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Entrevue avec Itamar Rabinovich – Le cercle sans fin : Israël-Palestine

Entrevue avec Itamar Rabinovich – Le cercle sans fin : Israël-Palestine

Comment des ennemis mortels peuvent-ils vivre en paix et partager une terre biblique où pour l’un, il est question d’une mission divine et quant à l’autre, un sentiment d’avoir été volé persiste? The Lingering Conflict Israel, the Arabs, and the Middle East, 1948-2011, le nouveau livre d’Itamar Rabinovich, ancien négociateur en chef pour Israël et professeur émérite de l’histoire du Moyen-Orient de l’Université de Tel Aviv, nous donne accès au processus de paix de 1992-96 et fait l’analyse de l’état actuel du conflit et de l’instabilité politique du printemps arabe. Proposant un nouveau regard, Rabinovich, nous amène à comprendre l’implication géopolitique en profondeur et les acteurs jouant avec leurs propres agendas. Il n’y a pas de solution facile ou magique au conflit israélo-palestinien, et son processus de paix ne sera peut être jamais implanté de notre vivant, mais nous souhaitons encore une fin heureuse. Entrevue.

Y a-t-il un moyen d’arrêter ou au moins de ralentir ce conflit persistant?
À l’heure actuelle, il est peu probable de voir surgir une reprise à part entière du processus de paix. Tant que la crise syrienne se poursuit et que l’avenir du régime ou de la nature de son successeur ne seront pas clairs, il ne pourra pas y avoir de négociation israélo-syrien. Il y a également très peu de chance qu’une relance immédiate d’une négociation israélo-palestinienne nous mène à un accord final. Mais il est possible d’essayer de négocier un accord intérimaire israélo-palestinien ou de convenir d’une formule d’ «unilatéralisme coordonné».

Voyez-vous dans le printemps arabe un mécanisme de la paix possible pour Israël?
Le printemps arabe peut avoir un impact positif à long terme sur les relations arabo-israéliennes. Il est dans l’intérêt d’Israël, à long terme, d’être entouré par des voisins démocratiques et de conclure des accords de paix susceptibles d’être durables avec ceux-ci. Mais à court terme, les relations arabo-israéliennes pourraient être déstabilisées par les méandres de la politique révolutionnaire. La rhétorique négative des Frères musulmans qui dispose désormais d’un grand nombre de sièges dans le nouveau parlement égyptien est un bon exemple.

Y a-t-il, à votre avis, une réelle volonté de trouver une solution ou est-ce trop tard?
Il n’est pas trop tard pour réaliser une paix israélo-arabe, plus précisément israélo-palestinienne. Le potentiel d’une entente existe toujours, mais il est enterré sous les réalités actuelles. Nous avons besoin d’un changement dans les conditions et d’une nouvelle vision du leadership, afin d’apporter un tel potentiel à la surface.

Qui, dans le côté israélien et palestinien pourrait apporter de tels changements? Et comment?
Du côté israélien de la question, ce n’est pas tant le leader individuel, mais la nature de la coalition parlementaire qui est en cause. La prochaine élection pourrait apporter une coalition plus modérée. Du côté palestinien, je ne sais pas si Abou Mazen est psychologiquement prêt à faire les concessions qui sont une condition sine qua non d’un accord.

Que peut apporter l’administration Obama à la table?
Barack Obama et les États-Unis sont encore la meilleure option de facilitateur des négociations israélo-arabes. Mais ceci n’est pas susceptible de se transformer en politique avant les élections présidentielles américaines de novembre.

The Lingering Conflict Israel, the Arabs, and the Middle East, 1948-2011 [Brookings Institution Press]

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