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Karmen Mantha: l’artiste derrière le pire shirt du monde

Karmen Mantha: l’artiste derrière le pire shirt du monde

Karmen dessine et bricole, non-stop, depuis qu’elle est toute petite. Après avoir complété un DEC en cinéma au Cégep de Saint-Laurent et un baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, elle a fondé, aux côtés de ses amis Louis Bouvier, Gregory Brunet, Kathey Thibault et Alexis Coutu Marion, l’atelier Sauce à Part. Le local, situé sur la rue Moreau dans Hochelaga, leur permet de pratiquer, entre autres, le dessin, la sérigraphie et la peinture. Ils l’ont construit ensemble, de A à Z, à l’aide de plusieurs «2X4». On y trouve des plantes et aussi des divans qui permettent à ses occupants de procrastiner, de se reposer ou de «frencher»  (mais jamais entre eux).

Bien que Karmen ait touché à différents médiums, le dessin reste SON truc. En effet, ces dernières années, elle a publié des fanzines, petites histoires illustrées, qu’elle vend dans des salons d’art et de littérature underground. Son livre Tout est interrelié, paru aux éditions du pigeon, a d’ailleurs été nommé au Gala Expozine, en 2008, sous la catégorie «meilleur livre francophone». Toutefois, lorsque l’on croise Karmen dans un évènement, que ce soit au Salon Nouveau Genre à Québec ou au Souk@ Sat à Montréal, ce ne sont pas ses publications que l’on remarque en premier, mais bien ses t-shirts (ou ses yeux bleus c’est selon).

En effet, depuis 2008, Mantha mène le projet « le pire shirt du monde». En s’inspirant de graffitis et de propos vus et entendus dans Hochelaga ou ailleurs, elle dessine des phrases et des animaux directement sur des t-shirts. Certains messages font sourire, par exemple : «Ya rien qui est pire que toute» et «L’important c’est ça qui comte» alors que d’autres peuvent être plus choquants : «Si on fourre, j’te paye la pizz», par exemple. Côté dessins, les «shirts» présentent, entre autres, des têtes de tigres, des chats, des chauves-souris, des crevettes, des pélicans et des requins. À ceux qui pourraient voir dans sa démarche quelque chose d’ «hipster», Karmen répond qu’elle a toujours été fascinée par les animaux et que c’est en feuilletant la collection de National Geographic et d’encyclopédies de son père qu’elle a développé, petite, un amour pour les bêtes.

En ce qui concerne ses influences, Mantha admire l’artiste anglais David Shrigley «pour sa singularité bizarre», parce qu’il a un «trait ultra naïf et brut» et parce qu’il incorpore la textualité à son travail. Elle a aussi beaucoup de respect pour les dessins de Marcel Dzama, qu’elle trouve «brillants, bizarres et touchants». La rumeur voulant qu’il colore ces derniers avec de la root beer et du Dr Pepper les rendent d’autant plus intéressants. Plus près de nous, elle cite Bobo Boutin qui, selon elle, est un génie ainsi que son ami Louis Bouvier, «une machine à dessiner».

Bien que le pire shirt du monde soit relativement lucratif, Karmen préfère le voir comme un projet parmi d’autres plutôt que comme une entreprise. Elle admet avoir beaucoup plus de plaisir à créer qu’à jouer à l’entrepreneure. En ce sens, Mantha prête aussi son talent à certains groupes de la scène musicale montréalaise. Elle a, entre autres, réalisé une affiche pour Avec pas d’casque, des t-shirts pour les Vulgaires Machins et les pochettes de disques du groupe Speed Massacre. Enfin, elle partage son temps entre l’atelier, les plateaux de cinéma et la Rockette où elle travaille comme barmaid. On pourra la voir les 17 et 18 novembre au salon Expozine de Montréal mais, en attendant, on vous invite à visiter www.lepireshirtdumonde.com

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