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Pli, revue d’architecture et d’édition

Pli, revue d’architecture et d’édition

« [Nous voulions] créer une publication, adressée aux initiés en premier lieu, mais qui puisse également être accessible à un plus large public, du simple curieux jusqu’au total novice ». La nouvelle revue annuelle d’architecture Pli, lancée le 24 septembre à Librairie Volume (librairie/galerie centrée sur l’architecture, l’urbanisme et le paysage) à Paris a été très bien accueillie par le milieu, et même par certains de nos lecteurs au Québec qui attendent la venue de la revue. Entrevue avec l’équipe de Pli.

Baron: Quelle est l’histoire derrière votre magazine ?
Christopher: Au tout début, c’était une envie d’éditer, puis un premier magazine étudiant. Cela s’est transformé sous la forme d’un mémoire avec pour objectif de comprendre ce qu’est l’édition, de nos jours, en relation avec l’architecture. En tant qu’architecte, l’idée était de comprendre le « comment »: Comment éditer et imprimer pour les architectes? Comment un architecte est-il amené à publier? Comment faire travailler ensemble designers graphique, éditeurs et architectes?
La revue, en terme de support, est devenue une évidence et a fait l’objet d’un numéro zéro, seulement disponible en ligne et qui n’existe qu’en 7 exemplaires. L’équipe s’est ensuite composée de différents profils très éclectiques comme Adrien Rapin, chargé de communication, Marion Claret, chargée de production, et Jean-Baptiste Parré, graphiste.

Marion: Le fait de venir de différents horizons nous permet de rester vraiment ouverts, de toujours discuter des étapes, de la façon de faire. Je suis dans la production audiovisuelle, et c’est passionnant de comprendre les mécanismes de la production papier. On retrouve certains éléments communs aux deux, et d’autres complètement nouveaux. Avec Pli, on essaye de tester plein de choses à ce niveau (on a plusieurs techniques d’impression par exemple), d’apporter un regard neuf sur la façon d’éditer.

Adrien: En gros, c’est une histoire d’amis. Christopher avait ce projet depuis bien longtemps, il a voulu se lancer, puis on a commencé à l’aider, à le conseiller grâce à nos profils professionnels et nos aptitudes différent(e)s du sien, avec Marion. Puis finalement on s’est dit que ce serait sympa de faire ça tous les trois ensemble et d’utiliser notre pluralité afin de créer un objet ouvert et différent. D’autant plus que la somme de travail et nos ambitions ont considérablement augmenté suite à nos discussions.

Baron: Comment décririez-vous votre ligne éditoriale ?
Christopher: Pli, c’est avant tout se rendre compte de la proximité entre l’architecture et l’édition. Malgré ces thématiques, nous avions envie d’une revue qui ne soit pas seulement écrite par les architectes pour les architectes. C’est proposer un espace de publication le plus ouvert possible à différents domaines connexes qui sont des composantes indispensables à la création éditoriale ou architecturale: le design graphique, l’art, le journalisme, la critique, l’objet, le paysage, l’urbanisme, le botanisme, le monde des librairies… Lorsque l’on ne saisit plus vraiment ce qui appartient à tel ou tel domaine, c’est alors que cela devient le plus intéressant. Tout est lié et Pli 01 essaye de le montrer jusque dans le choix de sa première thématique: Hypertextualité.

Marion: On a laissé chacun des contributeurs assez libres, sur le fond comme la forme (en suivant la thématique bien entendu). Chacun nous a proposé sa vision, et le dialogue entre les textes est aussi intéressant que les textes eux-mêmes.

Adrien: La ligne éditoriale s’est un peu imposée d’elle-même à vrai dire. C’est une création de revue, on savait au tout début vers où nous voulions aller (parler d’architecture et d’édition) sans trop vouloir se mettre de barrières, car l’une des volontés de Pli est l’ouverture. Créer une publication, adressée aux initiés en premier lieu, mais qui puisse également être accessible à un plus large public, du simple « curieux » jusqu’au total « novice ». 
Le résultat de notre appel à contribution autour du thème de l’hypertextualité a révélé une véritable richesse en terme de types d’articles, de propos. Des articles que nous avons reçus, on a ressorti une sorte de typologie. En premier lieu des articles « scientifiques », précis, des articles de recherche véritablement. Ensuite, nous avons les articles de « vécu », les interviews en quelque sorte, les récits d’expériences personnelles, de points de vue. Puis enfin, nous avons les articles « conceptuels », de véritables écrits, très littéraires, utilisant véritablement le principe de l’hypertexte jusque dans leur forme, pas seulement dans leur fond.

Pourquoi avoir choisi le média imprimé ?
Christopher: C’était une évidence que de ne pas commencer un média numérique sans penser une création papier. S’il n’était pas imprimé, Pli ne serait pas complètement achevé. Nous faisons appel à des artisans parisiens pour façonner l’ouvrage, avec trois techniques d’impression différentes: risographie, sérigraphie et offset. Nous avons l’envie de créer un objet qui vaut le détour et qui marque l’esprit: du papier choisi, une couleur forte, un format, des techniques d’impressions multiples.

Marion: On est avant tout des amoureux du papier. Le numérique ne pourra jamais remplacer l’émotion de l’objet imprimé. On essaye de faire dialoguer le papier et le numérique, en donnant des bibliographies précises par exemple (le point de vue d’un article vous intéresse, vous pouvez aller plus loin avec ces liens), en partageant sur les réseaux d’autres revues ou ouvrages imprimés, etc. C’est génial de voir à quel point les deux s’enrichissent vraiment, on est en plein dans l’hypertextualité.

