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« Je ne croise pas beaucoup d’artistes qui rêvent en couleur. » – Sylvie Courtemanche, directrice générale des Francouvertes

« Je ne croise pas beaucoup d’artistes qui rêvent en couleur. » – Sylvie Courtemanche, directrice générale des Francouvertes

Le populaire concours nous a permis de découvrir, à travers les années Karkwa, Philippe Brach, DobaCaracol, Les Breastfeeders, Alfa Rococo, Les Cowboys Fringants, les soeurs Boulay et de nombreux autres. Entrevue avec Sylvie Courtemanche, directrice générale.

Si l’événement est devenu un incontournable de la relève musicale, permettant à des artistes en début de carrière d’offrir une prestation dans un cadre professionnel, il a réussi à garder son côté très chaleureux, à la va-comme-je-te-pousse. Il faut dire que Les Francouvertes, qui ont vu le jour en 1995 grâce à l’organisme Faites de la musique, ont connu leur lot de rebondissements: après une pause en 2003, le concours musical est revenu à la vie en 2005 à la suite d’une restructuration importante.

Comment un événement de cette ampleur réussit-il à tenir le cap en touchant (très) peu d’aide financière? Courtemanche admet d’emblée que c’est Courtemanche Communications – un service qu’elle offre en amont des Francouvertes – qui permet au concours de ne pas prendre l’eau. « C’est ce que je faisais avant! Quand j’ai reparti les Francouvertes, j’ai tout simplement continué à faire des relations de presse. Ce volet nous permet vraiment de prioriser le concours: c’est atypique, puisqu’on essaie de garder les prix très bas. » Vous l’aurez compris: le but, c’est que les artistes soient vus le plus possible. « On donne beaucoup de billets, il y a beaucoup de médias… »

Une vision à long terme qui risque de rapporter beaucoup plus aux musiciens participants, et qui remplit bien les journées de Courtemanche. « Je fais de tout, tout, tout! » s’exclame-t-elle en riant. « Mon rôle, c’est de voir à l’ensemble des dossiers, que ce soit d’aller porter des affiches au Club Soda, renouveler les commandites ou organiser les aspects techniques des soirées. » Tout ça sur plusieurs mois: si la finale du concours a généralement lieu en mai, le travail commence bien avant. Entre la recherche des porte-paroles, la sélection des participants, la gestion de Courtemanche Communications et de la série de concerts Révèle la relève, l’équipe n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer.

Qui, quoi, comment?

Chaque année, Les Francouvertes reçoit environ 200 candidatures. Comment choisir seulement 21 participants? « On fait d’abord une présélection grâce à un comité de 30 à 40 personnes. Des personnes de l’industrie, des journalistes… Chacun a 25 à 50 dossiers à écouter. C’est le même pointage qu’aux soirées des Francouvertes! Et c’est exactement le même principe: une discussion s’installe. »

Est-ce que cette sélection se fait sans heurt? Éclat de rire au bout du fil: « J’ai parfois dû trancher entre deux artistes qui ont la même note. Si un musicien nous offre une avenue qui sort de l’ordinaire, il risque d’être plus retenu que celui qui a un son moins original. Sincèrement, on a parfois refusé des gens qui ont aujourd’hui une belle carrière, qui ont revisité leur musique… Les Francouvertes, ce n’est pas nécessairement une finalité. »

Des choix qui, tout de même, ont leur lot de conséquences. « C’est toujours stressant la sélection! (Rires) On ne fait pas une programmation, et en plus, on est très suivis. On ne peut pas se mettre la tête dans le sable! Dès que quelque chose ne plaît pas à un artiste ou à un spectateur, on se le fait dire. Le moindre petit changement suscite beaucoup de débats! Aujourd’hui, c’est clair qu’on doit garder un certain standard. »

Aux premières loges de la relève

En tant que directrice générale des Francouvertes, Sylvie Courtemanche porte un regard privilégié sur ceux qui feront bientôt la pluie et le bon temps dans le paysage musical québécois. À force de discussions de coulisses et de jasettes entre deux spectacles avec les artistes, elle croit fermement que la plupart des musiciens sont conscients de ce qui les attend en se lançant dans une carrière musicale. « Je pense que la plupart des artistes sont assez réalistes. Je ne croise pas beaucoup d’artistes qui rêvent en couleur. Dans le contexte actuel, la plupart veulent demeurer indépendants et autoproduits. Je n’entends plus tant les musiciens rêver de contrats de disque! (Rires) » Jouer donc pour le plaisir, puisque le profit n’est peut-être plus possible?

Un des meilleurs conseils qu’elle peut donner – et on se doute qu’elle en a plusieurs autres dans sa manche – aux artistes qui débutent, c’est « de ne pas brûler les étapes. Il ne faut pas tout laisser tomber du jour au lendemain. Si l’artiste commence avec plein de bonnes intentions, mais peu d’outils, ça risque de tomber à l’eau. » Un conseil qu’on sait, d’emblée, très avisé.

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