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Pishier: Je m’appelle Pierre.

Pishier: Je m’appelle Pierre.

Il illustre à chaque semaine la chronique de René Vézina dans le journal Les Affaires et il est un bon exemple de l’artiste «underground» qui réussit à vivre de son art sans trop de contrainte. Pishier (à prononcer « Pis, Hier? » et non pas « Pishié ») habite la ville de Québec et aime bien se lever à 5h30-6h pour faire ce qu’il aime le plus, illustrer.

Qui es-tu?
Je travaille sous le nom de Pis Hier, mais tout le monde prononce Pishier. Donc, je suis maintenant Pishier, illustrateur.

Pourquoi Pis Hier?
C’est un mauvais jeu de mots avec mon nom. Dans le genre: «Pis hier, comment a été ta soirée?». Je crois qu’il y a trois illustrateurs qui s’appellent Girard. Pierre, Pascal et Philippe Girard. Et comme ça mêle tout le monde, je devais avoir un autre nom. C’est ma marque.

Depuis combien de temps es-tu illustrateur?
J’ai terminé l’école en 2001. Je dirais que je vis vraiment de l’illustration depuis 2007.

Est-ce que tu te rappelles du moment où tu t’es dit qu’illustrer était ce que tu voulais faire dans la vie?
Oui, en 96 au mois d’août. J’ai vu une illustration de Gary Baseman, un illustrateur américain. C’est ce qui m’a donné le goût.

Quelle était cette illustration?
C’était comme une sérigraphie d’une tête coupée… Je trouvais ça beau. Mais, ce n’est pas arrivé d’un coup. J’ai d’abord étudié en céramique et en poterie. Mais ça n’a pas fonctionné. J’ai découvert que je détestais la terre.

Détester la terre?
L’argile! Pas la terre entière! Ensuite, je suis allé étudier en graphisme à Laval, en communication graphique. J’ai développé davantage l’illustration là-bas.

À quel moment t’es-tu lancé dans le domaine? Quant as-tu pu te dire que tu avais assez de clients pour ne faire que ça?
Ça représente beaucoup de travail. Je suis arrivé à Québec en 1996. À partir de ce moment-là, j’ai exposé plusieurs de mes toiles un peu partout. J’ai été très actif dans le monde des artistes qui exposent. Ça a préparé un peu le terrain.

Est-ce que le métier d’illustrateur est très compétitif?
C’est sûr qu’il y a de la compétition. Mais ce n’est pas agressif. Il y a beaucoup d’illustrateurs, mais ils ne sont pas tous membres de AIQ (Association des illustrateurs du Québec). Je crois qu’il y a 320 membres ou quelque chose comme ça. Moi, j’en fais partie. Il y a toutes sortes de moyens de promotion qu’ils ont développés, comme le bottin des illustrateurs, le portail de leur site internet, qui nous donne une section qui nous permet de mettre à jour nos réalisations, ils organisent aussi des soirées de porte folio. Et chacun de leur côté, les illustrateurs font également leur propre promotion…

Comment réussis-tu à faire ta place? Ce ne sont pas tous les illustrateurs du bottin qui réussissent à vivre de leur art?
Il y a beaucoup de bons illustrateurs. Plusieurs travaillent dans le milieu des jeux vidéo. Il y a un bon marché qui s’est développé ici à Québec. Je te dirais qu’il y a une bonne partie de ces illustrateurs qui travaillent dans ces boîtes-là.

Tes contrats à toi se trouvent plutôt dans l’édition imprimée?
Moi, je me concentre en effet dans l’imprimé, les livres pour enfants et le milieu scolaire aussi. Je travaille beaucoup dans le milieu éditorial et je travaille beaucoup pour le journal Les Affaires. À chaque semaine, j’illustre la chronique de René Vézina. J’aime bien les illustrations économiques.

Parviens-tu à trouver un équilibre malgré le fait que tu te retrouves la plupart du temps chez toi? Tu y travailles, puis tu y vis…
Il faut savoir gérer. J’arrive à bien travailler chez moi. J’aime bien ça. Je me lève vers 5h30-6h et je commence le boulot. J’aime bien travailler. J’aime tellement ça, l’illustration.

Qu’est-ce que tu conseillerais à quelqu’un qui veut se lancer en illustration, par rapport à ton expérience? Et par rapport à tes embûches?
C’est important de rencontrer des embûches lorsque l’on démarre une carrière, parce que tu sais où ne plus aller par la suite.

As-tu fais beaucoup de prospection? À part exposer, comment faisais-tu pour trouver des clients?
Oui, j’ai beaucoup fait ça! Appeler des clients, ça marche. Il faut aller les rencontrer. J’ai travaillé pendant un an comme illustrateur pour Le Soleil. J’ai eu l’emploi parce que les ai appelés. Il faut se faire voir, il faut que les clients sachent que tu existes. Souvent, ils n’ont pas le temps de fouiller sur Internet. Il faut avoir un porte folio bien rempli. Les clients aiment beaucoup voir les projets conçus en dehors des projets d’école. Ils veulent savoir si tu es capable de t’impliquer ailleurs.

As-tu eu un mentor ou un modèle lorsque tu as voulu te lancer?
Lorsque je suis sorti de l’école, il y a eu Jeunes Volontaires qui m’a un peu aidé. Il y a eu Gaston Côté de Paquebot Design, un très bon graphiste, avec qui j’ai gardé contact.

Tu as donc dû avoir un « job » pour pouvoir développer ton art à côté?
J’ai travaillé en jeux vidéo. C’est un milieu très éphémère pour les illustrateurs. Tu peux rentrer une journée et le lendemain tu n’a plus de « job » et tu n’es pas averti, ce qui m’es arrivé à un moment donné. C’est très « yo-yo » comme vie. Tu n’as pas de stabilité. Je me suis tanné de ça puis j’ai trouvé un client, puis un autre… et ça a commencé ainsi.

Avec Pierre Bouchard, un autre illustrateur de Québec, on a parti le Fanzine Bidon. À travers ça, on a fait participer au-delà d’une centaine d’illustrateurs en quatre ans d’existence. On a aussi fait beaucoup de choses avec la scène musicale « underground ». Le Fanzine Bidon à été un élément qui m’a beaucoup aidé dans ma carrière.

pishier.blogspot.com

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