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«Il faut bien gérer sa compagnie, c’est-à-dire soi-même.» – Joel Couture, coordonnateur du développement de la musique francophone chez Manitoba Music

«Il faut bien gérer sa compagnie, c’est-à-dire soi-même.» – Joel Couture, coordonnateur du développement de la musique francophone chez Manitoba Music

De la musique francophone au Manitoba? Que oui. Si bien que Manitoba Music – un organisme sans but lucratif dédié aux artistes, maisons de disques, gérants, producteurs et autres – a élargi sa sphère d’activités en ouvrant le programme de musique francophone il y a quelques années. L’idée? Bien servir les musiciens francophones de l’Ouest canadien, qui ont besoin d’autant – sinon plus – de soutien que leurs compères anglophones. Entrevue avec Joel Couture, coordonnateur du développement de la musique francophone.

Manitoba Music, comment ça fonctionne? « Le but, c’est de donner des informations, d’aider les artistes et par le fait-même, de permettre à l’industrie musicale de l’ouest du Canada de se développer. » Ateliers de développement professionnel, vitrines musicales, consultations, événements publics pour 750 membres anglophones et une quarantaine de membres francophones… Ça bouge du côté de Manitoba Music! Musicien lui-même, notamment à la guitare pour Matt Epp et Justin Lacroix, Couture affirme avoir un point de vue très réaliste sur l’industrie. « En portant le chapeau d’artiste et de coordonnateur, je peux parler aux artistes des vraies choses, des réalités du métier. »

Si les talents affluent au Manitoba, ça n’empêche pas la région d’avoir un milieu musical minoritaire. Et donc, de devoir mettre les bouchées doubles pour arriver à faire ses marques. « C’est certain qu’il y a une force culturelle dans l’Ouest. Il y a toujours de l’action! Mais on est quand même isolé. Il n’y a pas beaucoup de maisons de disques, de gérants… J’aimerais que l’industrie musicale soit plus vigoureuse, c’est clair. Quand on se regroupe, ça aide. Ça donne une belle énergie. »

Le Québec, terre promise?

Malgré ces belles opportunités, certains décident de quitter la province pour se diriger au Québec, notamment. Surtout les artistes francophones, la clientèle principale de Couture, qui se retrouve plus souvent qu’autrement devant des spectateurs anglophones au Manitoba. Un public réceptif certes, mais qui apprécie d’autant plus les chansons en anglais. « Dans la province, 3% des habitants ont le français comme langue maternelle. Les artistes francophones sont vraiment en minorité. Souvent, ils vont faire la première partie d’un musicien anglophone, par exemple. »

Heureusement, Couture sent une belle ouverture de la part du Québec. « Je vois vraiment l’intérêt, le support des organismes québécois, mais aussi partout au Canada. Ça m’intéresse beaucoup de développer ces relations pour aider les artistes d’ici à faire rayonner leur musique à l’extérieur du Manitoba. »

« C’est le côté business qu’on vise. »

Chez Manitoba Music, le focus est clair: renforcer les liens des artistes avec l’industrie. « On veut mieux équiper les artistes par rapport à leur connaissance du monde des affaires. Aujourd’hui, un artiste doit aussi être un entrepreneur. Il faut bien gérer sa compagnie, c’est-à-dire soi-même. Il faut savoir faire un plan de carrière, gérer ses finances, faire des demandes de subventions… »

En général, le coordonnateur du développement de la musique francophone trouve que les artistes avec qui il a la chance de travailler ont déjà une bonne base de connaissances. « La plupart savent très bien où ils vont et comment y arriver. Certains ont besoin de plus d’aide, c’est vrai! (Rires) » En arrivant dans le bureau de Couture, les artistes peuvent être certains de recevoir ce conseil primordial: « Il faut garder le focus. L’artiste porte plusieurs chapeaux et il peut se perdre là-dedans. Ça commence par un bon équilibre: sommeil, nourriture, exercice… » Tout pour avoir la force de foncer « comme un bison », selon les propres mots de Couture. Tenez-vous le pour dit!

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