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Festival HTMlles: un secret (de moins en moins) bien gardé qui débute ce soir

Festival HTMlles: un secret (de moins en moins) bien gardé qui débute ce soir

La vidéo conférence qu’a donnée Edward Snowden hier à l’Université McGill hier, les révélations de surveillance des communications de différents journalistes par deux corps policiers québécois (jusqu’à maintenant) sorties dans les médias cette semaine: l’actualité pouvait difficilement mieux mettre la table pour la thématique Conditions de confidentialité de la douzième édition des HTMlles.

Pour explorer cette thématique sensible et pourtant universelle, la biennale «HTMlles invite ainsi des artistes, des universitaires et des technologues à s’intéresser de façon créative au concept de confidentialité tout comme à imaginer et imager les “conditions d’utilisation” d’une confidentialité tant individuelle que collective qui sont requises afin de résister aux anciennes et nouvelles formes de marginalisation et d’oppression.»

Événement phare du Studio XX, un centre d’artistes féministe dédié aux nouvelles technologies qui souligne ses vingt ans d’existence cette année, les HTMlles permettent d’aborder de manière intensive certaines problématiques par le biais de performances d’artistes, de conférences et d’expositions disséminées à travers la ville. Pour la coordonnatrice aux communications Martine Frossard, la mission du festival va de pair avec celle du studio: «Autant pour les valeurs féministes que pour les nouvelles technologies, c’est sans cesse: depuis vingt ans ça évolue constamment, donc la réflexion continue à chaque année.»

À la création du Studio XX en 1996, si les besoins avaient davantage à voir avec familiariser les femmes avec les nouvelles technologies et les aider à prendre leur place au niveau de l’utilisation, «les objectifs ont changé», admet Mme Frossard. «Reste qu’il a quand même une place à faire malgré tout, y a toujours un clivage qui existe, donc notre raison d’être existe toujours.»

Témoin d’un regain d’intérêt pour le féminisme dans l’espace public, le festival a connu pour cette édition un nombre de propositions plus imposant qu’à l’habitude, dont une forte proportion provient de l’international. «Je pense que le mandat féministe interpelle de plus en plus de monde en ce moment, donc on dirait que ça [ne] fait que monter davantage.»

Des initiatives comme celle de l’émission La Sphère, à Radio-Canada, qui se consacre à la technologie, où les intervenants sont à part égales hommes et femmes, sont saluées par Martine Frossard: «ils nous aident beaucoup parce qu’ils en parlent énormément [de la place des femmes].» À la rencontre de deux milieux qui sont parfois perçus comme hermétiques, autant la technologie que le féminisme, le Studio XX apprécie particulièrement les voix qui viennent faire résonner leur discours: «Nous, ça fait 20 ans qu’on en parle, mais là on dirait qu’on a de plus en plus de voix pour en parler, donc ça aide beaucoup.»

Une programmation sous le signe de la variété et de l’activisme

Les quatre jours de programmation de HTMlles s’annoncent variés. Ce soir, la fête d’ouverture au 4001 Berri accueillera un vernissage au Studio XX, des performances à Oboro, des projections vidéo d’une dizaine d’artistes sur les questions de surveillance, de création de mythes, la cartographie, le public/privé chez GIV, ainsi qu’une prestation musicale électro-industrielle et un photobooth.

Dans nos coups de coeur de la programmation, notons la conférence Déconstruction de l’internet, cet après-midi, qui comme son titre l’indique, décortiquera la géopolitique de la toile, la physicalité du réseau, les fournisseurs et la confidentialité. L’exposition CTRL + [JE]: Intimité, extimité et contrôle à l’ère de la surexposition du soi, dont les oeuvres seront exposées jusqu’au 24 novembre, risque également d’amener son lot de questionnements pertinents. De son côté, Martine Frossard nous invite à découvrir l’artiste Amalia Ulman, «qui est un peu notre big star du festival» grâce à sa performance sur son compte instagram en 2014, appelée Excellences & Perfections, où elle a berné un nombre croissant d’abonnés avec une fausse vie qui questionnait notre représentation de la féminité et qui l’a amenée à exposer au Tate Museum de Londres. Elle participera à l’exposition CTRL + [JE], en plus de présenter The Annals of Private History, «une œuvre sur l’introspection» à travers un regard sur les journaux intiimes. À l’exception de la soirée d’ouverture, toutes les activités proposées dans le cadre du festival sont gratuites.

Pour cette édition des HTMlles qui débute, Martine Frossard souhaite que les festivaliers et festivalières prennent le temps de se questionner sur des choses que l’on prend pour acquis. «Conditions de confidentialité, à la fois c’est vraiment d’actualité mais en même temps, ça remet en question le système en place et c’est justement, dans l’idée de remettre les gens en question, les pousser à s’interroger.»

La réflexion est lancée et se poursuit jusqu’au 6 novembre.

HTMlles: Conditions de confidentialité

du 3 au 6 novembre

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