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Le Livart: unir les arts actuels, ses acteurs et le public

Le Livart: unir les arts actuels, ses acteurs et le public

C’est à l’angle des rues Saint Denis et Duluth qu’un ancien presbytère se reconvertit présentement en centre artistique et culturel: Le Livart. Ses propriétaires, Cindy Tessier-Trudeau et Marc O’Brien-Miro, sont tombés en amour il y a quelques années avec l’architecture et le potentiel de ce sanctuaire établi par les frères dominicains en 1954. À partir de là était né le désir d’en faire un lieu authentique. 

« La problématique de départ a été celle de se réapproprier le bâtiment et de le transformer en espace pour le public sans construire des condos, indique la directrice du Livart, Virginie Fisette. Avant, les édifices religieux appartenaient à tout le monde, les lieux de culte étaient ouverts: nous souhaitons rester dans cette dynamique de collectivité ».

Afin de faire cohabiter l’ancien et le neuf, la SHED Architecture réalise depuis six mois une rénovation soucieuse de conserver le cachet historique, tout en dotant l’espace de 19 000 pieds carrés d’un aspect modernisé. « Ce sera très épuré afin de mettre en valeur les œuvres d’art, mais on conserve les boiseries, les cadres de portes et l’ancien escalier en bois » précise Madame Fisette. La SHED prévoit la construction d’une descente de verre très avant-gardiste, et ressuscitera également le couvent d’autrefois pour l’adapter en studios d’artistes prêts à accueillir des créateurs. « On ne dénaturalise pas l’édifice, on va d’ailleurs dépoussiérer le confessionnal afin d’y accueillir une œuvre interactive » ajoute-t-elle.

Ce qui, à l’heure actuelle, est un énorme chantier poussiéreux, promet l’édification d’un centre multidisciplinaire aux allures atypiques.

Offrir un espace culturel et artistique au public

Le Livart souhaite devenir et demeurer un lieu propice à la création d’une communauté. Les visiteurs auront la possibilité de fréquenter le centre pour ses expositions, mais également de se promener à travers les 12 studios d’artistes, de flâner dans la cour intérieure ou encore de passer une soirée sur le toit de l’immeuble. « On souhaite démocratiser le dialogue entre le public et le travail des artistes, le rendre possible et convivial; et pour cela, on va prévoir des heures d’ouvertures praticables pour les travailleurs en 9 à 5. On demeurera ouverts le soir et les fins de semaine afin de permettre à tout le monde de profiter du Livart », déclare la directrice.

La cofondatrice Cindy Tessier-Trudeau s’efforce également de faire du centre d’art un lieu ouvert et avenant. Par l’entremise de cours pour adultes et enfants, mais également à travers le choix d’accueillir des artistes aux profils distincts et aux disciplines différentes dans les studios, l’ancien presbytère espère toucher plusieurs publics qui ne se ressembleront pas toujours. Le Livart souhaite à tout prix éviter l’élitisme, tout en offrant des activités et expositions de qualité. « Tout le monde doit se sentir bien ici, artistes émergents, artistes établis et notamment le public, explique-t-elle. Lorsque des visiteurs sont mal accueillis dans une galerie parce qu’ils ne sont pas perçus comme des acheteurs potentiels, ils ne reviendront probablement jamais et se désintéresseront peut-être de l’art… C’est vraiment pas ce qu’on veut faire! »

Le Livart souhaite offrir visibilité et inspiration en installant les artistes au dessus de la partie galerie d’art. « Beaucoup d’artistes montréalais cherchent des espaces où créer et exposer, mais il est difficile de trouver un endroit qui a une âme. Nous offrons des surfaces de création qui respirent les arts avec un public qui vient se promener et dialoguer avec eux aisément, développe la directrice. Les artistes pourront ensuite exposer leurs œuvres en bas, ils pourront enseigner dans les cours, les personnes qui viendront dans la grande salle évènementielle verront finalement aussi les œuvres. » 

Le centre s’engage à expérimenter et diversifier les styles d’art actuel qu’il exposera, sans se restreindre aux valeurs traditionnelles de certaines galeries. Un musicien fait notamment partie des talents hébergés en studio, et l’équipe exécutive souhaite accueillir des œuvres en art numérique.

Mettre Montréal de l’avant

L’espace multidisciplinaire constitue un réel défi pour les fondateurs qui y voient la possibilité de faire rayonner la vie culturelle de Montréal, et surtout à terme, de pouvoir travailler activement avec les artistes d’ici souvent tentés par le fait de traverser la frontière pour vivre de leur art. « Dans les grandes métropoles, il y a toujours un pôle artistique en avant plan. À New York, si tu veux consommer de l’art contemporain, tu vas à Chelsea! illustre Virginie Fisette. On veut montrer qu’à Montréal, on peut aussi construire ça. On va accueillir des artistes internationaux, mais on veut également soutenir les talents montréalais et constituer notre propre pôle d’art contemporain. »

Les dirigeants de la Société de développement commercial de la rue Saint-Denis favorisent en ce moment la formation d’une nouvelle identité plus artistique pour le quartier. Le Livart espère ainsi volontiers voir foisonner autour de lui des galeries d’art afin de constituer une véritable zone riche en culture.

Pour le moment, afin de voir éclore une communauté montréalaise en faveur du développement et de la promotion de ses arts à grande échelle, Le Livart invite les acteurs du milieu à travailler avec lui. « On aimerait ça travailler avec le festival MURAL ou encore accueillir des organisations telles que MASSIVart dans nos espaces destinés à l’évènementiel et à la culture. De cette manière se créera un véritable dynamisme et un partage de notre espace. » prévoit Virginie Fisette. 

Labrona, Jonathan Bergeron (alias Johnny Crap) et Kevin Ledo, trois artistes montréalais de street art dont le travaille rayonne aussi à l’international, seront parmi les premiers résidents du Livart. 

Le Livart promet de la diversité avec des vernissages très réguliers. Des grandes expositions thématiques seront également au programme tous les deux mois. Le premier thème prévu en septembre est le portrait.  

Le Livart – 3980 rue Saint Denis, Montréal – ouverture prévue le 15 septembre 2016

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Dans cet article, sont utilisés indifféremment les termes « art contemporain » et « art actuel » afin de définir les pratiques et courants artistiques de l’époque présente.

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