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Lemay: la narration au service de l’architecture

Lemay: la narration au service de l’architecture

L’une des grosses nouvelles dans le paysage de l’architecture québécoise en 2014 a été l’acquisition par Lemay des trois firmes Daniel Arbour & Associés (DAA), Cardinal Hardy Architectes (CHA) et Martin Marcotte / Architectes (MMA), qui appartenaient auparavant au groupe torontois IBI. Lemay a ainsi triplé son nombre d’employés, passant de 150 à 480, en plus de se positionner comme le chef de file québécois en architecture et en design d’environnement intégré. Cet achat se double d’une coentreprise en Chine avec IBI, faisant de Lemay un joueur solide sur l’échiquier international. Nous avons rencontré Michel Lauzon, directeur créatif, associé principal chez Lemay et co-directeur du LemayLAB pour discuter des défis qui attendent son entreprise dans la prochaine année et de la place de l’architecture au Québec.

Quatre noms, une identité
La définition d’une identité commune pour les trois firmes nouvellement acquises est l’un des grands défis qui attendent Lemay cette année. Déjà, les dénominations trouvées reflètent le désir d’intégrer les talents acquis sous une même bannière, tout en laissant à chaque boîte son identité propre: Lemay+DAA, Lemay+CHA et Lemay+MMA. « On faisait déjà de la conception de nouvelles villes [comme El-Menia en Algérie], mais là avec tout l’urbanisme jusqu’au design intérieur, on se retrouve avec une très grande diversité de gens », commente Lauzon. Une diversité réjouissante, car la société « a [maintenant] toutes les expertises pour régler des problématiques complexes », et un bassin de clients multiplié. Le groupe se veut donc une alternative réaliste face aux groupes d’ingénierie pour les grands projets comme les ponts et les viaducs.

L’histoire comme liant
Une autre façon de renforcer l’identité commune entre les trois entreprises sera d’adopter la méthodologie de Lemay, mettant la narration au service du concept de chaque projet: « Notre talent, c’est d’avoir su développer une méthodologie où on est capable de traduire l’histoire dans des termes spatiaux » raconte Lauzon. La narration permet de faire des choix au nom du projet, ce qui facilite la prise de décision et ménage les égos: « Du point de vue de l’équipe, ça donne un fil conducteur au projet. Ça permet donc, dans le cas d’un gros groupe comme nous, d’avoir quelque chose qui nous rassemble sur le projet ».

La narration permet également de rendre les projets architecturaux plus accessibles pour le public: « Les gens peuvent s’identifier plus facilement à une histoire qu’à un objet qu’ils connaissent pas » explique Lauzon.

Changer les mentalités
« On nous sert souvent le même “On n’a pas d’argent, on n’a pas de temps”, mais ce n’est pas une excuse pour faire quelque chose de moche! » s’indigne Lauzon lorsqu’il est question des grands projets au Québec. « De faire quelque chose de créatif, de faire quelque chose d’intéressant, c’est pas quelque chose qui coûte plus cher, et ce n’est pas quelque chose qui se fait à l’encontre de la fonctionnalité. »

Dans le cas du pont Champlain, qui a été confié à un architecte danois, il se désole que le gouvernement du Québec n’ait pas choisi parmi le bassin de talents d’ici. « C’est un investissement en nous! », puisque la réalisation de tels projets d’envergure aiderait « à déployer [ces] talents à l’international après. »

Pour Lauzon, le gouvernement provincial fait fausse route en octroyant les contrats au plus bas soumissionnaire à tout prix. « Avec la commission Charbonneau, on a vu que de choisir le plus bas soumissionnaire, ce n’est pas ce qui protège les deniers publics. C’est une erreur de logique. » Il cite en exemple Melbourne en Australie, elle aussi ville Unesco du design, qui a revu son processus d’octroi de contrats en engageant un curateur et en choisissant les projets sur la base de la qualité des projets soumis plutôt que les faibles coûts. Le résultat? Moins de dépassements de coûts, plus de rayonnement à l’international pour ses projets. « Nous, on a aucun problème à être sélectionné sur la base de la qualité, c’est ce qu’on souhaite! » résume-t-il avec le sourire.

Une année occupée
Si 2014 a été une grosse année pour Lemay, 2015 s’annonce tout aussi occupée beaucoup de projets sur les planches. En plus de militer pour le changement du processus d’approvisionnement au Québec, et de continuer à intégrer les trois nouvelles firmes en son sein, Lauzon espère « réussir à faire des projets marquants à l’international. » Grâce à son souci de s’intégrer aux communautés dans lesquelles les projets prennent place et « d’incarner l’identité des lieux », le travail risque d’être au rendez-vous longtemps et les succès nombreux pour la firme.

Lemay

Crédits photo:
photo principale: Claude-Simon Langlois
photo passerelle: François Descôteaux
photo projet stm: Lemay
photo projet Chine: Lemay

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