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Les multiples aspirations de StrangerFamiliar

Les multiples aspirations de StrangerFamiliar

Ilichna Morasky a immigré du Chili au Canada, avec sa famille, lorsqu’elle avait deux ans. Baignant à la fois dans sa culture natale et le dynamisme de son pays d’adoption, on lui reconnait volontiers une audacieuse force issue de cette double culture. Son EP, Fire Under Water, sorti en décembre dernier, lui a d’ailleurs insufflé l’envie de partir enregistrer son album à Santiago l’hiver prochain. Ce n’est pas non plus un hasard si les notes à la fois mélancoliques et chimériques de ses morceaux nous envoûtent, nous bercent et nous amènent presque au sommet des Andes chiliennes, avec ce qu’il faut de singulier pour leur reconnaître diverses inspirations.

Designer graphique, illustratrice et photographe de formation, elle est titulaire d’un baccalauréat en design de l’Ontario College of Art & Design de Toronto et d’un diplôme en illustration et Beaux-Arts. Lorsqu’elle pose finalement ses valises à Montréal en 2013, elle intègre le certificat en photographie de l’Université Concordia. Elle a travaillé pendant quatre ans comme designer chez DAVIDsTEA, a réalisé de nombreuses affiches, pris des milliers de photos et exposé ses œuvres à de nombreuses reprises. Bref, sans même évoquer sa musique, on voit bien qu’Ilichna est une artiste polyvalente. « Être designer c’est quelque chose de plus mécanique, explique-t-elle. Et finalement, artiste c’est une belle façon de me définir puisque le dessin et la musique ont toujours été une très grande partie de ma vie. »

Elle n’a toutefois pas étudié la musique, mis à part quelques leçons de guitare très basiques au secondaire, mais elle aime toucher à tout : on reconnait à la fois du ukulélé, des percussions et des sonorités électroniques dans ses compositions. « Je ne peux simplement pas faire une chose à la fois, rapporte-t-elle, sourire aux lèvres. Je souhaitais jouer de différents instruments mais étant donné que cela coute cher et prend du temps, j’ai commencé à apprendre dans mon coin, petit à petit ».

En effet, cela faisait six ans que StrangerFamiliar souhaitait s’exprimer aussi à travers la musique. Mais là où le bat blessait, histoire classique, c’était du côté de sa grande timidité. « Je me sabotais moi-même, avoue Ilichna. J’avais peur de montrer mon travail, je me sentais un peu cloisonnée dans mon appartement et pas vraiment libre. C’était difficile de laisser s’exprimer ce qu’il y avait à l’intérieur de moi. »

Elle confie que cet EP a agi sur elle comme une thérapie. Épaulée par ses amis et bien décidée à se lancer au printemps 2015, elle publie au mois de mai une première chanson sur son compte Soundcloud avec uniquement sa voix, mixée tant bien que mal avec GarageBand. « Je commençais à peine et je voulais tester, expérimenter et montrer aux gens que je pouvais, peut-être, faire de la musique » révèle-t-elle avec sincérité.

Encore aujourd’hui, l’instrument dont elle joue le plus demeure sa voix qu’elle aime superposer, morceler et mixer, variant ainsi son intensité, ses rythmiques et ses émotions. « Apprendre à faire de la musique, cela ressemble presque à un accident en fait : on essaye de voir ce qui fonctionne et ce qui ne résonne pas », ajoute-t-elle.

Lorsqu’on lui demande de citer quelques musiciens qu’elle admire, ce sont des noms de femmes détonantes, authentiques et aux timbres de voix particuliers qu’elle nomme. Elle mentionne sans aucune hésitation les deux suédoises, Karin Dreijer, chanteuse des groupes The Knife et Fever Ray, et Lykke Li. « Lykke Li expliquait dans une entrevue qu’elle écrit des chansons soit pour faire danser les gens, soit pour les faire pleurer et j’aime cette idée, confie-t-elle. Ma musique est avant tout une activité de guérison [healing activity]. » Avec son bilinguisme pour atout, Ilichna souhaite composer en espagnol à l’avenir. Laissant toujours une place à ses racines, elle explique que la chanteuse chilienne Violetta Parra est la première musicienne l’ayant réellement touchée.

StrangerFamiliar, c’est donc cette identité artistique qu’Ilichna Morasky s’approprie lorsqu’elle peint, illustre, photographie, designe, joue du ukulélé et chante. Mais elle n’allait pas s’arrêter là. Il y a Señuelo aussi. « Lorsque je suis fatiguée de dessiner ou de chanter, je regarde Netflix et je créé des bijoux en même temps, indique-t-elle. C’est une autre façon d’être créative. » Jonglant perpétuellement entre tout ce qu’elle aime faire, Ilichna vendra des créations de sa marque de bijoux au Marché des Possibles cette fin de semaine.

Elle endossera le rôle de StrangerFamiliar ce jeudi soir sur la scène de la Sala Rossa dans le cadre du Festival Montréal Électronique Groove (MEG) qui se déroule du 21 au 31 juillet. Encore émerveillée et surprise à la fois que les programmateurs du festival l’aient découverte sur internet, elle semble néanmoins déterminée à faire découvrir son univers musical empreint de délicatesse.

StrangerFamiliar : site web | instagram | soundcloud | behance

En concert le jeudi 21 juillet à la Sala Rossa dans le cadre de la 18ème édition du Festival Montréal Électronique Groove (MEG).

Señuelo au Marché des Possibles cette fin de semaine

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