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Frédéric Loury : six ans d’Art Souterrain à Montréal

Frédéric Loury : six ans d’Art Souterrain à Montréal

Frédéric Loury, fondateur et directeur général d’Art Souterrain, a pris la parole ce mardi 18 février à l’Espace presse du Centre Eaton pour le lancement de la 6e édition d’Art Souterrain, qui aura lieu du 1er au 16 mars 2014.

Arrivé à Montréal il y a plus de 15 ans, Frédéric a décidé d’exploiter la ville souterraine et de la transformer en véritable espace de diffusion de l’art contemporain. Avec près de sept kilomètres de parcours entre le Centre Eaton et la Place des Arts, Art Souterrain 2014 présentera 100 projets d’artistes unis sous le thème de l’enracinement.

Baron : Aujourd’hui c’est l’ouverture de la 6e édition d’Art Souterrain, pouvez-vous nous expliquer l’origine de ce projet ?
Frédéric Loury : Art Souterrain est un organisme que j’ai fondé en 2009. À l’origine, j’étais propriétaire de galerie et le plus grand défi que j’ai vécu, en tant que galeriste, était le renouvellement du public. Comment arriver à intéresser le public aux arts visuels et à le conduire vers des expositions institutionnelles ou privées ? Cela m’a donné l’idée de mettre sur pied Art Souterrain.  Au départ, c’était uniquement lors de la Nuit Blanche. Mais c’était un travail colossal pour une seule nuit.  C’était dommage ne pas avoir l’occasion de mieux faire le travail de fond autour de la sensibilisation et de l’accompagnement des individus à l’art contemporain.  C’est l’année suivante, en 2010, que l’idée du festival m’est apparue.

D’année en année, j’ai de plus en plus de bénévoles et ça m’émeut énormément. Ils sont tellement généreux et s’investissent corps et âme pendant plus de six mois pour donner naissance à cette expérience hors normes.

B. : Comment essayez-vous de toucher un public qui ne connaît pas spécialement l’art contemporain ?
F. L. : Le principe d’un développement au nouveau public c’est d’aller le chercher où il est. Si j’avais monté un festival dans un centre culturel, je n’aurais pas eu le même intérêt.

Le fait d’être dans le réseau souterrain de Montréal, parce que c’est l’hiver, et d’être lié à des individus, qui souvent, ne sont pas stimulés par l’art contemporain, m’intéresse.

Mais je ne présente pas des œuvres esthétisantes qui n’ont pas de contenu. Pour moi, c’est important que chaque œuvre et chaque artiste aient un message à livrer qui soit pertinent et qui nous fasse évoluer.

B. : Vous dites vouloir promouvoir beaucoup d’artistes émergents. Parle-t-on surtout de Montréalais ou d’artistes de tous les horizons ?
F. L. : Art Souterrain se doit d’encourager la scène locale. Sa programmation repose toujours au minimum sur 50 % d’artistes montréalais. On souhaite les accompagner au mieux et leur faire de la place dans le parcours, car c’est la prochaine génération, et elle a besoin d’être connue pour ensuite être invitée à d’autres manifestations. Mais, il ne faut pas négliger les artistes à mi-parcours, ou les artistes établis, il faut privilégier une proportion saine qui reflète la scène québécoise.

B. : Comment procédez-vous pour sélectionner les artistes qui exposeront à Art Souterrain ?
F. L. : Notre sélection d’artistes se fait à travers différentes étapes. Un appel de dossier, la participation de commissaires qui vont sélectionner des artistes ou encore des invitations.

Ces dernières nous permettent de rééquilibrer l’offre et d’aller chercher des artistes de générations et de provenances différentes.

B. : Cette année, vous avez choisi le thème de l’enracinement. Qu’entendez-vous par ce terme ?
F. L. : L’enracinement, c’est une réflexion autour de l’identité. Comme chaque individu, quand on vit dans une métropole, on est confronté à l’immigration et à notre façon de s’intégrer dans un territoire. L’individu va être très influencé par beaucoup de facteurs, comme les médias, mais aussi par des citoyens qui proviennent des quatre coins du monde, et qui, par leurs habitudes, donnent accès à des services, à des produits et à des traditions qui ne sont pas originaires du territoire. Par exemple, le fait d’avoir la possibilité d’acheter des produits italiens, grecs ou français. C’est tout ces produits et toutes ces cultures qui influencent la nôtre. Et c’est aussi une réflexion autour de la façon dont les gens s’enracinent dans un lieu.

Cette année, on a réussi à illustrer ce thème avec des artistes autochtones, mais aussi des artistes étrangers comme des Israéliens qui viennent pour la plupart de Tel-Aviv. Ils ont un regard identitaire très fort et se questionnent beaucoup autour de la cohabitation qu’il peut y avoir avec la culture judaïque et musulmane. Ce que je trouve fantastique, c’est qu’avec ce thème, chaque artiste apporte ses préoccupations par rapport à l’enracinement.

B. : Art Souterrain ouvrira ses portes le 1er mars lors de la Nuit Blanche. Parmi toutes les activités proposées, avez-vous des coups de cœur ?
F. L. : Tout dépend de ce que l’on recherche. Il y a des activités pour un public amateur, qui est déjà habitué aux lieux de diffusion d’art contemporain. Ce public recherche souvent des visites dans des ateliers et va vouloir découvrir certaines performances. À côté de cela, il y a le public qui n’a pas de lien avec l’art contemporain et qui va apprécier les visites de découvertes lors desquelles il y a un échange et une transmission d’informations avec moins de terminologies d’art visuel.

Il a deux activités que j’adore. Tout d’abord, « Apéro Art », c’est l’idée de faire une visite en petit groupe de vingt personnes et de finir autour d’un verre de vin. L’autre activité que j’apprécie énormément, c’est « Passeport pour l’Art », qui se déroule le 15 mars. Tous les participants vont chercher des indices, des énigmes, relever des défis pendant une soirée avec pleins de prix à gagner. C’est une belle façon de montrer au public ce que l’art contemporain peut-être, sans le formaliser.

http://www.artsouterrain.com/

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