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Le coworking: Un pour tous, tous pour un

Le coworking: Un pour tous, tous pour un

Telle est la devise des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas.  Un leitmotiv qui décrit bien un nouveau genre d’initiative entrepreunariale en vogue chez nos voisins du sud.  En effet, le phénomène du « coworking » (– c’est à dire le regroupement de travailleurs autonomes et de petites entreprises dans un espace de travail partagé – est en plein essor aux États-Unis, étant passé de 40 espaces de « coworking » en 2008 à maintenant près de 800 offres de services.  Née à San Francisco en 2005, l’idée à l’origine de l’espace de travail communautaire est de permettre aux travailleurs indépendants de ne pas rester isolés chez eux et de pouvoir trouver, en ce lieu et à travers ce réseau, un espace de socialisation propre à l’esprit d’entreprise.  Selon les pionniers du mouvement, il s’agit d’une réinvention de l’espace de travail «pour le 22e siècle».  Cette façon de faire est une conséquence directe de la nouvelle structure du marché du travail propre au pays de l’Oncle Sam : la « freelance nation » ou nation des pigistes.  Aux États-Unis seulement, plus de 15 millions de travailleurs se disent autonomes.

À New York, on compte au moins trois initiatives du genre bien établies.  Leur fonctionnement n’est pas sans rappeler celui des clubs privés, véritable caricature de la vie économique américaine. Tout membre de ces espaces de travail et de collaboration aura droit à un accès internet sans-fil, à un espace de travail légèrement supérieur à celui qu’on retrouve dans les bibliothèques universitaires ainsi qu’à un ensemble d’espaces où il lui sera possible de socialiser autant par le travail que dans les moments de détente.

Déjà, différents espaces se déclinent en différentes gammes et sous différents prix.  D’abord, pour 500 $/mois ou 35 $/jour, Grind vous offre tous ces services, mais dépêchez-vous, car la liste d’attente peut-être longue.  Ensuite, Fueled Collective, situé dans le célèbre Prince Building du quartier SoHo, vous propose sensiblement le même panier de services à 650 $/mois pour un minimum de trois mois d’abonnement.  Finalement, NeueHouse, un nouveau joueur, tente de se positionner comme l’alternative nouveau riche du « coworking ».  En effet, ses espaces se vendent 600 $/mois pour la « galerie », un espace au luxe impressionnant qui vous offre tous les avantages de cet environnement de travail nouveau genre.  NeueHouse se démarque aussi par ses « ateliers », des espaces réservés pour des groupes pouvant aller jusqu’à quatre personnes, ainsi que par ses « studios » pouvant accueillir jusqu’à 10 collègues.  Le confort ayant un prix, ces espaces privés et offerts sur mesure selon les besoins spécifiques de l’entreprise se louent 4 000 $ par mois.

Le résultat final est un espace d’échange et de coopération entre travailleurs autonomes et petites entreprises en plein coeur de Manhattan.  Fueled Collective affirme ainsi vouloir réunir des gens qui ne se seraient intuitivement pas approchés, mais qui sont finalement la pièce manquante de leur expansion respective.

Et les résultats ?

Pour beaucoup de travailleurs autonomes, le choix de convertir sa maison en bureau ou son bureau en maison s’avère souvent difficile à faire.  En ce sens, travailler à la maison impose aussi des contraintes aux proches.  Finalement, les initiatives de « coworking » tentent de conjuguer cette nouvelle réalité du travail autonome avec une volonté de séparer les sphères domestiques et productives.

Certains choisissent les cafés, mais ces derniers ont pour désavantage de ne pas fournir certains services comme l’Internet de façon optimale.  Cependant, la possibilité de rencontres qu’offrent les cafés est non négligeable et constitue un autre avantage des espaces de travail partagés.

Rural/Urbain

Alors que cette initiative se démarque comme une tendance urbaine du côté de la grosse pomme, c’est l’inverse du côté nord de la frontière.  Au Québec, ce type d’environnement de travail existe aussi, mais plutôt hors des grands centres urbains.  La ville qui se démarque le plus chez nous est… Shawinigan !  La Mauricie s’est inspirée de ce modèle de développement d’entreprises dans l’élaboration de son plan de relance économique.

Le Centre d’entrepreunariat Shawinigan est un modèle unique, mais à l’instar de ses homologues américains, la Mauricie a décidé d’accompagner ses entrepreneurs dans leur croissance.  L’initiative québécoise est en fait un incubateur d’entreprises aménagé dans l’ancienne usine de textile Wabasso.

Austérité et questionnements

C’est en Europe que l’on trouve maintenant le plus d’espaces de travail partagés, avec près de 760 points de services. C’est plus particulièrement en Allemagne qu’il s’en est créé le plus, puisqu’elle en compte 167 à elle seule. Le développement de ce modèle dans les autres pays européens demeure soutenu, avec une progression annuelle de 97 %.  On voit de plus en plus naître des espaces de travail communautaires en Afrique et en Amérique latine.  C’est le secteur des technologies, du logiciel et du web qui contribue en grande partie à la croissance du ce phénomène.  Par ailleurs, il faut ajouter que l’avènement même du « coworking » et sa croissance phénoménale remettent en question le modèle de l’entreprise tel qu’on l’a connu jusqu’à maintenant.

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