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«La musique indépendante est mieux servie que jamais!» – Marc-André Mongrain, cofondateur et rédacteur en chef du webzine Sors-tu.ca.

«La musique indépendante est mieux servie que jamais!» – Marc-André Mongrain, cofondateur et rédacteur en chef du webzine Sors-tu.ca.

»Consulter les archives de la chronique Dans les coulisses…

Comme beaucoup de webzines, Sors-tu.ca a d’abord été un simple blogue pour partager «et obtenir des albums gratuits» avoue en riant Marc-André Mongrain, cofondateur et rédacteur en chef. Journaliste spécialisé en musique au Voir d’Ottawa et au Droit pendant plus de sept ans, Mongrain a ensuite décidé de déménager à Montréal. «Quand je suis arrivé ici, j’ai réalisé qu’il y avait très peu de travail pour le nombre de personnes qui voulaient le faire. Ça m’a semblé logique dans ce contexte de démarrer ce projet.»

C’est avec le développeur Yannick Bélanger qu’il s’est lancé dans cette aventure en 2010. Depuis, plusieurs collaborateurs se sont joint à eux, influençant par le fait-même la ligne éditoriale. «Sors-tu.ca s’ajuste vraiment au gré des collaborations. Mais malgré tout, on garde en tête que notre but n’est pas de faire plaisir aux artistes ou aux attachés de presse. On est là pour répondre aux intérêts de notre lectorat.» Et ça marche, puisque Sors-tu.ca est devenu une publication en ligne à consulter pour tous les passionnés de culture, mais surtout de shows variés.

«L’important, c’est de rester honnête.»

La lignée éditoriale très ouverte du webzine lui permet donc de ratisser large : «On peut autant parler d’une star bien établie que d’un spectacle au Il Motore ou au Divan Orange. L’important, c’est de rester honnête.» Parce que le rédacteur en chef remarque une certaine complaisance dans la couverture de la musique indépendante : «Il y a une sorte de parti pris: comme si le fait de présenter un produit indépendant apporte une noblesse automatique. Si certains médias de masse vont l’ignorer parce que ça ne touche pas un grand public, d’autres vont lui accorder un favoritisme inapproprié…»

Pourtant, Mongrain – qui a déjà fait partie d’un band indépendant – comprend très bien le contexte dans lequel cette musique est souvent créée: «Je suis conscient des limites par rapport aux diverses ressources. Mais le résultat doit être traité sur un pied d’égalité avec les autres. La musique indépendante mérite d’être critiquée de manière aussi sévère. Surtout à la lumière de la multiplication des petits médias très pointus. Par exemple, Camuz parle de musique électro parfois très underground. Ça va chercher un public précis avec beaucoup plus de force que si Canoe en parlait. La musique indépendante est mieux servie que jamais!»

«Ça risque de tuer la créativité.»

La plus grande difficulté quand on se lance de manière indépendante? Bien sûr, Mongrain soulève les très nombreuses offres musicales : «Il y a tellement de choix… Je remarque même que certains consommateurs deviennent blasés! J’entends parfois des gens dire qu’ils ont adoré un album, mais que ça n’a pas nécessairement fait en sorte qu’ils suivent un artiste ou un groupe. Comme si le besoin de passer à un autre album, musicien, est toujours présent. J’ai l’impression que le rapport aux artistes était plus fidèle dans les années 90… Mais bon, qui sait hein?» s’exclame le journaliste en riant.

Contexte difficile pour les artistes indépendants, qui en plus de devoir donner leur 100% musicalement, doivent réussir à fidéliser un public qui a une forte tendance à constamment aller voir ailleurs… «Aujourd’hui, faire partie d’un groupe implique de passer 90% de son temps à ne pas faire de musique. Il faut gérer l’image, la promotion, le booking… Des trucs très rationnels pour un artiste! Si Jean Leloup, par exemple, avait dû gérer sa carrière de A à Z, aurait-il réussi à écrire les excellentes chansons qu’on lui connaît? Peut-être pas. À long terme, ça m’inquiète. Mine de rien, ça risque de tuer la créativité.»

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