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«Il faut surprendre, émerveiller, faire des coups d’éclats!» – Éric Dumais, fondateur et rédacteur en chef du webzine Bible urbaine

«Il faut surprendre, émerveiller, faire des coups d’éclats!» – Éric Dumais, fondateur et rédacteur en chef du webzine Bible urbaine

»Consulter les archives de la chronique Dans les coulisses…

C’est dans un sympathique bar de quartier que j’ai rencontré Éric Dumais, fondateur et rédacteur en chef du webzine Bible urbaine. Aujourd’hui impliqué à 100% dans le développement de son site, le journaliste culturel est tout d’abord allé chercher de l’expérience chez Bang Bang, Nightlife.ca et autres, ce qui lui confère une vision aiguisée envers la culture en général, mais aussi l’industrie de la musique indépendante.

Depuis sa création en 2010, Bible urbaine a vu son nombre de collaborateurs monter en flèche. «Au début, j’étais seul. J’y allais de deux à trois articles par semaine. Très vite, j’ai vu que j’avais envie d’aller presque partout et que je n’avais vraiment pas assez de temps. Aujourd’hui, on est 35 pour assurer la couverture!» Et ça paraît : presque quotidiennement, on peut lire critiques, entrevues et nouvelles sur la littérature, le théâtre, la danse, le cinéma et bien sûr, la musique.

«On y va par intérêt, point.»

Ce qu’il a de spécial ce webzine? Il n’a pas de lignée de couverture hermétique. « On veut donner la chance à tout le monde. Si on trouve ça bon, peu importe si l’artiste provient de la scène locale, émergente ou s’il est plus connu. » D’horizons divers (professeurs, écrivains, étudiants, animateurs radios, etc), les journalistes de Bible urbaine apportent tous un point de vue différent au webzine.Cette façon de gérer la ligne éditoriale amène conséquemment des possibilités presque infinies. «Parmi la tonne de communiqués qu’on reçoit, on y va par intérêt, point. Si je reçois par exemple le dernier album d’Éric Lapointe, je peux me douter que les médias plus traditionnels vont s’en occuper. Mais si je trippe sur le dernier album d’un artiste bien établi, je vais en parler!»

Est-ce qu’un effort est fait pour donner son lot de couverture à la scène locale, indépendante, émergente… Bref, plus marginale? «J’essaie vraiment de ne pas tomber dans le ‘‘à tout prix’’. Par contre, j’accorde une attention particulière aux artistes qui envoient des courriels un peu tout croche, sans la fameuse touche ‘‘relationniste’’. Mine de rien, j’ai fait de maudites belles découvertes comme ça!»

«Il y a définitivement place à l’amélioration.»

Dumais est catégorique : les médias traditionnels sont loin d’accorder l’attention nécessaire aux artistes indépendants. «C’est assez moyen! C’est à se demander quel message ils veulent passer. Il y a définitivement place à l’amélioration. » Pourtant, le rédacteur en chef voit une lueur d’espoir. «Le Voir a réussi, selon moi, à devenir un modèle de couverture plus large. On parle du mainstream oui, mais il n’y a aucune peur à aller vers la scène indépendante et émergente.»

Et la pullulation de blogues et webzines culturels, justement, c’est positif ou négatif? «Ça donne de la visibilité aux artistes qui en ont besoin oui, mais est-ce que c’est fait avec qualité? Pas nécessairement. Un blogueur obscur qui bourre ses textes de fautes ne va pas chercher une belle crédibilité. Il y a un désir de couvrir la scène plus underground, mais ce n’est pas toujours fait avec brio.» Par contre, Dumais est convaincu que les sites de qualité auront la chance de jouer dans la cour des grands dans quelques années. «C’est la nouvelle vague critique. Tôt ou tard, il va falloir redéfinir le métier. Et déjà, les questionnements sont plus forts que jamais face aux mutations actuelles.»

«Vends-toi!»

Dans ce contexte, quelle est laplus grande difficulté pour un artiste indépendant? «Être seul». Parce qu’aujourd’hui, ça ne suffit plus d’être talentueux. «C’est bien beau de faire de la bonne musique, mais il faut savoir aller la porter ailleurs. Vends-toi, bref! En ce sens, un projet comme donnetamusique.com de Marc-André Laporte peut aider à aller chercher les outils nécessaires.» Mais surtout, le journaliste insiste sur l’importance de sortir de l’ordinaire. «Il faut surprendre, émerveiller, faire des coups d’éclats! C’est en se faisant remarquer que l’artiste peut espérer être découvert par un blogue, un webzine ou une radio étudiante. Par la suite, tout peut aller en pente ascendante.»

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