Close
« Il faut vraiment vouloir! » – Isabelle Ouimet, présidente chez La royale électrique

« Il faut vraiment vouloir! » – Isabelle Ouimet, présidente chez La royale électrique

C’est dans un restaurant de dumplings en plein quartier chinois qu’Isabelle Ouimet m’a donné rendez-vous. Fille sympathique et allumée, la présidente de La royale électrique a porté plusieurs chapeaux: journaliste culturelle à la pige – notamment au Voir -, rédactrice-conceptrice chez Annexe Communications, attachée de presse chez Bonsound, attachée de presse senior chez L’Équipe Spectra, chargée de projet, marketing et industrie chez Spectra Musique, adjointe à la gérance chez Anacrouse, membre du groupe Buddy McNeil & the Magic Mirrors et Vulvettes et finalement – ouf – présidente chez La royale électrique, agence de promotion créative et maison d’artistes.

« J’ai souvent eu des remises en question par rapport à ma vie professionnelle. J’ai un problème d’autorité, je ne vis pas bien dans un contexte de grosse entreprise, je fonctionne mieux dans des petites équipes… Je me suis dit que c’était ça ma voie d’être entrepreneure. » Aujourd’hui, la jeune femme tient à bout de bras sa propre compagnie: La royale électrique. Créée en 2010, l’entreprise a pourtant pris son véritable envol en 2013.

La jeune femme ne s’est pourtant pas lancée seule dans l’aventure: sur un coup de tête – et de cœur – elle a eu envie de travailler avec son ami, Stéfane Campbell. C’est à South By Southwest en 2013 que les deux passionnés de musique, dont les chemins avaient évolué de manière plutôt parallèle jusque-là, ont eu la chance de faire davantage connaissance. « Ça a été une rencontre déterminante. Ça a vraiment cliqué. Je me rappelle, on était en train de prendre un verre à la Casa del popolo… Et on se disait à quel point on était fatigués et déprimés… (Rires) Ça n’avait aucun sens. C’est là qu’on a décidé de partir en affaires ensemble. »

Une passion: l’art hors conventions

Ce qui caractérise les contrats de La royale électrique? Un amour de l’art qui sort de l’ordinaire, pour ne pas dire une vibe de gauche. L’entreprise a si bien placé ses pions que le succès s’est pointé bien vite au rendez-vous. Peut-être même trop. « Ça a pris de l’ampleur très rapidement. C’est devenu trop gros, trop vite. Financièrement, on s’est planté solidement. On était des horreurs en administration: un bel exemple de cruel manque de connaissances techniques. On a heureusement pu régler nos problèmes financiers, mais nos ambitions sont aussi devenues plus réalistes. » avoue Isabelle entre deux bouchées.

Aujourd’hui, Isabelle est la seule employée « permanente » de La royale électrique. Elle partage ses contrats avec d’autres employés à la pige, ce qui lui permet de répondre à la demande… sans se mettre dans une situation fâcheuse. « Je me garde mes affaires bizarres. J’ai des goûts assez particuliers. (Rires) En général, je garde ce que je veux vraiment faire et je propose les autres contrats aux autres pigistes. Le but, c’est que les artistes soient bien servis selon les compétences et intérêts de chacun. »

Donner sa vie pour la musique

Après avoir vu la scène musicale indépendante et alternative de tous les côtés, qu’en pense-t-elle? « Selon moi, elle se porte beaucoup mieux que tout récemment. Je vois une amélioration depuis deux ans environ, autant en termes de qualité que de quantité. Il y a eu un creux de vague, un post-Breastfeeders, Malajube et Karkwa chez les Francos et un post-Arcade Fire chez les Anglos. J’ai l’impression qu’il y a eu un blanc entre les deux époques. » Une pause qui a fait réfléchir Ouimet.

La question qui se pose: est-ce que les artistes peuvent se permettre de rouler longtemps sur la scène underground québécoise? « Quand des musiciens atteignent un certain âge, un certain professionnalisme dans leur milieu… ça donne peut-être moins envie de tourner dans des conditions parfois très difficiles, même inimaginables. C’est parfois des douze heures de route – loin de la famille, des amis -, des tentatives de percer aux États-Unis ou en France qui ne fonctionnent pas toujours… »

Une situation alarmante et difficile pour les musiciens. « C’est une réalité qui est tellement là! C’est épuisant pour des artistes, mais aussi pour l’équipe qui les entoure. Il faut vraiment vouloir! Certains musiciens veulent en tabarnak – et le sacre est justifié. Ils ont mis un X sur des carrières, des opportunités à Montréal. Ce sont des gens qui renoncent à des trucs que très peu de personnes seraient prêtes à enrayer au nom de la musique. Chapeau, moi je ne le ferai pas! »

La royale électrique

» Consulter les archives de Dans les coulisses…

Crédit photo: CISM

Close
0