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Portrait sonore: découvrir l’architecture et l’art public par la musique

Portrait sonore: découvrir l’architecture et l’art public par la musique

Malmené autant à Québec qu’à Montréal ces jours-ci, l’art public fait les manchettes et suscite de nombreuses réactions. L’organisme Portrait sonore, qui signe des balades documentaires sur l’architecture, lance ces jours-ci un nouveau parcours dédié à l’art public au Parc Jean-Drapeau, en plus d’une application qui rassemble les parcours déjà réalisés.

« Dans le contexte où on détruit des oeuvres d’art ces jours-ci, on parle de l’oeuvre à Québec [«Dialoguer avec l’histoire» de Jean-Pierre Raynaud] qui a été démantelée, et bien sûr de l’oeuvre de Daudelin au Square Viger, expose Antoine Bédard, vice-président de Portrait Sonore. On prône vraiment la mise en valeur et la réappropriation de ces lieux-là. »

Portrait sonore est composé de l’architecte Sophie Mankowski, idéatrice du projet et présidente de l’organisme, d’Antoine Bédard, musicien (connu sous le nom Montag), habilleur sonore et narrateur, ainsi que du graphiste Serge Rhéaume. Au coeur de leur mission, « faire découvrir l’architecture et l’histoire de la ville de manière vivante et poétique ». L’aventure a débuté en 2010 avec Montréal Moderne, suivi d’Expo 67. La balade au Parc Jean-Drapeau est leur troisième réalisation.

« Ces édifices qu’on trouve hideux ou sans personnalité, ils ont un contexte, et c’est ce contexte qui nous aide à l’apprécier », résume Antoine Bédard à propos l’architecture moderne. Par le biais d’entrevues avec des intervenants locaux, architectes et historiens, c’est cette précieuse mise en situation que la compagnie fournit. Le résultat est rythmé, avec un juste équilibre entre la narration, les entrevues, la musique et les atmosphères sonores.

Parce qu’en plus de receler d’une mine d’informations sur l’architecture en général – et l’art public en particulier pour le présent documentaire de poche – c’est l’aspect mise en musique de l’architecture qui distingue les réalisations de Portrait sonore.

Un exercice qui peut être ardu, autant pour Bédard que pour les musiciens sollicités. « J’essaie de leur faire porter attention aux matériaux, aux espaces, à la rythmique des façades, explique-t-il. Il y a une méthodologie à développer. »

Pour l’art public au Parc Jean-Drapeau, 15 musiciens de la scène locale ont créé, pour autant d’oeuvres d’art, une pièce musicale. Composées principalement durant l’hiver, chacun y est allé de sa méthode: le duo Tricot Machine s’est rendu in situ pour observer Girafes, de Robert Roussil, sculpture située sur l’île Sainte-Hélène, alors isolée par la neige. Les cuisses gelées, ils ont dû se contenter de la scruter de loin. Jérôme Minière, lui, s’est inspiré de plans de l’époque pour composer sa pièce sur Phare du cosmos d’Yves Trudeau. La liste complète des musiciens ayant participé au projet ainsi que les pièces sont disponibles ici.

Portrait sonore souhaite « transposer la personnalité de [chaque] ville dans les parcours, ce qui est aidé par les musiciens locaux. » Selon Antoine Bédard, « ça donne une saveur, une couleur différente à chaque ville et à chaque balade. » Avec des parcours sur la colline parlementaire de Québec (qui paraîtra en septembre), Toronto (automne 2015), Vancouver (automne 2015), Halifax, Ottawa et Winnipeg (2016), l’organisme aura un beau terrain de jeu pour rendre les nuances musicales et architecturales de chaque ville.

Le lancement du parcours d’art public du Parc Jean-Drapeau avait lieu au Pavillon de la Jamaïque (voir les photos au bas de l’article), joli bâtiment caché derrière le Casino, un coin paisible de l’île Notre-Dame qui gagne à être redécouvert. Avec l’été qui déploie sa dernière moitié, la balade offre une occasion de passer deux heures à arpenter doucement le parc tout en apprenant sur notre art public.

Parce que bien sûr, il est possible d’écouter le parcours dans le confort de son salon. Mais Antoine Bédard est catégorique: « tout prend sens sur les lieux. C’est là que la magie opère, parce que c’est aussi une sorte de documentaire pour lequel la caméra, c’est les yeux du baladeur, et nous on a fait la trame sonore de ce film-là. »

Le point de départ sur http://portraitsonore.org/

Portrait sonore sur facebook.

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