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Table rase: détruire pour laisser au sens une place

Table rase: détruire pour laisser au sens une place

Six femmes autour d’une table. Un pacte qui se fait au fil des discussions, des verres qui se vident et des bouchées qui s’enchainent. S’affranchir de ses responsabilités et repartir à neuf, liées dans une quête de sens qui se fait pressante: voilà le projet. Bienvenue dans l’univers de Table rase, pièce qui prend l’affiche à l’Espace libre aujourd’hui.

L’exercice, un huis-clos d’une heure trente autour d’un souper en direct, est qualifié de libérateur par Catherine Chabot, récipiendaire du prix CEAD de Zone Homa 2015 pour les dialogues de la présente pièce. « C’est la soirée de tous les excès », résume-t-elle.

« Nous on veut aller à l’essence, on veut aller au coeur de la bête. Ce qui fait qu’on prend une parole qui est crue, qui est assez déliée. On va loin dans nos confidences aussi ». Une quête de sens, d’absolu, qui passe par l’abolition des filtres et par une mise en scène plus qu’épurée: les vêtements que portent les jeunes femmes sont pigés à même leurs tiroirs, alors que les chaises retourneront chez elles une fois la pièce finie.

Vicky Bertrand, Marie-Anick Blais, Catherine Chabot, Rose Anne Déry, Sarah Laurendeau et Marie-Noëlle Voisin ont entre 25 et 30 ans. Elles sont « toutes au carrefour d’un questionnement identitaire, questionnement spirituel, questionnement existentiel ». Se sentant prises dans une « lente adolescence qui se finit jamais », tout juste sorties de l’école, avec chacune un boulot derrière un bar ou un café qui tient compagnie aux ambitions, faisant partie de cette génération très bien informée et proportionnellement impuissante. « Le constat est très pessimiste, de dire Catherine Chabot. On sent que le futur est un peu bloqué. Qu’il y a un espèce de couvercle. » Au delà de ce constat, certaines questions les taraudent: « Comment on fait quand l’espèce d’espoir est bloqué? Quand l’horizon est triste? »

Depuis août 2013, les six amies ont travaillé sur des textes, ont écrit monologues, ont discuté, ont cherché par quel fil conducteur lier leurs propos. Elles ont pu compter sur l’aide précieuse de Brigitte Poupart à la mise en scène, qui s’est jointe très tôt au processus, et sur une résidence création au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Elles ont présenté le résultat pour la première fois l’été dernier dans le cadre de Zone Homa, avec une résonance certaine chez les spectateurs.

Abordant donc le féminisme, la mort, la sexualité (parce que c’est la vie, et pour éviter de parler des vraies affaires aussi), le couple, la pièce bénéficie de six voix qui agissent en autant d’éclairages sur ces thèmes. Faire table rase permet d’aller à l’essentiel pour ces personnages fortement inspirés de l’énergie des filles qui les incarnent: « On se débarrasse de tout pis on va voir qu’est-ce qui reste après. Sur quoi on repart? »

« En partant de nous autres, ça peut pas être faux: ça peut être mauvais, mais ça peut pas être faux » résume Catherine Chabot à propos de sa pièce. On est curieux de voir se déployer sur scène autant de franchise, dans une proposition qui va à l’essentiel.

Table Rase
à l’Espace Libre
par Transthéâtre
du 18 novembre au 5 décembre

Crédit photo: Eva-Maude T-C photographe

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