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« La musique n’a jamais autant été jouée dans toute l’histoire de l’humanité » – Vincent Blain, propriétaire du Studio Madame Wood

« La musique n’a jamais autant été jouée dans toute l’histoire de l’humanité » – Vincent Blain, propriétaire du Studio Madame Wood

Très couru par les artistes, le Studio Madame Wood se décrit comme « l’endroit le plus relax et professionnel en ville, parole de cheval ». Rien de moins? Entrevue avec Vincent Blain, le propriétaire du studio montréalais ouvert en 2014.

Comment s’est-il lancé dans l’aventure? « J’ai toujours voulu avoir un studio bien à moi. Il y a quelque temps, j’ai eu l’opportunité de racheter le bail et l’équipement de l’ancien studio dont j’étais le gérant depuis deux ans. J’ai rapidement monté un plan d’affaires, fait un prêt à la banque et pow! J’étais devenu un artiste-businessman en moins de quatre mois. »

Pour celui qui est passé d’employé à propriétaire, les tâches se sont multipliées: « Je fais pas mal tout au Madame Wood; de la réalisation, de la prise de son, du mixage, de la gestion, de la comptabilité, jusqu’au ménage et la plomberie. Je n’ai pas d’employé à proprement dit, alors j’ai dû apprendre à me débrouiller avec moi-même. Ceci dit, j’engage parfois des assistants-techniciens selon la charge de travail des sessions d’enregistrements. »

« Au Madame Wood, c’est un band à la fois comme dans sa propre maison. »

Et le studio montréalais, que peut-il offrir de différent aux artistes qui y enregistrent? « Le Madame Wood a deux vocations. La première en est une commerciale. Je veux offrir un lieu créatif et inspirant aux musiciens et ingénieurs qui désirent louer le studio et/ou la room, soit pour enregistrer ou pour pratiquer. À mes débuts dans le milieu, j’ai eu la chance de travailler dans quelques-uns des plus gros studios de Montréal. L’une des choses qui me fatiguaient, c’était l’achalandage constant dans les lieux (gérant, secrétaire, techniciens, autres artistes) et parfois, ça pouvait casser la bulle. Et la bulle pour un artiste, c’est très fragile lors de la création d’un album. Lorsqu’on est au Madame Wood, c’est un band à la fois comme dans sa propre maison, et il n’y a personne que tu ne connais pas qui viendra te déranger. La deuxième mission est à vocation personnelle. Le studio devient mon principal outil de travail de réalisateur et de compositeur. Je peux donc offrir plusieurs services aux artistes qui désireraient travailler avec moi. »

Comme tout travailleur autonome qui se respecte, Blain avoue travailler de longues heures. « J’apprends doucement à gérer les offres. En tant que travailleur autonome, il y a toujours la crainte de manquer de travail durant l’année. C’est pour cette raison que depuis l’ouverture du studio, il y a à peine six mois, j’ai dit oui à huit projets (réalisation-mixage-prise de son). Là je me retrouve avec trop de travail en même temps et j’ai de la difficulté à avoir une vie. »

Blain a donc accepté plusieurs projets depuis l’ouverture du Madame Wood. Comment a-t-il procédé à la sélection des offres? « Étant donné sa vocation commerciale, il n’y a pas vraiment de sélection d’artistes pour la location du studio. Par contre, si je juge que l’ingénieur du son qui veut louer mon studio est trop inexpérimenté, eh bien “too bad”, je ne peux pas me permettre de “gambler” avec mon équipement audio qui m’a coûté plusieurs milliers de dollars. La sélection des artistes avec lesquels je travaille en tant que réalisateur se fait beaucoup par coup de cœur. Je n’accepterai jamais de travailler avec quelqu’un si je n’aime pas sa musique, uniquement pour l’argent. »

Être ou ne pas être indépendant?

Du fond de son studio, le propriétaire du Madame Wood en voit passer de toutes les couleurs. Comment perçoit-il ces multiples joueurs dans la scène montréalaise actuelle? « S’ils sont moindrement prêts à devenir entrepreneurs, je pense que les artistes et labels indépendants peuvent très bien tirer leur épingle du jeu. Les outils pour réussir sont pas mal tous là, disponibles à tous. Quoiqu’on en dise, la musique n’a jamais autant été jouée dans toute l’histoire de l’humanité, alors oui elle se porte bien. » Et la plus grande difficulté qu’un artiste indépendant peut rencontrer? La réponse, parlante, en dit long sur le milieu musical d’aujourd’hui: « N’avoir aucun sens de l’entrepreneuriat. »

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