photos d’un concert pour lequel il n’avait pas pu obtenir une accréditation, par exemple. Et inversement, nos homologues volent aussi parfois à notre rescousse.»

«Donnez-vous à fond dans ce que vous faites!»

Selon la rédactrice en chef de BeCult, quel sera le plus grand obstacle sur le chemin des artistes qui débutent? «Le manque de moyens financiers. Faire de la musique coûte de plus en plus cher: il faut investir dans du matériel, un local de répétition, trouver les ressources nécessaires pour presser un album, mais aussi s’entourer de personnes compétentes pour promouvoir son projet… Les personnes spécialisées dans la promo ont en effet un réseau de contacts dans les médias et dans l’industrie musicale et connaissent leur boulot. J’ai déjà eu affaire à des groupes qui essayaient de tout gérer eux-mêmes sans grand succès et puis qui, en s’entourant des bonnes personnes, ont vu leur carrière «décoller».»

Bien s’entourer c’est bien, mais bien se connaître, c’est encore mieux: «Restez vous-même! Quand un artiste/groupe essaie de se donner un genre qui n’est pas le sien, ça se sent. Donc n’essayez pas d’être le nouveau Thom Yorke ou la nouvelle Janis Joplin: soyez vous-même et donnez-vous à fond dans ce que vous faites.»

BeCult

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