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Histoire de bureau de Marie Goiset, fondatrice de MAGÖ

Histoire de bureau de Marie Goiset, fondatrice de MAGÖ

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?
Je suis Marie, aujourd’hui couturière, mais mon parcours n’a pas été tout à fait direct même si j’ai toujours été passionnée par le vêtement en général et la confection en particulier. Je suis petite-fille d’une couturière. Elle m’a toujours fascinée. Je me demandais par quel miracle elle réussissait à transformer un carré de tissu en vêtements pour mes poupées, ou en robe de demoiselle d’honneur pour un mariage!

Pendant longtemps, je transformais mes vieux vêtements pour leur donner une seconde vie: je coupais un t-shirt et je le resserrais pour en faire un top asymétrique, un pantalon devenait une jupe… Mais j’avais, à cette époque, de grosses lacunes au niveau de la technique, et de manière générale, mes modifications ne survivaient pas au lavage ou bien même à la soirée!

Après une licence en socio-anthropologie et deux années à faire de petits boulots, je me suis finalement lancée: j’ai passé un CAP de mécanicienne couture. J’ai ensuite travaillé quelques années en “ateliers” (entendez par là en usine, sur des chaînes de montage). J’ai rencontré des femmes extraordinaires, elles avaient de l’or dans les doigts, savaient monter n’importe quel vêtement, faire n’importe quelle opération à la perfection, j’étais complètement éblouie. Mon but était d’arriver à ce niveau de technique.

Même si cette période fut très riche au niveau de mon apprentissage, cela ne ressemblait en rien à ce que je voulais faire en réalité. Quiconque a déjà travaillé sur une chaîne de fabrication de vêtement (ou dans d’autres secteurs) saura que, même si vous êtes très excité de travailler pour de grandes marques ou de grands créateurs de mode, votre travail réel ne se limite qu’à une ou deux opérations extrêmement répétitives et avec des obligations de rendement et une discipline de fer. J’ajouterai aussi que l’on ne fait jamais un vêtement dans son intégralité, on ne voit même pas ce que ça donne à la fin… Bref, au delà des conditions de travail très dures et de la frustration, je voulais garder un peu de magie dans ma passion. J’ai donc quitté l’usine où je me trouvais et j’ai commencé à réfléchir à une autre manière de vivre de la couture.

Votre emploi actuel:
Aujourd’hui je suis donc couturière, à mon compte, je suis auto-entrepreneure et j’ai créé MAGÖ, un univers de créations textiles. J’ai passé le pas avec deux amies rencontrées lors de mon CAP, elles aussi ayant fait l’expérience de l’usine et ne voulant pas y rester. Nous nous sommes donc aidées pour les démarches administratives et le reste…

Je ne suis pas sûre aujourd’hui que j’y serais arrivée aussi facilement sans leur aide, leur motivation, car c’est un sacré pas en avant. J’avais toujours été salariée et je n’avais jamais fait une facture de ma vie! Je suis donc couturière à mon compte: j’aime dire que je fais tout, je fais de l’ourlet de pantalon à la robe de mariée sur mesure, en passant par quelques collections de sacs, de vêtements pour enfants ou de coussins.
J’aime tout dans ce métier et surtout la diversité qu’offre ce savoir-faire. Il n’y a pas de frontières dans la création textile…Elle va partout, dans tous les domaines.

Dans quelle ville:
Je suis originaire de la banlieue parisienne, j’ai vécu également une dizaine d’années en Normandie, à Honfleur et Caen, pour revenir passer une année décisive à Paris intra muros. Je me suis finalement installée à Nantes pour passer mon CAP à Cholet. Cette ville m’a tout de suite plu. Sa taille, son énergie, sa population… On pouvait enfin voir le ciel et l’eau est omniprésente! Bref, je ne voyais aucune raison de quitter Nantes, j’y suis donc restée et j’y ai commencé mon activité.

Un mot pour définir quel type de travailleur vous êtes:
Je suis un travailleur “fluctuant” je crois… Je peux travailler très dur et ne pas voir le jour pendant des semaines, être complètement obnubilée par une seule et unique chose. Travailleuse acharné donc.

Et je peux vivre d’autres périodes pendant lesquelles je suis beaucoup moins productive que ce soit dans la création ou dans le rendement.
J’ai mes périodes de creux, de remise en question. Mais quand un projet me tient à cœur, je ne lâche rien et je trouve toujours le moyen de faire et de bien faire surtout. Je pense que c’est aussi pour cela que l’auto entreprise me va bien pour le moment, elle me permet de vivre ces vagues de créativité et ces ressacs… un peu moins prolifiques.

Quels outils sont essentiels à vos vies (app, logiciel)?
Sans aucun doute, mes machines à coudre: une piqueuse plate industrielle et une surjeteuse que ma famille m’a offerte pour mon anniversaire. Elles sont indispensables dans mon travail, elles sont l’essence de mon travail. Je ne pourrais pas m’en passer, ni de l’une ni de l’autre. L’une pour toute les coutures, l’autre pour être sûre de faire un travail propre et bien fini.

