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Julie Duguay, céramiste-designer

Julie Duguay, céramiste-designer

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

Julie Duguay, céramiste-designer. Après un parcours scientifique au cégep qui me destinait à des études universitaires en médecine, j’ai effectué un virage à 180 degrés vers un métier qui me permettrait de combiner mon esprit cartésien et artistique, je me suis donc inscrite au baccalauréat en design industriel de l’Université de Montréal. 

J’ai travaillé comme designer une dizaine d’années pour ensuite entreprendre ma formation de céramiste au centre de céramique Bonsecours, dans le Vieux-Montréal.

Votre emploi actuel?

Je me définis comme céramiste-designer parce que je possède les deux formations et que selon moi l’un ne va pas sans l’autre lorsque l’on conçoit des pièces utilitaires en céramique. J’enseigne aussi le moulage et le tournage de l’argile.

Dans quelle ville?

Dans plusieurs quartiers de Montréal: j’enseigne dans le Vieux-Montréal et dans Hochelaga-Maisonneuve, puis j’ai mon atelier dans Rosemont à la bordure du Plateau Mont-Royal, où j’habite depuis plusieurs années.

Un mot pour définir quel type de travailleuse vous êtes ?

Je suis polyvalente et curieuse. Je crois que pour survivre en exerçant un métier artistique, il faut avoir plusieurs cordes à son arc. Il ne faut pas hésiter à aller chercher des formations et des stages de perfectionnement pour apprendre de nouvelles techniques et ainsi stimuler sa pratique.

Quels outils sont essentiels à votre vie (app, logiciel)?

Ah… les outils! Je trippe sur les outils. Mon père possédait une quincaillerie et j’y ai passé mes étés à partir de l’âge de 12 ans. Scies, marteaux, tourne-vis, etc. J’ai grandi avec ça. J’en utilise dans l’atelier, avec beaucoup d’outils manuels utiles pour la céramique. Cependant les outils essentiels restent mes mains (!), une perceuse électrique, le four céramique et le tour de potier. 

À quoi ressemble votre espace de bureau?

Mon espace d’atelier possède beaucoup de tablettes de rangement et une grande table de travail. Une zone pour travailler le plâtre et une pour l’argile. Je partage un grand atelier avec 6 autres collègues céramistes, ce qui nous permet de mettre les plus gros équipements en commun (les fours et une galetteuse, par exemple). J’aime avoir de l’espace pour travailler, les plafonds de l’atelier sont hauts et il y a une belle lumière naturelle qui inonde le local.

Qu’écoutez-vous comme musique en travaillant? 

Comme l’atelier est partagé, nous écoutons principalement la radio (Ici Musique de Radio-Canada, car on n’y retrouve pas trop de pubs) et certaines préfèrent leurs écouteurs. Moi je peux travailler avec ou sans musique selon la tâche. Mon conjoint est chroniqueur musical pour le blog culturel « Les Méconnus », alors je suis habituée d’entendre plein de nouveautés, j’aime autant découvrir les « playlists » de mes collègues que les classiques de la chanson francophone que nous offre la radio.

Avez-vous une façon d’organiser vos journées pour optimiser votre travail?

Lorsque je n’enseigne pas la céramique, je consacre ce temps à mon travail personnel dans mon atelier. Je débute mes journées en répondant à mes courriels à la maison (mon téléphone me permettant essentiellement de répondre brièvement aux autres courriels plus urgents durant la journée). J’adore que mon atelier soit situé près de mon domicile, je m’y rends généralement à pied ou à vélo, c’est ma gymnastique douce… J’essaie d’arriver vers 10 heures le matin, je ne suis pas très matinale mais si j’arrive plus tard ma séquence de production sera un peu différente. Deux gestes importants: me préparer un café (je suis accro à ce breuvage) ensuite enfiler du « linge mou » et mon tablier, ainsi je n’aurai pas peur de salir. Généralement j’effectue la fabrication des pièces par coulage avant le dîner que je prendrai sur place, car nous avons aménagé un petit coin détente où il est agréable de manger et d’échanger entre collègues. Ensuite, je consacre l’après-midi à la finition, l’émaillage et la préparation de l’enfournement, puis je termine par le ménage de mon espace, un incontournable lorsque l’on travaille l’argile.

Quels trucs donneriez-vous pour améliorer la productivité?

Pour améliorer ma productivité et pour m’encourager, j’essaie de me faire des listes hebdomadaires plutôt que quotidiennes. L’argile est une matière vivante et capricieuse, il faut parfois être flexible car on n’arrive pas toujours à accomplir toutes les étapes dans une seule journée, donc vaut mieux répartir sur une semaine (mais j’ai toujours tendance à vouloir en faire plus!).

Vous êtes meilleures que vos collègues de travail pour:

Je suis une spécialiste du moulage (c’est d’ailleurs la discipline que j’enseigne dans le cadre du DEC en métiers d’art, option céramique). Ce qui implique le travail du plâtre, donc je suis à l’aise dans ce domaine. Par contre, l’argile est une matière merveilleuse qui permet à chacune de l’exploiter selon son propre langage créatif. Je me trouve privilégiée d’être entourée de mes collègues d’atelier, c’est stimulant pour moi et j’admire le travail des unes et des autres, nous avons chacune nos forces.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

Que le talent n’existe pas. L’art c’est du travail, de la sueur et de la persévérance. C’est une citation du défunt chanteur Jacques Brel, que mon premier patron (lui aussi d’origine belge) m’avait photocopiée. Ça fait vingt ans que je traîne cette photocopie et que je l’affiche dans chacun de mes lieux de travail.

Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?

Pour sauver du temps lorsqu’on utilise de l’argile, il faut travailler sur ses pièces au bon moment, vérifier qu’elles ne soient ni trop sèches ni trop humides; selon la tâche à accomplir, là est le secret. J’essaie aussi de garder ma concentration en limitant la jasette avec mes collègues et en ne consultant mon Facebook qu’à l’heure du lunch!

Quelle est votre routine de fin et de début de journée?

En début de journée, on vérifie la liste des choses à faire et on attaque la besogne à accomplir. En fin de journée, c’est le ménage. Ça peut se comparer au travail en cuisine de restaurant, il faut que tout soit bien propre et les outils remis à leur place. La poussière d’argile n’est pas bonne à respirer et si je veux garder mes poumons en santé et pratiquer ce merveilleux métier encore longtemps, je n’ai pas le choix de le faire quotidiennement.

Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez-vous pas vous passer?

On n’a pas vraiment de gadget en céramique, mais j’ai un petit couteau tout bête (genre petit couteau à patates) que j’affectionne particulièrement, je réussis à faire mille et une choses avec ce petit outil qui est usé juste comme il faut. 

Pour la communication entre mes collègues d’atelier et moi, c’est notre groupe « secret » Facebook, c’est très utile pour échanger toutes les informations concernant la vie d’atelier, car elles possèdent toutes un horaire bien chargé – comme le mien!

Julie Duguay, céramiste 

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