Adrien: Même si aujourd’hui, il est courant d’entendre dire que « tout se passe sur internet », une tablette, un laptop ou même une liseuse ne remplaceront jamais le grain du papier, le confort de lecture, le toucher, le fait de tourner les pages… Pour ce qui est de la micro-édition [ndlr: Pli est édité à 500 exemplaires], c’est avant tout une question de budget – ne nous voilons pas la face – mais également un désir de liberté en terme de forme, liberté éditoriale, une volonté d’indépendance en somme. D’autant plus que la micro-édition permet de créer un objet différent, original, avec des procédés multiples. Faire appel à des artisans locaux ajoute une plus-value indéniable en terme de qualité et renforce notre volonté de créer un bel objet qui soit cohérent.

Quelle est la réaction du public?
Christopher: La réaction semble plutôt positive. On l’a d’abord ressenti par le nombre de contributeurs que nous avons publié (dix-huit). C’est une démarche que l’on souhaite très généreuse, et donner l’opportunité d’être publié nous semble très motivant. Nous avons lancé un financement participatif qui a rencontré un beau succès et nous ne cessons de vouloir remercier toutes ces personnes qui croient au projet. Nous avons créé un lancement à cette image: partager ce nouveau-né avec la présence de tous les contributeurs, les partenaires et les futurs lecteurs.
Print Van Paris, atelier ambulant de sérigraphie, nous fait le plaisir de sa présence et permet d’imprimer sur place des créations originales. Nous avons travaillé avec quelques illustrateurs et un labo de graphisme pour rétribuer toutes ces personnes. Nous avons également réuni trois partenaires, l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, Europan France et l’Atelier International du Grand Paris. Nous sommes très heureux de leur soutien.

Marion: Le financement participatif instaure une relation nouvelle puisque ce sont des personnes qui nous aident financièrement et que l’on remercie avec des cartes postales, des revues, des tote-bags, etc. Les Kissbankers font vraiment partie du projet, c’est génial de se sentir soutenu. On commence aussi à être contacté par des librairies un peu partout en France et ailleurs, c’est très motivant.

Adrien: On a été plutôt étonné de la réaction hyper positive! Les retours ont été très enthousiastes et intéressés, on ne s’attendait pas à ça au début. Encore une fois, c’est une création de revue, on n’avait aucune notoriété, on est jeunes, inconnus et n’avons aucune « crédibilité », donc pas de grande attente. Bien sûr, on savait que nos familles et entourages proches respectifs allaient adhérer et nous aider, et ça a très bien marché. Les réseaux sociaux nous ont aussi permis de créer et montrer la personnalité de Pli, les sensibilités que l’on désirait faire transparaitre dans la revue, et je pense que c’est ce qui a fait que les gens ont adhéré. On a été très actif dès le début, en postant des articles, des références, des inspirations… sur le thème de la revue puis sur l’architecture et/ou l’édition bien entendu. On a également souhaité montrer les coulisses de la revue, à travers notre compte Instagram, montrer justement notre aventure, celle de trois jeunes fous qui se lancent dans la publication papier à l’heure du tout digital. ;)
 Maintenant que le projet se concrétise et au regard des réactions, nous avons quelque peu la pression, une certaine peur de décevoir, mais on a fait de notre mieux et à notre image. On est fier du chemin parcouru.

Baron: Quelle est votre stratégie de vente et de croissance? Publicité ou co-branding?
Christopher: Pli 01 est le premier numéro. C’est une revue annuelle et, par cette fréquence, peut nous permettre de publier sans publicité – du moins au maximum. Nous espérons que les ventes vont nous permettre de créer un second Pli pour septembre 2016. La revue sera disponible dans le plus grand nombre de librairies spécialisées ou non en architecture (Paris, Lyon, Nice, Bordeaux, mais aussi Montréal, Bruxelles…). Nous mettons aussi en place une boutique en ligne pour pouvoir proposer toutes les créations originales que Pli 01 a pu rendre possible.

Marion: Le but n’est pas de faire du profit mais de pouvoir éditer un deuxième numéro et ainsi de suite. C’est tout ce qu’on espère. On a toujours été dans l’optique d’établir de vraies collaborations avec toutes les personnes autour de Pli, donc pourquoi pas aller encore plus loin dans cette idée.

Adrien: Niveau publicité ou co-branding, notre volonté est de garder notre « liberté » de création, ou même de ton. Après, l’un des piliers de Pli c’est la collaboration, la création de richesse en terme de propos, donc si nos rencontres nous amènent à un partenariat qualitatif avec une personne, un collectif, ou autre, on n’en sera que plus heureux.
Pour ce premier numéro, Pli est tiré à 500 exemplaires, si le 2e peut l’être à 1000 tant mieux !

Baron : Quels sont vos projets à venir?
Christopher: Nous sommes en train de monter un week-end, du 17 au 18 octobre 2015, un festival autour de l’édition et l’architecture à l’Atelier Méraki, lieu d’innovation et de collaboration, avec la présence de plusieurs designers, entrepreneurs et artistes (14-16 rue Neuve Popincourt, 75011 Paris). Ce sera l’occasion pour tous nos contributeurs d’exposer et de « déplier » la revue dans l’espace. L’idée est de connecter toujours plus l’architecture et l’édition à d’autres pratiques. Au programme: workshops, conférences et discussions autour de la revue mais aussi de la revue Cuarto, revue d’architecture et design.

Adrien: Cela va nous permettre de présenter la revue, sa personnalité mais également (et surtout même) les différentes personnalités ayant participé à ce premier numéro, le travail effectué pour la revue, mais également ce sur quoi ils travaillent de leur côtés respectifs. C’est une manière de mettre en avant la volonté de collab’ derrière Pli. Ensuite, on rencontre pas mal de personnes, on parle de collaborations… Wait & see!

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