J’ajouterai peut être mes carnets… Enfin tous les papiers que j’utilise pour dessiner, prendre des notes et noter des idées et faire des listes, des dizaines et des dizaines de listes de choses à faire.

À quoi ressemble votre espace de bureau?
Mon espace de travail est assez vaste. Il se divise en plusieurs parties: Le bureau pour dessiner, travailler le patronage et la coupe du tissus.
L’espace des machines qui forment un triangle: Les machines à coudre en angle droit et la table à repasser derrière. Une installation optimale pour perdre le moins de temps possible (ce sont sans doute des restes de mon passage en usine!)
Il y a l’espace de rangement, là où sont stockés les tissus et toute la matière nécessaire (rubans, élastiques, boutons…)
Et enfin il y a les murs au dessus de ma machine… Ceux qui me permettent soit de me concentrer quand j’en ai besoin, soit de me libérer l’esprit quelques minutes. Ils sont le plus souvent recouverts de photos d’amis ou de famille, d’images de magasines, des dessins… Bref de toutes sortes de choses qui ont plus ou moins de rapport avec mon travail, et qui m’aident à me recentrer si besoin.

Qu’écoutez­-vous comme musique en travaillant?
De manière générale, le matin c’est la radio, les informations. Et l’après-midi c’est musique. Je viens de découvrir une application : radiooooo.com, elle permet de choisir son pays, sa décennie et le rythme de la musique, et vous propose une sélection de morceaux plus ou moins connus. Elle me permet de découvrir une quantité incroyable de sons que je n’aurais jamais écoutés. J’écoute donc de tout, mais je l’écoute tout le temps. Je n’arrive pas vraiment à travailler en silence.

Avez­-vous une façon d’organiser vos journées pour optimiser votre travail?
Je m’organise un peu comme dans une mini-usine. Quand je fais des collections, je travaille d’abord au bureau, je fais le travail de création, de dessin, je fais quelques essais, je monte un prototype (si j’ai de gros doutes) pour voir si ce que je fais est en adéquation avec ce que je veux. Puis le travail de patronage sur papier. Ensuite c’est la coupe, je coupe toutes les pièces dont j’ai besoin, sur tous les modèles que j’ai décidé de créer.

Alors vient le moment (tant attendu) du montage. J’ai fait de petits tas avec toutes les pièces de tous les modèles, je monte alors chaque pièce. Je navigue entre mes deux machines et ma table à repasser.

Quels trucs donneriez­-vous pour améliorer la productivité?
En ce qui me concerne, la productivité découle de deux choses : la motivation et l’organisation.
L’organisation je l’ai apprise lors de mes stages en bureau de style et en usine. Je suis plus efficace quand je partitionne mon travail: Réflexion/Création/Patronage/Coupe/Montage. Je peux même partitionner le montage en faisant vraiment comme en atelier: monter tous les devants de tous mes modèles, puis toutes les manches, etc.
En ce qui concerne la motivation, je n’ai pas de secret, peut-être un rituel, celui de me lever tôt, vraiment très tôt, pour réaliser le nombre d’heures que j’ai à ma disposition et préparer après un grand café, une liste exhaustive des choses à faire du jour.
J’ajouterai quand même que pour ma motivation, le soutien de mes proches est nécessaire, vital. C’est un travail solitaire, mais le fait de savoir que des personnes croient en vous (et une en particulier!) vous permet d’aller au bout de vos projets. Sans ce soutien je pense que je n’irai pas loin, voire que je ne pourrais aller nulle part. Dans les moments les plus durs, mon travail pourrait me paraître vain et sans intérêt.

Vous êtes meilleurs que vos collègues de travail pour:
Faire des listes, sans nul doute! J’excelle dans ce domaine.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?
Aie confiance en toi!

Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?
Faire des listes.

Je n’ai pas une bonne mémoire, je suis paresseuse, et je peux avoir tendance à vouloir tout faire en même temps… Ce qui fait perdre un temps précieux. La liste est là comme un fil conducteur, une multitude de petits buts à atteindre et qui évite de se disperser, et de rester concentrer.

Quelle est votre routine de fin et de début de journée?
En début de journée, c’est boire du café en écoutant France Inter et je fais la liste du jour, pendant une bonne heure.

En fin de journée, je fais le ménage, je range tout ce dont je n’ai plus besoin et prépare le travail du jour suivant. La couture est une activité assez poussiéreuse. Alors je fais place nette pour le lendemain.

Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez ­vous pas vous passer?
Après mûre réflexion, je dirais la radio. J’ai vraiment besoin de musique, de sons pour pouvoir travailler.

Je travaille seule, à domicile, et la solitude n’est pas toujours facile à gérer. La musique aide à palier ce manque.

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