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La SHED : l’architecture est à la porte d’à côté

La SHED : l’architecture est à la porte d’à côté

La nuit est déjà tombée sur la rue Rachel. Déserte et tranquille, les lumières de toutes les vitrines sont déjà éteintes. Sauf au numéro 68, coté est: autour d’une grande table où se côtoient pêle-mêle rouleaux de papier et ordinateurs portables, les cerveaux sont en marchent jusque dans les petites heures de la nuit.

Il s’agit du studio la SHED architecture. Fondé par trois architectes associés, Renée Mailhot, Yannick Laurin et Sébastien Parent, le studio se veut à l’image d’une nouvelle relation à l’architecture, une relation où faire appel à un architecte ne serait pas plus étrange que de faire appel à un webmestre. Une relation où concevoir un lieu de vie à son image ne relèverait ni du luxe, ni de l’utopie.

«Les gens ne sont pas familiers avec le langage architectural, me confie Sébastien. On a envie de leur dire que leur maison peut être belle, et qu’on peut allier l’esthétique au fonctionnel pour rendre l’espace vivant. Ça ne sert à rien d’avoir un espace tellement froid qu’il faille le surcharger de décoration pour l’habiller, alors qu’un escalier, par exemple, peut devenir un élément sculptural en soi.»

Ouverture, lumière et alignement sont à la base des projets réalisés par le studio. Couronnée d’un succès d’estime dès la maison Demers, le deuxième projet des trois architectes, la SHED a depuis été mise en lumière par nombre de revues spécialisées. Mais si l’équipe est aujourd’hui formée de six employés, toutes les décisions sont comme au premier jour «soumises au conseil», autour de cette même grande table.

«On n’a pas voulu se donner de rôles, nous dit Renée. Tout le monde ici est capable de tout faire: de la gestion comme de la création. Ensemble, on va tellement plus loin! Les idées les moins fortes sont élimées au profit des plus créatives.» Et si la synergie de l’équipe se sent dans la ligne directrice des projets, elle se sent aussi dans la conviction que l’architecture peut se faire différemment. Que d’avoir pignon sur rue ou que d’être présent sur le chantier du début à la fin d’une réalisation est primordial pour rendre l’architecture résidentielle accessible, et créer une vraie complicité avec les particuliers qui choisissent de voir leur cadre de vie inventé, ou réinventé.

La SHED se désole par ailleurs qu’il n’y ait au Québec qu’une faible valeur accordée à la création en architecture. «Dans les projets publiques, déplore Yannick, il n’y a pas de processus de concours. Les choix sont basés sur le plus bas soumissionnaire. On veut du pas cher et du beau, sans vraiment voir la qualité architecturale.»

Même désarroi face à la sempiternelle présence du «faux vieux», maisons-châteaux et autres projets architecturalement insipides qui continuent de fleurir en banlieues comme en ville. «Non seulement le contemporain n’est pas snob, m’explique Renée, mais c’est surtout beaucoup plus authentique que ces maisons qui sont construites avec des techniques dépassées!»

Forts de leur succès mais proches de valeurs fortes, les associés conseillent aux architectes qui veulent démarrer leur entreprise de ne reculer devant aucun projet, même les plus petits, même les projets de type «cuisine IKEA». Car si une certaine éducation reste à faire du côté des clients, les architectes se doivent aussi de descendre, c’est le cas de le dire, d’un piédestal où il serait facile de rester perché. Pour entrer à la SHED, il ne suffit d’ailleurs que de gravir une toute petite marche; une petite marche qui dit tout.

La SHED architecture

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