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Marta Szymkowiak : une Polonaise en Italie

Marta Szymkowiak : une Polonaise en Italie

Motivée par l’art depuis ses premières années sur les bancs d’école, Marta Szymkowiak s’est, de fil en aiguille, retrouvée en design à l’Université des Arts de Poznan, sa ville natale en Pologne. Depuis, elle a étudié à Berlin et a voyagé jusqu’à Milan, où elle a décidé de jeter l’ancre. Après avoir travaillé pour quelques boîtes de design, elle décide de faire cavalier seul. Baron s’est entretenu avec la jeune designer.

Baron : Comment t’es venue l’idée des trois produits : Manet, LdB et EMANEL ?
Marta Szymkowiak : LdB a été réalisé en collaboration avec Tommaso Rossi, un ami italien. C’est un produit ménager qui a plus à voir avec l’aspect artistique du design industriel. Il est fabriqué à partir d’objets trouvés sur la rue. C’est Tommaso qui a commencé cette conception-recyclage à très faible coût. Il n’y a eu aucun processus et aucune démarche à la base de ce projet. C’est une improvisation créatrice. Tommaso a juste pris la roue dans les ordures, devant le magasin de vélo, puis nous en avons fait une lampe.

EMANEL a été conçu avec Magdalena Karasinska. L’idée de cette tasse vient directement de la tradition polonaise du design industriel. Nous voulions célébrer et remettre au goût du jour l’un des vernis les plus utilisés de l’histoire de la décoration. Pour nous, il était important d’utiliser le matériel et la forme les plus simples.

Manet est l’un de mes premiers projets. À la base, il veut rappeler l’expérience de la nature. J’ai grandi dans un petit village polonais, en contact avec la nature. Je voulais que cette réalité transparaisse dans le projet. J’ai donc créé un siège évoquant la douce caresse de l’herbe lorsqu’on s’y étend ; une façon de combiner la nature à mon amour pour la géométrie et les formes pointues.

B. : Pourquoi Milan ?
M. S. : Plusieurs coïncidences simultanées, à mon arrivée à Milan : les gens que j’ai rencontré, l’inspiration que j’ai trouvée et le besoin de vivre de nouvelles expériences. Bien sûr, le design historique et la renommée de Milan m’ont grandement impressionnée, mais c’était plus un choix personnel que de la planification de carrière. Ça aurait pu être n’importe quelle autre ville, en fait.

B. : En quoi le design industriel de la Pologne est différent de celui de Milan ?
M. S. : Le design industriel polonais se développe maintenant très rapidement et de différentes façons. Beaucoup de jeunes designers privilégient les matériaux de base comme le bois, le métal et la laine. J’apprécie vraiment le respect manifeste dans le traitement qu’on réserve à ces matériaux. J’y vois aussi un hommage en réponse à un des besoins écologiques de la production. Beaucoup de designers cherchent l’inspiration dans le matériel perdu, d’où l’idée de prendre des meubles d’occasion et de les recycler pour créer des produits utiles et beaux.

De l’autre côté, le design italien a une très longue histoire. En Italie, les clients sont beaucoup plus instruits, au courant des tendances et prêts à apprécier la conception. Les designers peuvent faire des choses très folles, sans aucun obstacle. Ils ont également de nombreuses possibilités pour produire des pièces complexes en utilisant divers matériaux. L’industrie italienne est célèbre pour sa qualité et sa précision dans la finition. Donc, la création des designers est très avancée. Mais parfois, j’ai aussi des problèmes pour trouver la logique des idées et je manque de simplicité.

On retrouve aussi, en Italie, des marques de meubles que j’apprécie beaucoup et avec qui j’aimerais travailler.

B. : Pourquoi être pigiste au lieu de travailler dans une firme ?
M. S. : C’est maintenant le moment pour moi de travailler sur mes propres projets.

Lorsque vous travaillez dans le studio de quelqu’un d’autre, vous ne sentez pas que les projets sont les vôtres. C’est toujours le propriétaire du studio qui réalise ses propres idées. Par contre, en tant qu’employé, on en apprend beaucoup sur le processus et la relation avec les clients.

Maintenant, je veux développer mon propre chemin. Je suis en collaboration avec d’autres jeunes créatifs de différents domaines. Nous sommes sur le point de s’afficher officiellement comme une nouvelle équipe créative. Je crois que le mélange non conventionnel de différentes professions créatives aidera à changer la qualité de la relation entre nous et les clients.

B. : En tant que designer, quel est le meilleur conseil que quelqu’un t’ait donné ?
M. S. : C’était un photographe italien. Il a dit : « Vous, les jeunes, vous devez vraiment faire ce que vous voulez faire. De cette façon vous pouvez prendre le meilleur de vous-même et travailler dur pour toujours créer quelque chose de particulier et de nouveau. »

J’aime vraiment cette pensée. Ça m’aide quand quelqu’un me dit que c’est ainsi qu’on devrait procéder. Vous devez apprendre comment devenir créateur.


B. : D’autre part, quel est le meilleur conseil que donnerais à quelqu’un qui veut faire du design ?

M. S. : Il n’y a pas de chemin tout indiqué ou obligatoire, à l’école ou dans la vie, pour devenir un créateur. L’inspiration, le processus et le cheminement prennent des formes différentes pour tous et chacun.

martaszym.com

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