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MTL – Mytho-logic [vernissage]

MTL – Mytho-logic [vernissage]

12 mai
Perte de Signal
5445 avenue De Gaspé, local #107, Montreal, Quebec H2T 3B2
facebook.com/events/

PERTE DE SIGNAL présente Mytho-logic, une exposition qui rassemble de nouvelles œuvres technologiques de Stéphanie Castonguay, Maxime Damecour et Emmanuel Lagrange Paquet. Ces travaux représentent le résultat du Projet émergent, un programme de parrainage, initié par le centre d’artistes, où les trois artistes montréalais ont bénéficié de 2 ans de soutien à la création.

RUSTINES|LAB du 12 au 23 mai 2015, 5445 avenue de Gaspé, #107, Montréal.
Finissage le 23 mai, 15h à 17h.

Mytho-logic pose un regard critique et fantaisiste sur le paysage médiatique et technologique qui nous entoure par le biais d’installations qui font appel à l’animation, à l’art des interférences et à l’art du transcodage. Réalisées avec une économie de moyens, ses œuvres usent d’une approche artisanale do-it-yourself (D.I.Y.). Conformes à l’éthique de cette pratique, Castonguay, Damecour et Lagrange Paquet empruntent une trajectoire qui se dissocie du type de production high-tech dérivant de la fine pointe de la technologie, des habitudes de consommation démesurée et de la course à la performance. À contrario, faisant preuve d’innovation, ils se consacrent à une esthétique qui rejoint celle du bricolage où ils construisent et programment leur propre outil technologique.

Les propositions artistiques comprises dans Mytho-logic tendent à réinventer d’autres réalités, des espaces temporels suspendus qui font échos à des récits non linéaires, empruntés à la science-fiction. Elles revisitent la mémoire de la matière électronique et d’objets technologiques qui guident notre quotidien, dont nous ne prenons pas le temps de comprendre, et la circulation continuelle de data qui nous transpercent.

La démarche de Maxime Damecour se caractérise par l’équilibre entre une approche instinctive et empirique, et l’aboutissement contrôlé d’une connaissance étendue de l’électronique et de l’informatique. Il conçoit le design de ses propres machines cinétiques et programme ses logiciels. sous-face consiste en une animation projetée qui s’apparente à un paysage. Dans un caisson horizontal sur pieds se se superpose : un écran LCD, dénudé de son rétroéclairage et d’une feuille de mylar, sous lesquels se trouvent l’émission lumineuse de la projection. L’artiste exploite la transparence de ces matériaux afin de montrer des motifs minimalistes triangulaires, semblables à des oiseaux, qui suivent divers parcours autour de reliefs, rappelant des montagnes et des vallées. Une couche supplémentaire, le ciel, est formée de cristaux liquides du moniteur. L’artiste peut modifier les paramètres de direction et de vitesse, ainsi que contrôler les pixels de l’écran. Le tout fonctionne en direct, selon un mode aléatoire et éphémère.

Dans sa pratique, Stéphanie Castonguay interroge la mémoire et le hasard qui se manifestent dans ses installations électroniques et sonores, tout en considérant le processus en tant que composante. Radioesthesia illustre le thème de la radio démontée par le choix des matériaux et par sa représentation, en exhibant toutes les composantes électroniques. Une boîte de polymère réunit le circuit d’une radio relié à un oscillateur encastré dans un moulage de résine transparente, empreinte de l’intérieur d’une radio. L’oscillateur injecte des sonorités dans le circuit, en filtrant le son à travers une pyrite. Le son qui en ressort passe aussi par un circuit de type vumètre qui fait clignoter des LED, parmi celles-ci certaines sont fixées aux photorésistances de l’oscillateur, ce qui en affecte le son et engendre une boucle autogénérative. Imprévisibles et organiques, plusieurs éléments extérieurs influencent et changent le signal sonore de la boucle, comme la présence des corps et le degré de luminosité sur les photorésistances. Par conséquent, cette grande sensibilité a comme effet d’engendrer des oscillations chaotiques.

Emmanuel Lagrange Paquet configure souvent de nouvelles narrativités en relation avec l’univers des jeux vidéo. Il propose la série Hiéroglitchs, titre qui renvoie à l’interférence temporelle entre l’écriture ancienne et contemporaine, à la croisée de diverses époques technologiques. Deux tableaux de polymère montés sur socle présentent une iconographie codée, gravée par un procédé informatique. Chaque image est générée à partir d’une application qui traduit en autres le roman de Jules Verne 20 000 Leagues Under the Sea : les lettres du texte sont associées à une icône glitch et à l’occasion, il est prévu qu’une lettre sort intacte. À cela se juxtaposent des petits pictogrammes de Mario Bros, artéfacts de jeu vidéo. Affichant une langue qui a été transcodée, la série de codes d’erreur à découvert -glitch, bug de Nitendo- ne donne pas accès au contenu original, il offre plutôt au lecteur une perte et dislocation au niveau du langage.

Par la maîtrise de leurs moyens de production Castonguay, Damecour et Lagrange Paquet creusent non seulement le savoir, mais sortent la technologie de la machine. Disséminant des pistes, ils plongent le visiteur dans une mythologie contemporaine, inspirée par le concept de Cargo Cult Science, basé sur les pseudosciences qui véhiculent de fausses croyances.

Texte d’Esther Bourdages
Image: Hieroglitch d’Emmanuel Lagrange Paquet

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