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Les vins du Québec dans la mire

Les vins du Québec dans la mire

Les vins québécois, mauvais ? Le mythe est dépassé. Les vins de chez nous gagnent du terrain sur les tablettes de la SAQ et  la viticulture québécoise ne demande qu’à être développée. L’année dernière, nos vins ont remporté plus de 40 prix d’excellence.

Il y a 10 ans, on pouvait acheter du vin québécois dans 60 magasins de la SAQ.  Désormais, presque tous les magasins en vendent. Il faut dire que les vignobles québécois n’ont jamais joué avec autant de raisins ; « Il y a 10 ans, on n’était pas prêt à vendre » explique Charles-Henri de Coussergues, président de l’Association des vignerons du Québec.

Mais contrairement à la plupart des provinces canadiennes, le Québec n’aide pas à la distribution de ses vins du terroir. Le Québec a produit 1,5 millions de bouteilles en 2009, alors que 185 millions de bouteilles de vins étrangers ont été vendues par la SAQ la même année. Bref, une goutte de vin dans un océan de bouteilles.

Selon les vignerons interrogés par Baron, le principal problème de la distribution est la majoration (soit la taxe) apportée à chaque bouteille de vin de la SAQ.  Les bouteilles québécoises sont majorées autant que leurs rivales internationales, même si elles sont issues d’une industrie encore marginale. Les vignerons revendiquent une taxation équitable : « Si on veut sortir de la marginalité, il faut lui donner un coup de pouce à cette industrie, lui faire une place de quelques pourcents de plus », plaide M. de Coussergues, lui-même propriétaire du vignoble de l’Orpailleur. De plus, baisser la majoration rendrait la vente de produits locaux plus avantageuse pour les vignerons.

C’est ce que la LCBO (Liquor Control Board of Ontario) a fait pour ses produits viticoles, il y a une vingtaine d’années ; en baissant la majoration de ses produits locaux pendant un certain nombre d’années, la province a permis d’augmenter leurs ventes et même d’attirer les petits vignobles dans les magasins de la LCBO. Aujourd’hui, environ 40% des vins vendus chez nos voisins ontariens proviennent de leur terroir.

Pour M. de Coussergues, la plupart des vignerons québécois se contentent de leurs recettes et de leur situation. Selon lui, le Québec a même un avantage par rapport aux vins étrangers quant à sa taille ; la viticulture québécoise, peu industrielle, permet une promotion locale et plus riche. « On a la chance d’être dans la province sur place et notre promotion, c’est d’accueillir les gens à la propriété. C’est la chance qu’on a en comparaison aux vins étrangers vendus à la SAQ» dit Charles-Henri de Coussergues.

Un avenir rosé

Bien que le vin de chez nous n’a pas toujours eu bonne réputation, les choses ont beaucoup changé depuis le début de la viticulture québécoise. Les vignerons ont appris à faire avec le microclimat du Québec, ont acquis du bagage. De plus, ils attirent de plus en plus de sommeliers. «C’est récent que les gens fassent la route des vins d’ici, découvrent nos vignobles» dit Linda Bouchard, conseillère en service à la clientèle à la SAQ. «C’est dans cette optique qu’un projet pilote a été lancé en mai dernier [celui de mettre en place une section Vins et Cidres du Québec dans 170 magasins de la SAQ], pour donner plus de visibilité aux produits d’ici.»

Non seulement la viticulture est créatrice d’emplois, mais elle est également en pleine expansion et s’inscrit dans une tendance à acheter des produits locaux, selon M. de Coussergues, qui croit qu’il est dans l’intérêt du Québec que d’encourager ses produits viticoles. « On voit arriver des pomiculteurs qui veulent faire du cidre, des producteurs de sirop d’érable qui veulent faire de l’alcool d’érable, des gens qui font du miel qui veulent faire de l’hydromel… » L’aventure de la viticulture au Québec ne fait donc que commencer.

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