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Les artisants du verre sous la loup

Les artisants du verre sous la loup

La chaleur est presque étouffante dans l’atelier de verre soufflé. Une demi-douzaine d’étudiants enroule du verre en fusion autour d’un long tuyau, d’une « canne », avant de souffler et de marteler leurs boules gluantes. Leurs mouvements à la fois habiles et prudents, leurs regards concentrés traduisent une volonté indispensable pour traverser le verre pilé semé sur le chemin de leur passionnant métier.

Du traditionnel presse-papier à la boule de Noël en verre soufflé, le verre artistique se fait de plus en plus présent dans nos foyers. Cela ne veut pas dire que sa science en devient moins complexe. « Le verre semble malléable mais il a ses propres contraintes; il faut apprendre à être patient, à connaître ses caractéristiques physiques et chimiques. Et par-dessus tout, Il faut être créatif », indique Christian Poulin, le directeur général de l’Espace Verre.

L’Espace Verre est l’une des trois écoles canadiennes qui forment des artistes verriers, qui bien souvent deviennent travailleurs autonomes après leur graduation. Le programme collégial de trois ans, qui se donne conjointement avec le cégep du Vieux-Montréal, accueille une quinzaine d’élèves par année depuis 1989.
Cependant, la technique du verre ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Selon David Frigon, jeune homme à mi-chemin entre ses études collégiales et une formation autodidacte de verrier, « trois ans, ce n’est pas assez pour être un professionnel du verre ».

M. Frigon a étudié pendant deux ans à l’Espace Verre. Il a ensuite décidé de prendre une pause de quelques années pour finir ses cours de base au cégep et surtout, pour se perfectionner en verre soufflé, sa technique de verre préférée.
En travaillant le verre six jours par semaine chez des artisans du domaine, il espère se faire la main pour pouvoir démarrer son entreprise en verre soufflé juste après l’Espace Verre. « J’ai déjà quelques produits prêts à être vendus, et je suis déjà en train de dessiner des prototypes. J’aimerais me lancer dans l’industrie de la pièce unique, mais pour débuter, je sais que je n’ai pas le choix de commencer à faire de la petite production. » Le jeune homme prévoit investir ses premiers gains dans la production de pièces uniques.

Tessons à l’horizon
La partie n’est pourtant pas gagnée d’avance. Le travail du verre demande des besoins physiques et techniques importants, et rares sont les artisans qui possèdent un atelier. « C’est un métier onéreux, explique Christian Poulin. L’énergie, la matière première, le temps que l’on passe à faire des prototypes font de la verrerie artistique un métier qui nécessite beaucoup de moyens. » C’est dans cette optique que l’Espace Verre a créé le programme Fusion, qui permet aux verriers fraichement diplômés d’utiliser une partie de leur atelier à un prix moindre, et ce pendant deux ans.

De plus, l’une des principales difficultés des artistes verriers est la mise en marché et la distribution du produit. « En tant qu’artiste autonome, on fait tout nous-mêmes : la production, le design, la comptabilité, la distribution…  Ce n’est pas de tout repos, mais quand on se lance dans l’aventure du verre, c’est parce qu’on est passionné », dit Catherine Benoit, artisane du verre soufflé depuis 2002.

La tâche peut être particulièrement ardue pour ceux qui débutent dans le domaine. « Le hic quand tu travailles pour d’autres, c’est que tu n’as pas le temps d’aller vendre tes produits dans les boutiques. Ta production s’accumule parce que tu ne prends pas le temps d’aller contacter galeries et boutiques. Ça devient un cercle vicieux », explique David Frigon.

Malgré tout, le milieu des verriers est solidaire. Le nombre infime de verriers ainsi que l’atelier de l’Espace Verre – qui rassemble parfois les étudiants et les professionnels côte à côte – permet des rapprochements aisés. De plus, l’argument d’acheter local commence à porter ses fruits, constate Catherine Benoit lorsqu’elle expose au Salon des métiers d’arts. «Les gens croient dans le métier d’art et dans l’investissement du fait main québécois. Des produits d’ici par des gens d’ici, c’est là-dessus qu’il faut miser ! », s’exclame-t-elle.


Conseils pour les apprentis-verriers :

– Persévérer ; s’investir le plus possible dans sa passion
– Innover, sortir des sentiers battus
– Travailler le design des pièces avant de les créer.
espaceverre.qc.ca

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