Close
« On tient par amour pour la musique! » – Serge Beyer, fondateur et rédacteur en chef de Longueur d’Ondes

« On tient par amour pour la musique! » – Serge Beyer, fondateur et rédacteur en chef de Longueur d’Ondes

Si vous dévorez les publications portant sur la musique au Québec, vous connaissez peut-être déjà le magazine Longueur d’Ondes. Né en France en 1982 grâce à l’initiative de Serge Beyer, le magazine bimestriel imprimé (et aussi web depuis quelques années) est depuis devenu une référence dans le monde musical. S’intéressant aux musiques actuelles francophones, Longueur d’Ondes compte aujourd’hui plus de 1500 points de distribution en France, Suisse, Belgique, Québec et Acadie.

Qui l’aurait cru il y a trente-deux ans, lorsque le magazine était en fait constitué de quelques pages photocopiées et agrafées? « J’ai créé Longueur d’Ondes, car je ne trouvais pas dans la presse des articles sur ce que j’écoutais. Je n’avais aucune expérience en journalisme. Mais j’ai commencé à écrire sur les artistes et surtout, à aller les rencontrer. Le premier vrai déclic s’est fait lors du premier concert de Diane Dufresne à Paris. À l’époque, on écoutait beaucoup de la variété en France. Elle est arrivée avec son accent et a donné un coup de pied dans tout ça. Ça a été une grande révélation pour moi. Nous sommes encore amis aujourd’hui! » Et Serge le confirme: le titre du magazine est bel et bien inspiré de l’album Sur la même longueur d’ondes de Dufresne.

Quand sortir des cadres rapporte…

D’un début motivé uniquement par la passion pour la musique, le rédacteur en chef a commencé à s’organiser: « Dans les premiers temps, j’allais distribuer le magazine à la fin des concerts. De fil en aiguille, une équipe de bénévoles s’est formée. Le magazine est passé de la photocopie à l’impression. On a commencé à distribuer aussi dans les kiosques de la région. » Mais après dix-sept d’existence, Serge a dû s’arrêter et réfléchir face aux difficultés financières. « Je trouvais que l’évolution qu’on avait connu stagnait. J’ai arrêté pendant deux ans. Je cherchais ma solution. »

Loin de prendre des vacances, il s’est lancé sur des pistes de solution : « J’ai fait le tour de la France pour développer un réseau de distribution pour un magazine gratuit, puisque ça n’existait pas à l’époque. Le Ministère de la Culture de la France m’a aussi permis de faire une réunion spéciale pour aller chercher des investisseurs. Je suis revenu avec environ 150 partenaires: disquaires, maisons de disques, salles de spectacles, etc. Ils ont tous acheté de la publicité et depuis, on roule de cette façon. Ce n’est pas toujours facile, mais ça tient. En fait, on tient par amour pour la musique. »

Baigné dans l’industrie musicale de la France surtout, mais aussi de plusieurs pays de la francophonie, Serge souligne les similarités avec le Québec « Partout, les maisons de disques ferment ou s’achètent entre elles. L’argent est rare. Il y a de gros problèmes avec le régime d’indemnisation des intermittents du spectacle, qui est présentement remis en cause. Quand le monde est en crise, c’est toujours la culture qui est attaquée en premier. » Ça rappelle les (trop) nombreuses coupes dans le financement culturel au Québec, non ?

« On offre l’écume à notre lectorat. »

Après trente-deux ans d’existence, Longueur d’Ondes n’a plus de preuves à faire: son lectorat grandit de plus en plus et considère le magazine comme une référence. Et les artistes de la francophonie aussi. « On reçoit plus de 90 albums de partout par semaine, en plus des liens. C’est énorme. Le gros de notre travail à la rédaction, c’est de décider ce qu’on couvre. On écoute absolument tout, et on fait des choix à partir de ce moment. L’idée, c’est de voir ce qui détonne. On offre l’écume à notre lectorat. Si on n’a pas assez de place dans le magazine imprimé, on utilise le web. »

En recevant autant de propositions chaque semaine, le fondateur de Longueur d’Ondes et ses coordonnateurs – basés en France, Suisse, Belgique, Québec et Acadie – doivent faire des choix difficiles. Mais parfois, les artistes leur facilitent la tâche. « Ça peut toujours être bien d’être un peu original. Toutefois, il ne faut pas non plus en jeter plein la vue. Ça peut plus souvent qu’autrement discréditer l’artiste. » Son conseil aux artistes indépendants? « Joignez des vidéos à vos albums: ça nous donne une idée de l’univers. De l’énergie. Jouez! Faites-vous voir. »

Close
0