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« Être autocritique, c’est la base. » – Louis-Armand Bombardier, fondateur et président de L-A be

« Être autocritique, c’est la base. » – Louis-Armand Bombardier, fondateur et président de L-A be

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C’est en 2001 que Louis-Armand Bombardier a créé la boîte de développement culturel L-A be (Let Artists Be) et treize ans plus tard, la mission est toujours la même: promouvoir la diversité des talents. Le président, qui a lui-même une formation en chant classique et une carrière d’auteur-compositeur-interprète derrière la cravate, a décidé depuis longtemps de ne pas limiter sa compagnie: chacun son style, tant que la qualité y est. Bombardier travaille donc avec des artistes aux parcours différents, tels que Keith Kouna, Le Couleur, Sir Pathétik, Jonathan Painchaud et de nombreux autres.

Son but? « Offrir aux artistes les outils dont ils ont besoin pour concrétiser un projet. Que ce soit de la commercialisation, des demandes de subventions ou autres: on donne un accompagnement personnalisé. Les besoins sont différents pour chacun. » Surtout, le président de L-A be a à cœur d’offrir une oreille attentive aux musiciens avec qui il travaille. « Trop souvent, les artistes sont seuls dans leur coin. Beaucoup essaient de savoir si ce qu’ils font est bon ou pas. Dur à définir sans un recul ou du moins, une écoute extérieure à eux-mêmes. » Parce que c’est souvent ce qui manque dans le processus créatif, mais aussi dans la phase de commercialisation selon Bombardier : « Il faut absolument une matière grise qui s’ajoute à celle du créateur pour mieux diriger son projet. Il peut essayer de tout faire seul, mais les chances de réussite sont plutôt minces. »

« On fait tout pour que chaque oeuvre trouve son succès.»

Dans le contexte actuel, est-ce réaliste de conseiller à l’artiste d’aller chercher une équipe? « Oui! Et justement: le milieu est plus difficile qu’il ne l’était. Il faut savoir bien s’entourer pour réussir. En fait, ça prend un fort noyau de base et de forts éléments autour. Et je ne vois pas de mal à ça! Certains semblent percevoir les métiers de promotion de la musique de manière négative: on est passé d’artistes qui croient que les labels font de l’argent sur leur dos à des créateurs qui veulent tout faire eux-mêmes. Pourtant, chez L-A be, on privilégie le fait de travailler sur un projet commun. On fait tout pour que chaque oeuvre trouve son succès.»

Si les mutations qui ont eu (et ont toujours) lieu dans l’industrie musicale ont été dures pour bien des artistes, elles ne sont pas nécessairement négatives selon le président de L-A be. Au contraire, il voit de nombreux marchés s’ouvrir et veille à donner le plus d’opportunités possibles à ces artistes. « J’ai signé un groupe traditionnel, De Temps Antan, après un gros coup de cœur. Aujourd’hui, personne ou presque ne sait qui ils sont au Québec. Pourtant, ils ont joué des centaines de fois dans le monde. Pour eux, c’est ce marché qui leur a permis de vivre un beau parcours musical. » Des opportunités qui peuvent sembler inatteignables pour certains artistes, mais qui méritent à être connues selon Bombardier. « Suffit de se renseigner sur les possibilités, qui sont vraiment plus nombreuses qu’on pourrait croire!»

« Être dans la continuité  c’est la plus grande difficulté.»

Mais avant tout, Bombardier encourage les créateurs à faire preuve de réalisme envers leur musique. « Parfois, si un album ne fonctionne pas, c’est peut-être tout simplement que ce n’est pas bon. Personnellement, j’ai moi-même débuté une carrière musicale il y a quelques années. Je croyais vraiment être super bon! (Rires) J’aurais voulu que quelqu’un s’occupe de moi. Mais personne n’a jamais levé la main. C’est sûrement parce qu’en fait, ce que j’offrais n’était pas exceptionnel. Être autocritique, c’est la base. »

Un recul qui peut permettre d’aller vers une carrière musicale réussie oui, mais qui permettra aussi peut-être de résister au passage du temps. « Être dans la continuité  c’est la plus grande difficulté. Un artiste veut laisser un legs, devenir éternel d’une certaine façon. C’est possible de créer un super premier album… Mais est-ce que le talent et le succès seront aussi au rendez-vous pour les prochains? Peut-être pas. Le piège, c’est de tomber dans l’acharnement.»

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