Close
Rita Studio et En Masse derrière le nouvel espace pour enfants au MBAM

Rita Studio et En Masse derrière le nouvel espace pour enfants au MBAM

S’il manquait un espace pour les enfants dans les musées d’art de la métropole, le Musée des Beaux-Arts de Montréal a su trouver une solution, en inaugurant, en septembre, ses nouveaux Studios Art & Éducation Michel de la Chenelière. L’endroit, conçu pour les écoles et les familles, accueille des expositions et des studios de création, dans une ambiance créée de toute pièce par des concepteurs québécois.

De fait, l’espace, dont la superficie a presque doublé pour atteindre 1500 m2, regroupe désormais sept studios-ateliers (soit quatre de plus qu’auparavant) ainsi qu’un espace d’exposition, une salle de lunch, un vestiaire pour les groupes scolaires et un tout nouveau Lounge des familles, où le musée propose, chaque fin de semaine, plusieurs activités.

Parmi les concepteurs qui ont travaillé sur le projet, j’ai parlé à Projet En Masse et à Rita Studio, qui m’ont expliqué leur démarche.

Fred Caron, codirecteur Projet En Masse

Vous avez déjà travaillé pour le MBAM. Cette fois-ci, quel était votre mandat?

Lors de notre premier passage au Musée dans le cadre de l’exposition Big Bang, nous n’avions pas de mandat précis autre qu’il fallait en mettre plein la vue. Comme nous avions la plus grande salle, notre intention était de remplir l’espace et de créer un sentiment d’immersion chez le spectateur.

Pour la nouvelle Zone Éducative, le mandat, les demandes et les paramètres étaient totalement différents. Nous devions aider à créer un environnement facilitant l’apprentissage, l’échange et les relations entre le Musée des Beaux-Arts et les nouvelles générations. Le but n’était pas de saturer les murs, mais plutôt de venir peupler et prendre possession des nouveaux espaces.

Comment avez-vous abordé le projet?

Comme pour la plupart des projets En Masse, nous avons grandement été influencés par l’espace et son architecture. Aucune esquisse ni croquis de la composition finale n’a été réalisé, un des mandats premier d’EM étant de laisser place à une conversation graphique improvisée et spontanée. D’une section à l’autre nous avons donc abordé le projet de différentes façons. Pour le  rez-de-chaussée, les artistes ont pris d’assaut les murs, mais aussi le plafond, créant ainsi des illusions de perspective en plus de créer un sentiment d’immersion lors de l’entrée dans la Zone Éducative. Les illustrations explosent par la suite dans la cage d’escalier, prenant totalement possession des murs et du plafond, un peu comme ce que nous avions réalisé pour l’Espace Go. Une fois au sous-sol, l’idée était plutôt de venir peupler les murs et le plafond à des endroits clés sans saturer complètement l’espace, pour favoriser l’apprentissage et la création plutôt que la contemplation. Même chose pour l’intervention dans les studios et le corridor.

Quelles ont été vos inspirations?

Pour chacun des artistes, c’est totalement différent et je ne peux certainement pas parler pour chacun d’entre eux. Mais nous leur avions demandé de garder un esprit festif et enfantin sans toutefois sous-estimer la grandeur et l’ouverture d’esprit des enfants et des adolescents.  Des personnages mis dans des situations loufoques, des dinosaures, des astronautes, des dragons, beaucoup d’animaux, des fantômes, des bateaux, des avions et plein d’autres éléments qui proviennent des souvenirs d’enfance de chacun des artistes sont venus s’installer un à un sur les murs et les plafonds. Et je crois que de voir toutes ces mémoires individuelles évoluer et cohabiter est devenu en soi une source d’inspiration pour les artistes, qui se sont efforcés de créer une oeuvre qui, on le souhaite, inspirera les générations suivantes.

De quelle façon le fait de travailler pour un public familial a influencé votre travail?

Avec la volonté de laisser une trace dans le temps et dans l’imaginaire collectif, certaines références au monde plus «adulte» ont été mises de côté, pour faire place à une imagerie évoquant plus le coeur d’enfant de chacun des artistes. Nous souhaitons que les familles prennent maintenant possession de la Zone Éducative et qu’ils y reviennent aussi souvent que possible. Que les enfants deviennent adolescents en ayant le goût de venir au musée comme ils ont envie d’aller au cinéma.

De quelle façon votre travail au MBAM s’inscrit dans la démarche de Projet En Masse?

Avec les Studios Art & et Éducation Michel De la Chenelière, le MBAM s’est donné les outils pour aller rejoindre un plus grand public. Depuis ses débuts, En Masse a la volonté d’amener l’art vers le public pour ainsi encourager le public à aller vers l’art. Je crois que cette démarche de démocratisation est le fil conducteur de la volonté pédagogique de chacun des projets, aussi bien au MBAM qu’au sein du Projet En Masse.

Vous êtes un collectif et plusieurs personnes ont travaillé sur le projet. Comment le travail se divise-t-il entre les différents artistes? Comment faites-vous pour travailler ensemble sur un projet de ce type?

Il faut clarifier qu’En Masse n’est pas un collectif, mais plutôt une initiative artistique. Malgré un noyau d’artistes clés qui changent selon les disponibilités et les intérêts de chacun des artistes participants, En Masse se donne comme mission de toujours inviter de nouveaux artistes à prendre part aux différents projets. C’est ce qui nous permet de faire des connexions dans différentes villes en Amérique du Nord ainsi qu’ailleurs dans le monde, Tokyo et Tel-Aviv par exemple. Le but ultime n’étant pas de faire rayonner le nom d’En Masse mais plutôt de servir de pont et permettre aux artistes de créer leurs propres liens, façonner une communauté, et qui sait, peut-être même mettre sur pied différents collectifs.

Je dirais que l’harmonie lorsqu’on travaille tous ensemble est tout à fait organique et naturelle. Comme le projet repose sur l’improvisation, la communication et la spontanéité, il n’y a pas nécessairement d’indications claires sur le rôle de chacun. Les artistes imposent leur propre rythme au départ pour ensuite s’ajuster un à l’autre au fur et à mesure que l’oeuvre se complète et que les espaces vides se font rares. À partir de là, les artistes doivent encore plus communiquer les uns avec les autres pour assurer une certaine cohésion entre leurs différentes interventions, en ajoutant, en modifiant et même, parfois, en altérant certains passages, toujours dans le but d’unifier l’oeuvre.

Stéphane Halmaï-Voisard, Rita Studio

Quel était votre mandat?

Le mandat était de créer le mobilier de la partie « lounge » des Studios Art & Éducation Michel de la Chenelière. (Le mobilier a été construit par Périphère. NDLR)

Comment avez-vous abordé le projet? Quelles ont été vos inspirations?

La singularité d’un projet est étroitement liée au contexte donné, et c’est à l’intérieur de ce dernier que nous puisons notre inspiration. Dans le cas qui nous intéresse, nos thèmes étaient : éducation, familial, confort, musée, art.

Vous mentionnez que le côté « familial » faisait partie de vos inspirations. De quelle façon le fait de travailler pour ce public cible a influencé votre conception?

Le choix des formes rondes et oblongues cherche à donner au mobilier une allure sympathique et accueillante. D’un point de vue plus pratique, l’idée était aussi de réduire au maximum les aspérités dangereuses pour les jeunes enfants de 7 à 77 ans.

De quelle façon votre travail au MBAM s’inscrit dans la démarche de Rita?

Nous cherchons à toucher les gens dans ce qu’ils ont en commun à travers un fonctionnalisme ludique. Nos projets sont souvent empreints d’humour et font sourire

Close
0