Par Nelson Roberge
Le travail d’illustrateur de Benoit Tardif l’amène à travailler les images comme des œuvres complémentaires. Celles-ci sont rarement personnelles mais résument plutôt une idée : il s’agit de représenter des mots en images plutôt que de créer une œuvre autonome. Par contre avec l’utilisation de la sérigraphie, il laisse place à formes de créativité et offre une vie secondaire à ces images qui parlent d’elles-mêmes. Tardif utilise des aplats de couleurs, très peu de tons différents dans chacune de ses sérigraphies et y minimalise les figures et les actions. Cela génère des scènes singulières au rendu naïf, mais qui traitent souvent de préoccupations masculines et sociales. Il adapte ici quelques illustrations qui seront publiées.
Bio
Benoit Tardif est illustrateur et a étudié en graphisme au Cégep Ahuntsic (2005). Depuis 2006, il collabore avec les Éditions de Ta Mère. Il en est le directeur artistique et le copropriétaire depuis 2010. Il a ainsi réalisé plus d’une dizaine de couvertures de livres, deux ouvrages illustrés ainsi que plusieurs outils promotionnels. Il a aussi collaboré avec des magazines et des compagnies théâtrales. En 2011, il a remporté le prix Lux pour la couverture du livre Ceci n’est pas une histoire de dragon et apparaît dans les « staff picks » du concours Breaktrough de l’agence Richard Solomon.
Expliquez-nous votre démarche artistique.
Je suis avant tout illustrateur, il m’arrive rarement de créer des images personelles. Mon travail est d’abord de résumer en images des idées ou des textes.
Mon oeuvre est directement influencée par le médium de la sérigraphie. Je travaille avec des applats et très peu de couleur. J’aime utiliser des formes simples avec une économie de détail ce qui me permet de communiquer un message précis. L’humour et l’ironie font souvent partie de mes illustrations.
Parlez-nous des œuvres présentées dans l’exposition.
Je présente six sérigraphies. Certaines sont des adaptations de travail qui a été et qui sera publié dans des magazines, livres… J’ai créé des affiches sérigraphiées à partir des images, qui à mes yeux, représentaient le mieux mon travail.
La sérigraphie me permet de rendre mes œuvres vivantes, ça donne de nouvelles dimensions à mes images. Avec ce médium, je peux de vendre mes œuvres à des prix très accessibles, ce qui est important pour moi.
Quels sont les sujets qui vous préoccupent le plus, et pourquoi?
Il y a beaucoup de thèmes récurants dans mes illustrations. L’identité masculine est très certainement le sujet avec lequel j’ai le plus travaillé. La majorité de mes illustrations personnelles touchent de près ou de loin à ce sujet. Beaucoup des personnages que je dessine ont une barbe, une moustache ou du poil sur le chest. J’aime travailler avec ce type de clichés. Je crois qu’en tant que jeune mâle cela me permet d’analyser le sujet en détails pour mieux comprendre d’où je viens et qui je suis.
Comment vous positionnez-vous dans le milieu de l’art actuel montréalais? Sentez-vous appartenir à un certain mouvement, à votre époque, à votre ville?
Je consomme beaucoup d’art montréalais. C’est une ville où l’on peut trouver toutes les formes d’arts. Par contre, il est difficile pour moi d’appartenir à une scène en particulier, car que je fais très peu d’exposition.
Les illustrateurs qui m’influencent le plus ont pratiqué dans les années 50-60, mais je ne suis pas insensible à ce qui se fait actuellement, au contraire. Je crois qu’on peut reconnaître des similitudes si on compare mon travail avec celui de d’autres illustrateurs de ma génération.
Comment voyez-vous votre travail artistique, qu’est-ce que « être artiste » signifie pour vous?
Un artiste, pour moi, c’est quelqu’un qui nous fait voir un sujet d’un angle unique, qui a quelque chose de nouveau à dire. Je crois que pour y arriver, il faut trouver un moyen pour que l’œuvre reflète en totalité la personnalité de l’artiste. C’est l’approche que je privilégie par rapport à ce que je créer.
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