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Toujours vivant: l’engouement pour le skate à Sherbrooke

Toujours vivant: l’engouement pour le skate à Sherbrooke

C’est dans les locaux de Shredco qu’on rencontre Vincent Beauchemin et Antoine Gingras. Les deux hommes, qui se connaissent depuis l’adolescence, sont devenus amis sur le tard il y a 4 ans, alors qu’ils sont recroisés dans un skatepark. « Étant plus vieux, c’est plus rare que tu croises quelqu’un de ton âge dans un parc, explique Vincent Beauchemin. On s’est jasé tout de suite et on s’est tout de suite bien entendu. »

Au fil des discussions surgissent certains sujets: « la scène de skate, l’état des skateparks, ce qu’on pourrait faire pour améliorer les choses », énumère Vincent Beauchemin. Lui et Antoine Gingras décident de mettre en commun leurs talents complémentaires (le premier, anciennement courtier immobilier, est entrepreneur et fonceur, l’autre a des talents certains pour construction et son tempérament est plus réfléchi) et fondent leur entreprise, Shredco.

Shredco occupe maintenant les spacieux locaux d’un ancien ébéniste. Les deux skateurs se sont aménagé un beau terrain de jeu, à la fois espace où skater, construire leurs modules et faire des tests avec le béton, un matériel plus durable et moins bruyants pour le skate. « On appelle ça le Secret lab, pas juste parce que c’est drôle comme nom » expose Beauchemin. « On fait plein de tests ici, que ce soit en skate ou en construction. »

La compagnie, qui a grandi au fil des ans, a su bâtir sa réputation au fil des contrats grâce à la confiance que ses clients ont mis en elle. Même chose pour Skateducation, autre compagnie elle aussi dirigée par Beauchemin et Gingras, qui donne de la formation de skate aux jeunes, qui s’est implantée dans le milieu grâce à l’implication qu’avaient les deux hommes dans la communauté sherbrookoise du skateboard.

« Ça remonte à loin. J’avais commencé à travailler avec les jeunes au Triolet, raconte Beauchemin. La première année que j’étais là c’était bénévole, la deuxième année un petit salaire. » C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Clôde Beaupré, artiste, passionné du skate et un professeur d’arts plastiques qui souhaite y démarrer un programme skate étude. Beauchemin se joint immédiatement au projet en tant que coach: « J’avais juste le goût de redonner au sport ce qu’il m’avait apporté pendant toutes ces années-là, le positif que j’avais tiré de ce sport-là. » Il est maintenant coresponsable du programme, et Skateducation multiplie son implication. « Plus ça allait, plus on donnait des cours, puis maintenant on a des programmes dans certaines écoles de la région, que ce soit parascolaire ou des programmes officiels style concentration sportive. »

Avec le programme sport-études concentration skate, en plus d’une motivation accrue envers l’école (les participants se doivent de conserver une certaine moyenne pour faire partie du programme), les adolescents apprennent à se respecter les uns les autres et à se dépasser. « Le fait que les jeunes apprennent ça tôt, ben tant mieux parce que ça se reflète dans les skate parks, pis tu vois que les jeunes se tolèrent entre eux autres. » raconte-t-il avec fierté. « On pense que c’est important. Ça a peut-être pas toujours été comme ça dans le skate, et moi quand j’étais jeune j’aurais aimé ça que les vieux soient un peu plus cools avec moi. Donc j’essaie d’être ce que j’aurais aimé qu’on soit quand j’étais jeune. »

Artflip

Si le skate est le vecteur de motivation et d’apprentissage de valeurs qui serviront aux jeunes pour la vie, la planche peut aussi être un support d’expression artistique, littéralement. Clôde Beaupré, celui-là même qui a fondé le programme Skate étude au Triolet, est à l’origine de l’exposition Artflip, qui avait lieu plus tôt cette année au Centre culturel Françoise-Dunn, et qui arrivera à la Fresh Paint Gallery à Montréal la semaine prochaine.

Appelée Graffiti et art urbain les trois premières années, l’exposition compte depuis deux ans sur l’apport de Vincent Arnold au commissariat, ce qui a contribué à susciter plus d’intérêt envers le projet. Des 30 artistes de partout au Québec l’année dernière, la deuxième édition a pu compter sur la participation de pas moins de 50 artistes, dont une quinzaine de Sherbrooke, et 71 planches. « Ça couvre large en territoire et ça couvre large en style », expose Clément Drolet, directeur pour le comité Art et culture Jacques-Cartier, l’organisme qui a servi de catalyseur à l’exposition. 

« Il y a eu beaucoup de médiums qui ont été présentés, il y a beaucoup de techniques aussi. […] Il y a des graveurs, mais il y a aussi des artistes en arts visuels, t’as des tatoueurs, t’as des illustrateurs, t’en as qui sont en arts graphiques, t’as des designers… On ne parle plus rien que de graffiti, c’est plus large que ça. » se réjouit-il. Les techniques sont très diverses: collage, tissage, illustration, gravure, en plus d’une installation et d’une sculpture temporaire. « Le commentaire que j’ai entendu le plus souvent pendant le vernissage, c’est: y a pas grand place où on peut faire ça, [avec] autant de styles différents. D’avoir l’audace de dire, oui, peu importe. »

Et ce sont certainement cette diversité et cette inclusion des voix qui contribuent à garder le skate bien vivant à Sherbrooke. Montréalais, ne manquez pas cette manifestation artistique dès le 1er avril à la galerie Fresh Paint.

Crédit photos et entrevues: Caroline Dostie

Texte: Maryse Boyce

Artflip

à la Fresh Paint Gallery du 1er au 30 avril | événement facebook

Skateducation: site officiel | facebook

Shredco: site officiel | facebook

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